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samedi, avril 27, 2024

Transition politique : les Soudanais ont-ils réussi là où les Algériens ont échoué ?

L’expérience soudanaise devrait inspirer les Algériennes et les Algériens en quête de changement politique pacifique dans leur pays. Après plusieurs de jours manifestations, de répression meurtrière, la rue soudanaise a pu renverser les rapports de force avec l’institution militaire de son pays la contraignant ainsi à restituer au pouvoir civil. Les soudanais ont réussi là où les Algériens ont échoué. Explications. 

Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, déchu lors d’un coup d’État militaire le 25 octobre, a été rétabli dans ses fonctions par la même junte militaire qui l’avait écarté un mois plus tôt. La scène est historique : le général Abdel Fattah al-Burhane, l’homme fort de l’institution militaire soudanaise, s’est résolu à redonner le pouvoir  Premier ministre Abdallah Hamdok  lors de la signature de l’accord permettant le retour d’Abdallah Hamdok au pouvoir, le 21 novembre dernier.  Un retour au pouvoir qui n’a pas calmé pour autant la colère populaire qui exige davantage de « démilitarisation » du régime de son pays. De nouvelles manifestations se déroulent toujours dans les rues de Khartoum, la capitale soudanaise.

Mais personne ne peut nier que la rue soudanaise a gagné une première bataille : obliger la puissante armée à accepter un compromis pour partager le pouvoir avec les civils. La rue soudanaise ne s’arrête pas-là et ne veut pas de la moindre implication des militaires dans la prise décision au sommet de l’Etat soudanais. C’est pour cette raison qu’elle ne veut pas se contenter de cet accord qui marque un léger recul de l’institution militaire.

En souvenir des manifestations sévèrement réprimées qui ont fait 41 morts et des centaines de blessés depuis le 25 octobre dernier, les manifestants soudanais veulent poursuivre le combat pour l’établissement d’un régime entièrement civil et émanant de la volonté populaire. Le courage du peuple soudanais est une véritable leçon de lucidité au moment où dans d’autres pays, comme l’Algérie, des pans entiers de la société algérienne sont tétanisés par la peur et la terreur que leur inspire le pouvoir militaire. Contrairement aux Algériens, les soudanais ont refusé de déserter la rue et d’accepter le diktat de l’armée malgré les morts et les « martyrs » assassinés lors de manifestations purement pacifiques.

La rue soudanaise ne veut pas se contenter d’avoir une façade civile qui serait manipulée par un Etat profond militaire. C’est pour cette raison que depuis plusieurs jours Hamdok, devenu après sa nomination en 2019 le visage civil de la transition soudanaise, est sous le feu des critiques depuis son accord avec le général Burhane, chef de l’armée et auteur du coup d’Etat.

Douze ministres sur 17 issus du bloc réclamant un pouvoir uniquement civil ont démissionné lundi, rejetant la stratégie de dialogue avec l’armée. Si M. Hamdok est parvenu à obtenir la libération d’une poignée de politiciens, de son propre aveu des dizaines d’autres sont toujours en détention.

Pour les fins connaisseurs de la situation soudanaise, cette colère populaire ne peut pas occulter une première victoire contre l’institution militaire car ils les manifestants pacifiques, aidés par les pressions de la communauté internationale condamnant sévèrement les militaires, le Soudan commence à sortir de l’impasse dans laquelle les militaires l’avaient mis. Désormais, ces militaires veulent diriger le pays en sous-main après échoué à s’approprier directement du pouvoir civil.

« Il faut bien dire que les militaires n’avaient pas forcément pensé aux conséquences et aux suites qu’ils allaient donner à leur putsch. Ils ne savaient plus quoi faire. Pour eux, c’est une très bonne issue », a décrypté à ce propos dans une déclaration faite à France 24 Roland Marchal, chercheur au Centre d’études internationales de Sciences Po, spécialiste de la Corne de l’Afrique. Selon cet analyse, ce partenariat entre civils et militaires permet aussi et surtout au Soudan d’entrevoir le retour du soutien de la communauté internationale, qui avait fermement condamné le putsch.

Pour rappel, les autorités de transition, dont le gouvernement de M. Hamdok, avaient été mises en place au Soudan en 2019 après la chute du régime du général Omar el-Béchir mis à l’écart par l’armée sous la pression de la rue.  Le nouvel accord signé avec les autorités militaires donne « une date claire pour les élections », les premières libres du pays depuis plus de 30 ans, en juillet 2023.

Le Soudan n’a pas encore réussi totalement sa transition démocratique. C’est un fait. Mais la résistance héroïque du peuple soudanais, la solidité de l’opposition, la structuration de la société civile et son unité autour d’une seule idée du changement, à savoir l’édification d’un Etat Civil, ont permis aux soudanais d’engranger de précieux points car le Soudan est devenu l’un des rares pays arabes où les militaires ne peuvent passer en force comme ils le souhaitent. Ils sont obligés de négocier, de pourparler et de signer des compromis.

Les grandes mobilisations qui prennent place actuellement au Soudan montrent que la classe ouvrière, les femmes et la jeunesse ne font pas confiance aux militaires qui feraient semblant de vouloir rétablir une supposée démocratie pour servir leurs intérêts. C’est cette dynamique populaire qui a fait défaut à l’Algérie et qui a abouti, malheureusement, à la défaite du Hirak, défaite momentanée peut-être mais défaite tout de même, face au pouvoir algérien essentiellement militaire.

La grande leçon soudanaise est que les marches comme seul moyen de protestation ne suffisent pas pour faire plier un régime militaire. Les membres de l’Association des Professionnels Soudanais (APS), principale organisation regroupant plusieurs secteurs de la classe ouvrière du pays sont entrés dans la bataille contre le coup d’Etat militaire en appelant  à des grèves générales  et les manifestants se sont organisés dans des Comités de résistance des quartiers, exigent que les militaires se retirent complètement du gouvernement. Un mouvement de contestation bien structuré et des pressions de la communauté internationale peuvent apporter un espoir de changement dans un pays dirigé d’une main fer par les militaires. C’est ce que les Algériens doivent, peut-être, apprendre de l’actuelle expérience soudanaise.

 

 

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8 تعليقات

  1. Oui, tous les « Hommes intègres algériens qui comptent » sont frustrés de voir des ploucs endimanchés étrangler le pays au profit des flatteurs qui les manipulent. Ils voient partir la crème de leurs jeunes et de leurs intellectuels sans bouger
    un petit doigt. Le retour de boomerang est pour bientôt pour les oppresseurs insensés !

  2. @dzman
    je pense qu’il ne sait pas ce qu’il fait.
    il a les pieds et les mains liés à Hammouchi et Mansouri et il fait ce qu’on lui demande de faire.
    faut pas chercher à lui donner plus d’importance que ça. C’est un passe-plat.
    ce n’est pas lui (ni sa rédaction) qui écrit les articles. Il en est incapable.

  3. Quelle réussite!!!! Un coup d’état chaque mois, c’est une vraie réussite. Zemmar aussi réussi bien dans sa vie en sortant, dans son TORCHON d’AP, 5 articles bidons par jour, contre l’Algérie, dictés par ses maitres et pour lesquels il touche quelques Euros. Zemmar avait baissé le froc devant Tahkout et maintenant ce sont les marochiens et les Français qui en font leur pute