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vendredi, avril 26, 2024

Pourquoi l’Algérie ne sait toujours pas comment profiter des transferts de devises de sa diaspora à l’étranger

Depuis 2020, les transferts de fonds et de devises de la diaspora algérienne à l’étranger sont en train de connaître une inquiétante baisse qui prive l’Algérie d’une véritable et précieuse manne financière. La fermeture hermétique des frontières depuis la mi-mars 2020 jusqu’au début de l’été 2021, l’absence d’un circuit bancaire digne de ce nom et les multiples restrictions abusives imposées par les autorités algériennes aux membres de la diaspora établis à l’étranger font perdre à l’Algérie une incontournable source de financements des projets de développement. Explications. 

Depuis les années 90, la Chine, la Corée, et l’Inde figurent parmi les pays qui ont montré comment les apports de la diaspora peuvent contribuer de manière significative à transformer les économies nationales. Les approches adoptées par ces nations asiatiques se déclinent comme des initiatives pilotées par les pays et fondées sur des objectifs partagés entre le gouvernement et la diaspora, tout en étant sous-tendues par une batterie exhaustive de politiques, de structures administratives et de mesures incitatives visant à mettre en place un environnement propice à la mobilisation des ressources de la diaspora (expertise, investissements, esprit d’entreprise et réseaux professionnels) autour de solides piliers de croissance.

Un constat majeur s’impose : la diaspora ne doit pas être considérée seulement comme une source de financement, mais comme des partenaires au développement. Il y a donc lieu d’établir de toute urgence des liens plus solides entre l’Algérie et la diaspora algérienne. Et pour ce faire, beaucoup d’efforts restent à fournir car la situation actuelle est très alarmante.

En effet, d’après le dernier rapport sur les migrations et le développement de la Banque mondiale, les envois de fonds par la diaspora à destination de l’Algérie ont pu à peine atteindre 1,64 Md USD en 2020, soit un repli de 8% par rapport à 2019 (1,79 Md USD).
Ce mouvement s’inscrit dans une tendance mondiale, avec une chute de 7% des flux à destination des pays à faibles revenus et des pays à revenus intermédiaires en 2020. Les régions les plus touchées sont l’Europe et l’Asie centrale (-16%), l’Asie de l’Est et Pacifique (-11%) et l’Afrique du Nord-Moyen Orient (ANMO, -8%). Pour 2021, la Banque mondiale avait également anticipé un nouveau repli, de -8% cette fois.

Plusieurs explications sont avancées pour justifier cette baisse des envois de fonds : ralentissement de l’économie mondiale du fait de la pandémie de Covid-19, chute des prix des hydrocarbures (impactant les diasporas présentes dans des pays pétroliers) et dépréciation de plusieurs devises face au dollar. Au sein de la région ANMO, l’Algérie se positionne comme le 8 ème récipiendaire de fonds. Elle est notamment devancée par l’Egypte (24,4 Mds USD), le Maroc (6,4 Mds USD) et la Tunisie (1,7 Md USD).

Rapportés à la richesse nationale, ces envois représentent 1,1% du PIB algérien. C’est nettement inférieur aux chiffres égyptien (6,7% du PIB), marocain (5,7%) et tunisien (4,5%), des pays où l’envoi de fonds par la diaspora constitue une importante source de devises et un élément substantiel de la balance des paiements.

A noter que le niveau officiel mesuré par la Banque mondiale ne tient compte que des transferts –rémunérations des salariés et transferts personnels – enregistrés par la Banque d’Algérie, c’est-à-dire passant par le secteur bancaire. Toutefois, l’Algérie se caractérise par la présence d’un marché de change informel, ce qui permet de nuancer le niveau relatif affiché par la Banque mondiale.

Ces données démontrent que l’Algérie ne sait pas encore profiter du potentiel énorme et important de sa brillante diaspora installée en Europe, en Amérique du Nord ou au Moyen-Orient. Que faut-il faire pour remédier à cet échec patent ?

Depuis 2012, cinq pistes ont été explorés pour optimiser l’impact sur le développement des transferts des migrants, démonte une étude conjointe de la Banque africaine de développement et de la France.

