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vendredi, avril 26, 2024

Révélations – Azzedine Mihoubi, parcours de l’homme recherché par l’Armée.

Azzedine Mihoubi s’apprête à briguer, le 12 décembre 2019, le poste de Président de la République algérienne. Beaucoup se demandent qui est réellement celui qui a été écrivain, poète, secrétaire d’Etat, Ministre, Député, Président d’associations et d’unions et rédacteur en chef de plusieurs journaux ? Voilà son parcours sans complaisance.

Le candidat aux présidentielles du mois de décembre 2019 est né le 1er janvier 1959 à Aïn Khadra dans l’actuelle wilaya de M’Sila. Après une scolarité à Tazeghat, un village de Barika et à Tazoult et Batna ou il obtiendra son baccalauréat-option Lettres.

Il poursuit en 1979 une licence en littérature et arts plastiques qu’il va interrompre la même année.

Mihoubi, intègre alors l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) où il fait partie de la promotion 1984, section administration générale.

Entre 1986 à 1990, il est chef de bureau régional (Sétif) du journal El Chaab puis rédacteur en chef de ce même quotidien de 1990 à 1992.

Il va alors se lancer dans l’édition et créer en 1992 l’« Echo des stades », un journal dédié au football qu’il abandonnera en 1996 après une faillite.

Après cet échec, Mihoubi est désigné à la tête du service de l’Information à la Télévision algérienne, qu’il quitte pour entamer une carrière politique.

A cette époque, l’armée, qui détenait le pouvoir politique depuis le coup d’Etat du 11 janvier 1992 avait organisé des élections nationales pour assurer une légitimité au régime en créant le Rassemblement National Démocratique (RND) en 1997.

C’est tout naturellement avec Hamraoui Habib Chawki, ancien ministre de l’Information et Mohamed Helloub, animateur d’un talk-show de l’ENTV, qu’Azzedine Mihoubi est  »conseillé » de rejoindre les rangs des alliés de Liamine Zeroual.

Azzedine Mihoubi

Les services de renseignements de l’Armée vont l’accepter parmi les membres fondateurs du RND et il siégera en 1997 à la direction de ce parti dont le premier Président, Abdelhak Benahmouda avait été assassiné.

Traditionnellement allié au FLN, le RND avait également pour fondateur, celui qui est devenu chef de l’État par intérim : Abdelkader Bensalah…

Député du RND de 1997 à 2002 à l’Assemblée Populaire Nationale, Azzedine Mihoubi prendra la tête de ce parti le 20 Juillet 2109, succédant à Ahmed Ouyahia emprisonné.

Mihoubi, est également connu comme poète et écrivain, auteur d’œuvres dramatiques et théâtrales. Il aura produit plus de quarante publications qui lui ont valu des prix des et récompenses de par le monde.

Il sera parallèlement élu à la fonction de président de l’Union des écrivains algériens en 1998, puis réélu en décembre 2001 jusqu’en 2005.

De 2003 à 2006, il devient président de l’Union Générale des Hommes de Lettres Arabes, tout en étant en parallèle, membre du Conseil exécutif de la fondation culturelle koweitienne « Al Babitin » et ce de 2000 à 2007.

Après avoir formé en 2005 l’alliance présidentielle avec le FLN et le MSP, le RND obtient le poste de la Direction Générale de l’ENRS, la Radio algérienne, en remplacement de Zouaoui Benamadi. Le poste stratégique pour le pouvoir est confié à Azzedine Mihoubi le 17 juin 2006. Il est toujours dans les bons papiers de l’Armée.

Et c’est pour pour le remercier de sa fidélité qu’il est alors promu Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre Ouyahia chargé de la Communication le 15 novembre 2008, remplaçant ainsi Abderrachid Boukerzaza sur le départ, parce que Bouteflika, dit-on, était mécontent des points de presse tenus par ce dernier. On lui aurait alors proposé une personne plus docile et plus soumise pour prendre la tête de cette nouvelle mission…

La même année Mihoubi obtient le poste de président de l’Union Générale des Ecrivains Arabes.

