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vendredi, avril 26, 2024

Où sont passés ces 72,5 milliards de dollars alloués pour « l’économie nationale » dont parle le ministère algérien des finances ?

C’est un chiffre astronomique qui vient d’être révélé par le ministère des Finances. Un chiffre qui ne colle à aucune réalité économique et financière du pays marqué par une paralysie générale dans tous les secteurs les plus névralgiques. Et pourtant, en dépit de cette panne nationale qui plonge les Algériens dans l’incertitude faute de perspectives optimistes, le ministère algérien des finances veut nous faire croire que les crédits à l’économie alloués uniquement par les banques publiques ont atteint, à fin mars 2021, un encours de plus de 9711 mds DA (en hausse de 67 milliards DA par rapport à fin décembre 2020), dont 4087 mds alloués au secteur privé.

9711 milliards de Da, c’est l’équivalent de 72,5 milliards de dollars. C’est un montant colossal. Et c’est uniquement les crédits bancaires prétendument débloqués par les banques publiques pour financer l’économie nationale. Rien que le secteur privé algérien aurait bénéficié de l’équivalent de 30,5 milliards de dollars. Or, le constat que l’on peut dresser de la situation réelle des entreprises algériennes est en totale contradiction avec les annonces féériques faites par le ministère algérien des finances.

En effet, au niveau des banques algériennes notamment publiques dont plusieurs décideurs sont encore dans le collimateur de la justice algérienne en raison de leur implication dans les scandales d’enrichissement illicite des oligarques de l’ère Bouteflika, les chefs d’entreprise algériens rencontrent une autre réalité qui n’a aucune ressemblance avec celle qui est décrite par les annonces du ministère algérien des Finances. Et pour cause, les banques publiques algériens, qui composent la plus grande partie du tissu bancaire algérien, débloquent rarement des nouveaux crédits à l’investissement. Pis encore, elles exercent de nombreuses pressions pour contraindre les entreprises endettées ou en grande difficultés financières à procéder  des remboursements anticipés. Les lignes de crédit sont pratiquement verrouillées et l’accès aux financements n’a jamais été aussi complexe et compliqué pour les entrepreneurs algériens.

Aucun banquier n’a le courage d’assumer des décisions délicates ou sensibles concernant l’ouverture de nouvelles lignes de crédit ou l’octroi de nouveaux financements pour les besoins des futurs investissements. Les banquiers ont peur, très peur et ils ne veulent pas se retrouver sous le coupe d’une enquête diligentée par les services de sécurité pour soupçons de dilapidations financières ou favoritisme comme ce fut le cas durant toute l’année 2019 et une grande partie de l’année 2020.

Les banques algériennes y compris publiques manquent, de surcroît, de liquidités. Plusieurs témoignages recueillis par Algérie Part attestent que des entrepreneurs ou acteurs économiques sont obligés de prévenir préalablement leur banque en la saisissant à travers une demande manuscrite pour réclamer le retrait de sommes modiques dépassant à peine les 1 million de Da. Et encore, la banque, publique comme étrangère établie en Algérie, demande un délai de plusieurs jours pour pouvoir décaisser le cash et le remettre au client qui le réclame. Pour des sommes dépassant les 10 millions de Da, le temps d’attente dépasse souvent… une semaine ! Certaines succursales des banques algériennes refusent catégoriquement d’encaisser des chèques conséquents ou de débloquer des sommes substantielles en cash faute de… liquidités bancaires.

Comment les banques algériennes ont-elles donc pu injecter l’équivalent de 72,5 milliards de dollars dans le circuit économique nationale ? Tous les banquiers interrogés par Algérie Part ont refusé de cautionner cette affirmation qui ressemble davantage à une grossière Fake News dont le seul objectif est de masquer encore une fois les mauvaises performances économiques et financières du pays faute d’un véritable plan de relance nationale.

Depuis mars 2020, début de la pandémie de la COVID-19, l’économie algérienne est à l’arrêt. Plus d’un million de nouveaux chômeurs ont été officiellement recensés, plus de 500 mille autres chômeurs ont été livrés à leur sort dans plusieurs secteurs clés paralysés par la crise financière qui étouffe le pays comme le BTP où plus de 7200 entreprises sont d’ores et déjà en faillite. Les dégâts sont encore immenses dans le secteur du commerce, des transports, des services et même dans certaines filiales de l’industrie manufacturière fragilisée depuis 2019 par l’instabilité politique du pays. Des grosses entreprises publiques comme des groupes privés ou de simples PME cherchent désespérément des  aides financières directes. Or, l’odeur de cet argent dont parle le ministère des Finances, ces entreprises ne l’ont jamais sentie !

Force est enfin de constater que les autorités algériennes ont lancé une nouvelle campagne de communication dans le seul but de manipuler encore une fois des Algériennes et Algériens désabusés et confrontés aux conséquences désastreuses de l’actuel immobilisme national sur le plan économique.

 

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