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samedi, avril 27, 2024

Les grèves de la faim des détenus du Hirak se multiplient dangereusement dans les prisons algériennes

En plein mois sacré du Ramadan, plusieurs détenus du Hirak ont entamé des gréves de la faim pour protester contre leurs conditions d’incarcération. Et ces grèves périlleuses qui mettent en danger la vie de ces détenus d’opinion se multiplient dangereusement à travers plusieurs prisons algériennes. 

Ce jeudi 6 mai, au moins 7 détenus du Hirak ont commencé une grève de la faim à la prison d’El-Harrach pour dénoncer les mauvais traitements dont ils se disent victimes de la part de l’administration pénitentiaire et de la justice algérienne. La plupart de ces 7 détenus d’opinion ont été nouvellement incarcérés en raison de leurs activités liées aux marches populaires du Hirak. Mais parmi ces 7 grévistes de la faim, nous retrouvons également d’anciens détenus comme Abdelhak Ben Rahmani (38 ans) et Abdelli Zouhir Abdeldjalil ou Omar Lerari. Il s’agit de détenus politiques qui ne sont pas à leur première grève de la faim.

Pour rappel, vingt-trois détenus, écroués après une marche du mouvement anti-régime du Hirak au début du mois d’avril passé, avaient entamé aussi une grève de la faim. Malgré la détérioration de leur état de santé, ces 23 grévistes de la faim n’ont pas bénéficié de la clémence du régime algérien et leur détention a été toujours prolongée alors qu’ils sont  poursuivies pour « atteinte à l’unité nationale et attroupement non armé » à la suite de leur participation à une marche anti-pouvoir dans les rues d’Alger.

A Oran également, au moins 3 détenus du Hirak, à savoir  Yasser Rouibah, Tahar Boutache et Mustapha Guira, sont à leur 6e jour de grève de la faim en guise de protestation contre leurs incarcérations abusives. Ces 3 détenus font partie des 12 personnes qui ont été présentées le 30 avril dernier devant le Procureur puis le juge d’instruction du pôle pénal spécialisé de la Cour d’Oran. Ils ont été accusés de « complot contre la sécurité l’état » et « adhésion à une organisation destructive » entre autres.

10 de ces 12 personnes étaient en garde à vue depuis le 23, 25 et 27 avril.Saïd Boudour, Yasser Rouibah ainsi que Karim Ilyas ont été placés en garde depuis vendredi 23 avril 2021. L’étudiant universitaire Noureddine Bendella et Imad Eddine Bellalem ont été arrêtés mardi, avant la perquisition de leurs domiciles.Tahar Boutache a été arrêté le dimanche 25 avril à Constantine avant d’être transféré à Oran, tout comme Djahed Zakaria, arrêté à Mostaganem puis transféré à la même ville.

Il faut savoir que la personne qui fait une grève de la faim se met dans une situation de très grand danger : non seulement physique, mais aussi psychique. Il s’agit d’un moyen de protestation radicale qui témoigne de l’ampleur de la détresse de ces détenus politiques injustement incarcérés. Des détenus qui croupissent en prison dans l’indifférence générale des hauts responsables du pouvoir algérien qui maintient une brutale répression à l’encontre du mouvement de contestation populaire algérien appelé communément le Hirak.

Depuis le début de ce Ramadan 2021, plus de 74 détenus d’opinion ont été emprisonnés en Algérie en raison de leurs divergences politiques avec le pouvoir en place.

Le Hirak est aujourd’hui accusé par le pouvoir algérien d’être infiltré par des activistes islamistes, héritiers du Front islamique de salut (dissous en 1992), qui chercheraient à entraîner le mouvement de protestation dans l’action violente. Dans son dernier rapport annuel publié mercredi, Amnesty International a dénoncé le fait que « cette année encore, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des manifestant.e.s pacifiques, des journalistes, des militant.e.s et des citoyen.ne.s qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

La diplomatie américaine a également épinglé l’Algérie, dans son rapport sur la situation des droits humains dans le monde, dénonçant en particulier la détention arbitraire de prisonniers politiques, le manque d’indépendance de la justice et les restrictions à la liberté d’expression et de la presse.

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