Toujours fidèle au pouvoir, il va animer en 2008 à Bruxelles, avec Abdelhamid Si Affif, député et président de la Commission de contrôle et d’évaluation du FLN, et Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, un meeting en soutien à la candidature de…Bouteflika.

Il faut dire qu’il faisait déjà partie de la Commission nationale chargée de l’organisation de l’élection présidentielle algérienne de 2009, présidée par Ahmed Ouyahia, avec la participation d’Abdelaziz Belkhadem, Noureddine Yazid Zerhouni l’ex Ministre de l’intérieur, Bouguerra Soltani, Mourad Medelci, Tayeb Belaiz, Abdelmalek Guenaizia ou encore Amar Tou…

En mai 2010, le nouveau gouvernement Ahmed Ouyahia est formé, Azzedine Mihoubi quitte son poste à la Communication pour être, le 14 décembre 2010, désigné Directeur Général de la Bibliothèque Nationale.

La bibliothèque principale de lecture publique dans la ville de Hamla à Batna, en coordination avec la direction locale de la culture, allait célébrer le parcours du Moudjahid Mohamed Derradji, élève d’Ibn Badis et grand-père de…Azzedine Mihoubi. Pourquoi ne pas tourner les projecteurs vers soi en détournant l’image d’Ibn Badis ?

Des vers d’Ibn Badis sur l’indépendance de l’Algérie sont bien déclamés par le Ministre de l’Intérieur actuel, Salaheddine Dahmoune, dans l’enceinte même du parlement algérien alors qu’il venait de traiter les algériens opposés à la présidentielle de pervers et d’homosexuels ! Rien de plus normal de la part de la  »Badissiya Novembariya »…

Début 2013, Mihoubi remplace le nouveau président de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) Larbi Ould Khelifa à la présidence du Haut conseil de la Langue arabe, et ce jusqu’en 2015. Cette fois il rejoint l’équipe du Premier Ministre Abdelmalek Sellal, emprisonné lui aussi à El Harrach, pour être nommé Ministre de la Culture, poste qu’il va garder jusqu’au  1er Avril 2019.

Comme l’a déjà publié Algeriepart, Le Ministre de la Culture Azzedine Mihoubi a accumulé durant sa carrière de bien sulfureuses affaires, mais a toujours réussi à échapper miraculeusement à des poursuites judiciaires.

De par sa part de responsabilités dans la tragique affaire du concert de Soolking, l’abus de fonction dans les contrats signés, l’octroi de véhicules de l’ONDA à sa fille, actes de népotisme… Epargné !

En Avril 2019, le quotidien Liberté rapportait que la CMA (Corporation des musiciens algériens) dénonçait le non-paiement de plusieurs artistes qui avaient pris part à des éditions du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes.

Le 13 avril 2019, l’interprète de musique arabo-andalouse, Nisrine Ghenim écrivait sur sa page Facebook :

Le quotidien El Khabar avait, pour sa part, rapporté que 9 Milliards de centimes avaient été offerts à travers L’Office national des droits d’auteurs et droits voisins (ONDA, sous tutelle du Ministère de la Culture, à l’ex-ministre française de François Hollande et productrice de cinéma Yamina Benguigui pour réaliser son film intitulé  »Sœur ».

Qu’en serait-il si Mihoubi était désigné Président de la République avec un pouvoir plus important, favoriserait-il des étrangers au détriment d’artistes algériens et algériennes ?

Se servirait-il de sa position pour se servir dans comme le démontrent les documents ci-après ?

Si la question se pose aujourd’hui c’est parce que Mihoubi, premier à déposer son dossier de candidature à l’Autorité Nationale Indépendante des Elections (ANIE), est un candidat ostensiblement favorisé par l’Administration et le Régime, pour les élections présidentielles du 12 Décembre 2019.

Le FLN est même sur le point de réactiver l’auguste alliance parlementaire pour soutenir le candidat RND, celle-là même qui avait permis le soutien de Bouteflika au pouvoir pendant vingt années. Même pratiques, mêmes réflexes…

Pour atteindre son but, Azzedine Mihoubi a pour cela constitué une équipe autour de son directeur de campagne Mohamed Faden, ancien député RND et ex-membre du Conseil constitutionnel.

