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mercredi, mai 8, 2024

Exclusif. Le général Belkecir a obtenu de Zoukh un terrain de plus de 10 mille M2 pour bâtir un luxueux hôtel à plus de 11 millions d’euros

D’abord, les affaires. Ensuite le pays. Telle était la devise que le général Ghali Belkecir, l’ancien commandant de la gendarmerie nationale, a su appliquer avec brio pour s’enrichir grâce à ses hautes fonctions au sein de l’institution militaire algérienne. Cette fois-ci, Algérie Part va vous révéler comment le général Ghali Belkecir, en ce moment en fuite entre la France et l’Espagne, a pu obtenu de la part de l’ex-Wali d’Alger, Abdelkader Zoukh un terrain qui s’étend sur plus de 10 mille M2 afin de bâtir un luxueux hôtel dont le coût est estimé à… 11,5 millions d’euros ! 

En 2016, le Wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, est intervenu personnellement pour contraindre les services de la wilaya d’Alger à débloquer une assiette foncière étendue sur plus de 10 mille M2 à Boumati dans les environs d’El-Harrach pour l’attribuer ensuite au général Ghali Belkecir, l’un de ses protecteurs et les plus puissants alliés.  Le général Ghali Belkecir a occupé de hautes fonctions au sein de la Gendarmerie nationale. Il avait été nommé en octobre 2017 au poste de Chef d’état-major de ce corps sécuritaire, avant d’être désigné au poste de commandant de la Gendarmerie en juillet 2018. Mais en juillet 2016, il était déjà nommé premier responsable du commandement régional de Blida. Et juste avant, il était le premier commandant du groupement de la gendarmerie nationale d’Alger, à savoir le premier responsable de ce corps sécuritaire rattaché au ministère de la Défense nationale de toute la wilaya d’Alger. Et c’est ainsi qu’il avait tissé des liens très solides avec l’ex-Wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, l’homme qui avait dirigé la wilaya la plus stratégique du pays de 2013 jusqu’à la fin de l’année 2019.

Abdelkader Zoukh et le général Belkecir vont pactiser pour développer les affaires les plus juteuses dans l’immobilier à Alger. Dés 2014-2015, Zoukh est intervenu pour débloquer les affaires de la fameuse coopérative « Bordj Essahel » située sur le plateau d’El Annasser, ou ex-Ruisseau lors de l’époque coloniale, dans la commune de Kouba qui offrait 90 appartements de haut standing avec une vue panoramique sur toute la baie d’Alger juste en face de « Makam Echahid » (Sanctuaire des Martyrs). Une importante partie de ces appartements revenaient au général Belkecir, son épouse la présidente de la Cour de Tipaza, Fatiha Boukhers, et plusieurs de leurs amis et alliés généraux, hauts gradés de l’armée, juges ou businessmans.

Après l’affaire de la coopérative Bordj Essahel, Zoukh a répondu une nouvelle fois favorablement aux sollicitations de Belkecir concernant le projet du luxueux hôtel de Boumati à El-Harrach. Pour réaliser ce projet sans éveiller les soupçons et attirer les regards indiscrets, Ghali Belkecir va utiliser son homme de main et prête-nom, le milliardaire Omar Benabdellah. C’est lui qui s’est occupé du chantier de construction de ce futur hôtel luxueux et c’est lui que l’ex-patron de la gendarmerie nationale a envoyé vers les banques étatiques pour obtenir les crédits bancaires nécessaires au financement de ce méga-projet consistant à construire un hôtel de luxe doté de 123 chambres et disposant également d’un centre commercial de 3 étages.

Pour assurer un design futuriste et une élégance garantie à ce projet, l’homme de main du général Belkecir, Omar Benabdellah a contacté l’agence française « Atelier d’Architectes Associés » (AA) qui opère beaucoup au Liban et qui s’est installée à Alger, plus exactement à Ben Aknoun, grâce à l’ami du général Belkecir afin de bénéficier de la manne financière considérable investie dans le secteur de l’immobilier algérien. Pour ce projet de l’hôtel situé à Boumati, l’agence AAA a vu grand en imaginant 600 m² de jardins-terrasses abondamment plantés autour de l’hôtel afin de ravir et séduire la clientèle.

En parallèle, Ghali Belkecir envoie son ami et prête-nom pour négocier avec la chaîne hôtelière internationale Golden Tulip afin de la convaincre de leur vendre son label pour l’implanter officiellement à Alger.

En dépit de la chute du général Belkecir, ce projet n’a toujours pas été abandonné. Il suit son cours même s’il est très retard puisque sa réception était prévue fin 2019. Le général corrompu est en fuite à l’étranger, mais ses affaires se poursuivent subtilement en Algérie. Et ni la justice militaire et encore moins la justice civile n’a diligenté la moindre enquête sur ce projet onéreux de plus de 11 millions d’euros. Aucun juge ou magistrat ne s’est intéressé au rôle troublant du businessman Omar Benabdellah, lui aussi en fuite en France, qui a été dépêché par Ghali Belkecir au ministère de l’Habitat et aux banques étatiques pour obtenir toutes les facilitations et financements nécessaires à la réalisation de cette « belle affaire ».

Quant à Abdelkader Zoukh, il a échappé à la prison d’El-Harrach lors de la chute du clan présidentiel de Bouteflika grâce aux… éléments de la brigade de Bab Jedid de la gendarmerie nationale commandée par le général Belkecir qui ont totalement bâclé leur travail d’enquête sur l’ex-Wali d’Alger.

Le P.V d’audition et le dossier de l’enquête transmis au printemps 2019 au juge d’instruction de la Cour Suprême ne contenaient pas suffisamment d’éléments fondés ou persuasifs pour ordonner l’emprisonnement provisoire de Zoukh, a-t-on appris de plusieurs sources judiciaires concordantes. Le dossier préparé par la gendarmerie nationale et le P.V de Zoukh comportaient de nombreuses zones d’ombre et pêchaient par leur caractère superficiel. Avant de quitter son poste, Ghali Belkecir a bel et bien pris le soin de protéger son ex-allié le Wali d’Alger… Et cette impunité dure jusqu’à aujourd’hui.

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