Partant du constat que les coûts élevés des transferts de fonds des migrants au Maghreb et dans la zone franc obèrent leur contribution au développement de ces pays, l’étude, réalisée en 2012, a préconisé un certain nombre d’innovations financières et réglementaires adaptées. Ces pistes visent à « étoffer et renforcer l’offre de produits bancaires et non bancaires et favoriser la baisse des coûts des transferts d’argent et le codéveloppement », avait indiqué l’étude « Réduire les coûts des transferts d’argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement : outils et produits financiers pour le Maghreb et la Zone Franc ».

La première piste, avait indiqué ce rapport, consiste à accroître le rôle des sociétés de transfert d’argent uniquement pour les transferts urgents. Une plus grande intervention des sociétés de transfert d’argent permettrait de réduire les transferts informels et de renforcer la concurrence sur ce marché.

Le rapport avait recommandé également de renforcer la bibancarisation traditionnelle. La bibancarisation inclut une large panoplie de produits et services: ouverture d’un compte à distance, à partir du pays de résidence dans le pays d’origine, octroi de crédits immobiliers dans le pays de résidence du migrant pour une acquisition dans son pays d’origine, mise en place de produits d’épargne dans le pays de résidence en vue d’investissements dans le pays d’origine et mise en place de produits d’épargne (notamment d’épargne logement) dans les pays d’origine pour les non-résidents. Le développement de la bibancarisation traditionnelle permettra ainsi de renforcer la bancarisation et l’inclusion financière dans les pays d’origine et de mobiliser l’épargne transférée.

Troisième piste recommandée par le rapport, la promotion de la bibancarisation solidaire devrait renforcer l’intégration dans les pays de résidence, tout en assurant une plus grande mobilisation de l’épargne des nationaux résidant à l’étranger au service du développement local et de la réalisation de leurs projets individuels.

Le rapport avait préconisé en outre de renforcer les technologies de l’information au service de la bibancarisation : le « mobile-banking », « l’e-banking » et plus largement la banque à distance comme outil de facilitation des envois d’argent et de la bancarisation.

Enfin, le même rapport avait exploré une dernière piste, la promotion des produits financiers et boursiers auprès des migrants, comme instrument de mobilisation de l’épargne et du savoir-faire des nationaux résidant à l’étranger au service du développement. Cette piste aura également le mérite de renforcer les systèmes financiers et les économies des pays d’origine et de mieux les intégrer dans l’économie mondiale.

Conduite par Epargne Sans Frontière, l’étude avait pu démontrer que les transferts d’argent des migrants vers leur pays d’origine sont plus de deux fois et demie supérieurs à l’aide publique au développement des pays riches. Ils constituent donc une importante source de financement des économies des pays en développement et des populations réceptrices.

Il est temps que les autorités algériennes se réveillent de leur torpeur pour plancher sur ces solutions afin de profiter des potentiels envois de fonds que la diaspora algérienne peut mettre à la disposition du développement de son pays natal.

 

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2 تعليقات

  1. L’argent de la diaspora est peu pour le pouvoir, il ne rapporte pas autant que le pétrole/gaz , le pouvoir est habitué à se servir gros avec la chkara pour renter ou pour sortir ,ni vu, ni connu en plus dans l’argent de la diaspora il n’y a pas la double facture c’est comme les Canadairs on attend toujours pour voir la couleur , ils n’ont pas voulu commander chez Canadair parceque le patron a refusé la double facture ,il s’en fout de la commande algérienne il a le carnet plein , alors maintenant ils tournent vers les Russes mais ce n’est pas fait encore ,ils attendent le prochain GRAND feu ou il n’y aura plus d’arbres.

  2. Celui qui n’a pas la chose il ne peut pas te la donner. Il faut tout d’abord fournir l’eau et l’oxygène ensuite se demander ou intégrer la diaspora dans l’économie de la Chkara?
    Soyons sérieux il faut que les dirigeants en frac aillent étudier la table de multiplication et A O I
    Pour ensuite s’attaquer aux modèles économiques favorisant l’investissement. Pour l’instant leur tête est ailleurs eux même veulent devenir une diaspora aux îles Vanuatu et se la couler douce