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samedi, avril 27, 2024

Pour réduire la facture des importations alimentaires de 2,5 milliards de dollars, les autorités algériennes ont provoqué des pénuries alimentaires

Depuis le début de l’année 2021, les autorités algériennes ont établi une feuille de route pour réduire drastiquement la facture des importations de produits alimentaires qui pèse énormément sur la Balance Commerciale et la Balance des Paiements du pays sans oublier le risque de porter un énorme préjudice aux réserves de change qui diminuent dangereusement au risque d’exposer la stabilité financier du pays à un énorme péril. 

Les autorités algériennes ont établi une feuille de route s’étalant à l’horizon 2024. Il s’agit d’une stratégie axée sur la réduction sensible de la facture d’importation notamment des produits de base comme les céréales, le sucre, la poudre de lait et l’huile figurait parmi les principaux objectifs du secteur.

L’objectif de cette feuille de route est de réduire la facture d’importation du blé tendre (-400 millions de dollars), des huiles (-983 millions de dollars), du sucre (-555 millions de dollars), du maïs (-17,6 millions de dollars), des tomates industrielles (-55 millions de dollars), des graines de pommes de terre (-42 millions de dollars) et de l’ail (-12 millions de dollars). Avec ces mesures, l’Etat algérien espérait économiser au moins 2,5 milliards de Dollars US sur l’ensemble de la facture des importations alimentaires du pays estimées à 8,07 milliards usd depuis 2019.

Il s’avère, malheureusement, que les autorités algériennes ont très mal géré cette feuille de route provoquant ainsi des pénuries de produits alimentaires de base comme le lait, l’huile et autres. Et pour cause, pour compenser la réduction des importations, les autorités algériennes devaient lancer des projets qui renforceront la production nationale. A titre d’exemple, dans la production céréalière, l’Etat algérien ambitionnait en 2021 d’atteindre 71 millions de quintaux d’ici à 2024, dont 10% dans les wilayas du sud.

L’Algérie importe pour 164 milliards de dinars de blé tendre destiné à la fabrication du pain, soit 1,2 milliard de dollars USD. Les mesures de renforcement de sa production et de contrôle de l’utilisation de la partie subventionnée permettront d’économiser 36 milliards de dinars.

Dans ce cadre, un cahier des charges a été mis en place entre les minoteries, les boulangeries et l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et les quantités destinées aux boulangeries et aux grossistes seront contrôlées. Mais cette stratégie a échoué puisque l’Etat algérien peine à maintenir le prix du pain subventionné et les boulangers algériens se rebellent pour imposer une augmentation des prix en raison de la conjoncture financière qui les frappe de plein fouet.

Les boulangers algériens exigent depuis novembre 2021 une révision du prix de la baguette du pain à 11,90 DA. Faisant lecture d’une récente étude réalisée sur le prix de revient d’une baguette de pain, la Coordination nationale des boulangers avait indiqué que sur un total de 480 baguettes (1 quintal de farine panifiable), le coût de fabrication d’une baguette de pain revient à 11,72 DA.

Les boulangers algériens ont confirmé, par ailleurs, qu’ils “recourent actuellement à la farine subventionnée par l’État pour la production de différentes sortes de viennoiseries, ce qui, pour le moment, leur permet de compenser la marge de bénéfice sur le prix de la baguette de pain”. Cela démontre clairement la production de la farine est encore insuffisante pour maintenir les prix subventionnés du pain et satisfaire la demande nationale. Il n’y a pas de production nationale abandonnante ni de progrès accomplis dans l’émancipation de la dépendance vis-à-vis de l’étranger pour nourrir la population algérienne avec du blé tendre.

Face à cette crise, le gouvernement algérien avait réagi en faisant savoir qu’il va subventionner uniquement le pain. Quant aux autres produits fabriqués à base de blé tendre, les producteurs devront payer son prix réel. Le conflit perdure jusqu’à aujourd’hui en janvier 2022 et de nombreuses augmentations anarchiques du pain sont pratiqués au grand détriment du consommateur algérien pris en otage par cette crise.

Le même scénario s’est réalisé avec le lait. La facture des importations algériennes de poudre de lait s’est établie à 1,24 milliard de dollars en 2019. 60 % du lait consommé annuellement en Algérie nous viennent de l’étranger. Sur une consommation de 4 milliards de litres de lait par an, seulement 1,600 milliard de litres sont produits localement. Les Algériens consomment une moyenne de 167 litres/an, contre une moyenne mondiale de 87 litres/an. En 2017, le taux moyen de consommation par personne est de 115 litres/habitant/an en Algérie contre 65 au Maroc, 85 en Tunisie.

Les autorités algériennes prennent en charge la compensation d’une partie de la poudre de lait importée moyennant un coût s’élevant à 81.85 millions USD, à travers l’intégration du lait de vache dans la production du sachet de lait subventionné avec une quantité de 200.000 litres/jour.

Le budget alloué par l’Etat à la subvention du sachet de lait dépasse 40 mds Da/an, soit pas moins de 290 millions de dollars USD, et ce en plus de la subvention financière destinée à l’importation de la poudre de lait. Ces dépenses, l’Etat algérien a décidé de les réduire drastiquement en 2021. Comme pour la farine de pain, le gouvernement algérien a limité les importations sans procéder aucunement à renforcer la… production nationale pour répondre aux besoins des consommateurs algériens. Les conséquences furent désastreuses : pénuries générales de la poudre de lait importée provoquant ainsi des pénuries inédites du sachet de lait subventionné et touchant, par ricochet, l’ensemble de la production des produits laitiers qui ont manquent cruellement sur tous les marchés locaux. Une véritable thérapie de choc à laquelle a été soumis le consommateur algérien faute d’une production nationale capable de remplacer les importations alimentaires.

 

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