L’équipe est également composée par un autre ex-élu RND, Noureddine Tarbag, ex-chef de cabinet du ministre du commerce Bakhti Belaïb.

Les relations publiques devaient être assurées par Samira Hadj Djilani, l’ex-directrice de la communication de Khalifa TV et productrice du film Ahmed Bey (avec Gérard Depardieu), et qui fut financé par le ministère de la culture, dirigé à l’époque par… Mihoubi !

Mais également grâce à Mustapha Naci, le député du parti RND qui avait pour mission d’animer les réseaux sociaux, et Ibtissem Hamlaoui, candidate malheureuse du FLN aux législatives de 2017 dans la circonscription France-Nord, qui devait se charger des électeurs établis à l’étranger. Mais depuis beaucoup ont jeté l’éponge et en interne des reproches fusent quant au manque d’autorité, ou de prudence excessive de celui qui se destine à la magistrature suprême.

Ce n’est pas la première fois que des personnes dénoncent le manque de leadership du nouveau président du RND. Beaucoup parmi la corporation artistique, les professionnels du cinéma, les auteurs et les journalistes lui avaient un temps reproché la nomination  »téléguidée » du journaliste controversé Aggar Salim à la tête de la cinémathèque algérienne en décembre 2018. Il ne fera jamais rien qui froissera ses soutiens.

Répondant à la question d’un journaliste il y a quelques jours Azzedine Mihoubi avait qualifié les détenus d’opinion en Algérie de détenus de droit communs, et donc jugés comme de simples délinquants… Des déclarations qui ont suscité une indignation générale, même au sein de son propre parti, comme vous pouvez le constater dans le document ci après.

C’est pour cela que depuis toujours, Mihoubi est apprécié par l’Armée d’une part, et par les pays du Golfe et la France d’autre part.

En effet, Bernard Emié, ex-ambassadeur de France en Algérie et actuel Directeur général de la sureté extérieur (DGSE) le service de renseignement extérieur de la France, a une grande estime de l’ancien Ministre de la culture et l’avait largement remercié pour avoir désigné la « France comme invitée d’honneur » du 20e Salon international du livre d’Alger (SILA) en octobre, et « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ».

Azzedine Mihoubi et Bernard Emié

Azzedine Mihoubi, de Marseille, invité par la Ministre de la Culture Fleur Pellerin pour la cérémonie d’ouverture de l’exposition « Made in Algeria, généalogie d’un territoire » et organisée par le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, avait également rendu la pareille en saluant,  »l’évolution constante » des relations et des échanges culturels entre l’Algérie et la France,  »fondés sur des intérêts réciproques et le respect mutuel » des deux pays.

Oubliée l’autre polémique en France suscitée par le film  »Zabana »en 2012, relatant le parcours du premier guillotiné de la Guerre d’Algérie dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954.

Ce film scénarisé par Azzedine Mihoubi, réalisé par Saïd Ould Khelifa et produit par Yassine Aloui, l’ami d’enfance de Mihoubi, gérant de la société de production “Leit médias”, accusait nettement François Mitterand, alors ministre de l’Intérieur, d’avoir été derrière l’exécution du militant FLN Zabana.

Oubliée également le communiqué du RND du mois d’octobre 2019, concernant la loi sur les hydrocarbures ou le parti de Mihoubi s’opposait à l’adoption du texte censé donner trop d’avantages aux majors des hydrocarbures, comme le français Total, mais tout de même adopté par une majorité de députés RND…

La diplomatie française, que tout le monde sait très influente en Algérie, estime que celui qui est arrivé en politique grâce à l’armée, soutenu par celle-ci en tant que Président du RND et désigné probablement par elle pour être le futur Président de la République, serait le candidat idéal de ces élections présidentielles algériennes.

Cela montre que l’élection du 12 décembre n’est rien d’autre qu’une nouvelle parodie et que la décision de l’armée, influencée par des intérêts étrangers, de désigner un épouvantail à la tête du pays est déjà prise. Une candidature issue du sérail, qui ravit tout le monde…sauf le peuple finalement. Mais qui s’en soucie ?

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