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vendredi, avril 26, 2024

Tribune. La lettre émouvante de l’épouse du détenu politique Lazhar Zouaimia

Je suis Fatima Benzerara, conjointe de Lazhar Zouaimia. Nous sommes une famille canadienne d’origine algérienne et nous vivons au Québec depuis 18 ans.

Lazhar, mon mari, était récemment en visite en Algérie pour se ressourcer auprès de sa famille. Samedi dernier, 19 février 2022, alors qu’il s’apprêtait à prendre son vol de Constantine vers Montréal (via Alger) pour rentrer chez lui au Canada, il a été arrêté, puis emmené par des agents en civil dans les locaux des services de sécurité de Constantine, sans ordonnance judiciaire et sans accusation claire.

Malgré le caractère incompréhensible de cette arrestation, ma famille et moi-même avons fait le choix d’agir avec calme et discrétion, en chargeant un avocat du barreau de Constantine de s’informer sur les raisons de cette décision arbitraire. Bien que privée de la possibilité de communiquer directement avec mon époux, les nouvelles, qui me sont parvenues par l’intermédiaire de ma belle-famille, disent qu’il n’a pas subi de brutalités.
Après quatre (4) jours d’attente et d’espoir, la terrible nouvelle est tombée : Lazhar a été formellement inculpé et incarcéré dans une prison de Constantine !

Les accusations qui ont été retenues contre lui sont d’une gravité qui dépasse l’entendement. Elles n’ont absolument aucun fondement. Il s’agit soit d’une erreur tragique, soit d’un mensonge éhonté, fruit d’une machination destinée à cibler un citoyen jaloux de sa liberté et connu pour son patriotisme, son humanisme et sa probité intellectuelle.

Je suis enseignante de mathématiques et Lazhar est Technicien expert à Hydro-Québec, l’un des fleurons de l’industrie québécoise. Par notre travail et nos sacrifices, nous avons construit une vie paisible et honorable. Malgré l’indicible malheur qui nous a frappés ces derniers mois, suite à la perte de notre fils Mehdi, décédé tragiquement à l’âge de 21 ans, il y a une quinzaine de mois, nous nous sommes efforcés de rester dignes et de continuer d’avancer dans la vie. D’ailleurs, si Lazhar était au pays en cette période, c’était aussi pour inaugurer la fontaine d’utilité publique construite dans sa ville natale pour honorer la mémoire de notre enfant.

Je jure devant Dieu et devant les hommes que mon mari, Lazhar Zouaimia, n’a commis aucun acte répréhensible, qu’il n’est affilié à aucune organisation politique et que ses engagements militants se résument à la participation, comme l’ont fait des milliers d’Algérien(ne)s résidant au Canada, à des rassemblements pacifiques et à l’expression d’opinions en faveur d’un changement démocratique et sans violence en Algérie.

Aujourd’hui, je demande à mes ami(e)s, collègues, voisin(e)s, compatriotes du Québec de toutes origines et confessions, qui nous connaissent, de prendre la parole pour attester des qualités de probité morale et intellectuelle de Lazhar, de son esprit de responsabilité et de son indéfectible attachement aux valeurs de progrès, de démocratie, de solidarité et de pacifisme !

Je vous demande de témoigner, dans la forme qui vous conviendra, afin que vos voix citoyennes s’élèvent et traversent l’océan pour disqualifier les odieuses accusations dont on veut accabler mon conjoint.

Sachez-le, ma fille et moi-même sommes sous le choc. Votre soutien nous sera d’une grande aide !

Malgré l’angoisse qui m’étreint, je continue d’espérer un sursaut d’honneur des magistrats algériens dont la mission est de défendre et de protéger la justice. Mais, mes espoirs se portent aussi et surtout sur le gouvernement canadien dont j’attends qu’il intervienne rapidement, avec toute l’autorité et la crédibilité dont il dispose, pour stopper l’abus dont Lazhar est victime et pour faire en sorte qu’il rentre au plus vite à la maison.

Que toutes celles et tous ceux qui nous manifestent de la solidarité et de l’empathie trouvent ici l’expression de mon immense gratitude et de celle des miens. Qu’ils sachent que je m’efforcerai, dans cette malheureuse affaire, de faire en sorte que ma voix ait la place qui lui revient de droit. À ce titre, je déclare solennellement que je ne cautionnerai aucune action ou propos qui viserait à dénaturer la conduite de mon époux ou l’essence de ses engagements. Je me réserverai le droit, à chaque fois que nécessaire, de réfuter et de me démarquer de toute tentative politicienne visant à exploiter la légitime volonté de dénoncer l’arbitraire pour se faire du capital politique ou pour promouvoir des idées ou des objectifs contraires aux convictions de mon époux.

Montréal, le 23 février 2022, Fatima Benzerara.

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2 تعليقات

  1. A toute heure, on peut décréter qu’une personne est un terroriste !
    Puisque même les avocats et les journalistes ne sont pas épargnés !
    Après avoir réduit au silence le Hirak d’Algérie, c’est via cette forme
    d’arbitraire que sera étouffé aussi, le Hirak de l’étranger !
    Quand la dictature se met à table, c’est pour dévoiler son appétit d’ogre !
    Mais, gare ! Aux yeux plus grands que le ventre, qui mèneront droit leurs
    auteurs à l’indigestion et au ras-le-bol les affamés !