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vendredi, avril 26, 2024

Exclusif. Comment l’Algérie a trouvé une solution à l’amiable dans le dossier Anadarko-Total

Beaucoup de fausses informations ont circulé sur le délicat dossier du rachat par le géant français Total des actifs de la compagnie américaine Anadarko en Algérie. Certains ont parlé d’une bataille diplomatique, d’autre de bras-de-fer, en réalité, il n’en est  rien puisque c’est Sonatrach qui a pu négocier dés la fin de l’année 2019 une solution à l’amiable dans ce dossier sensible. Oui, c’est la Direction Générale de Sonatrach qui a négocié et trouvé des solutions à ce délicat problème. Contrairement à ce qui a été raconté par Mohamed Arkab, le ministère de l’Energie n’était nullement associé à ce processus de négociation. Voici toutes nos révélations à la suite de nos investigations approfondies.

Tout a commencé au début du mois d’août 2019 où la filiale algérienne de la société américaine Anadarko, la société Anadarko Algeria Company (AAC) a notifié à Sonatrach et au ministère de l’Energie qu’un accord  a été conclu le 03 août 2019 pour permettre au géant français Total d’acquérir tous  les actifs détenus par Anadarko en Afrique. Le montant de la transaction a été fixé à 8,8 Milliards US$, dont 2,3 Milliards US$ pour les actifs détenus en Algérie.

Après cette notification par AAC aux autorités algériennes, le ministère de l’Energie a demandé que lui soit d’abord notifiée la prise de contrôle de Anadarko Petroleum Corporation par Occidental, avec tous les documents qui expliquent d’un point de vue réglementaire les tenants et aboutissants de ce deal. Le 9 octobre 2019, Anadarko Algeria Company (AAC) envoie un dossier complet comportant toutes les pièces administratives au ministère algérien de l’énergie.


Le 3 décembre 2019, les autorités algériennes ont pris la décision d’informer AAC de  « l’incompatibilité du changement de contrôle avec son maintien dans le Contrat, conformément aux dispositions du décret n° 87-156 du 21 juillet 1987, modifié et complété, relatif aux modalités d’identification et de contrôle des sociétés étrangères, candidates à l’association pour la prospection, la recherche et l’exploitation des
hydrocarbures ». En conséquence, la direction générale de Sonatrach informe également AAC qu’elle exercera son droit de préemption.  Et de ce fait, les premières négociations ont été entamées au mois de décembre 2019 entre Sonatrach et Anadarko pour discuter « des modalités économiques et opérationnelles de sa sortie » de son association avec Sonatrach.

Sur ce point, il est important de s’attarder sur la question des véritables actifs d’Andarko en Algérie. Il faut savoir effectivement que la compagnie Anadarko est associée à SONATRACH, en consortium avec Total (12,25%) et Eni (12,25%), à hauteur de 24,5%, dans le contrat de Recherche et d’Exploitation des hydrocarbures sur le périmètre Berkine au sud du pays. Il s’agit d’un contrat qui avait été conclu le 23 octobre 1989 entre Anadarko et Sonatrach.

Ce contrat porte sur l’exploitation d’un périmètre comportant pas moins de dix-sept (17) gisements en exploitation. Le groupement Berkine a une production journalière moyenne de 265 000 barils. La part exacte de production d’Anadarko est de 25.000 barils/jour. En décembre 2017, Total entre dans de plain-pied dans le groupement Berkine à la suite de l’acquisition des actions de la compagnie danoise Maersk (12,25 %) pour un montant de 800 millions US$.

Et à cette époque-là, l’Algérie à travers Sonatrach n’avait pas exercé son droit de préemption.

Lorsque les négociations ont commencé au mois de décembre 2019 entre Sonatrach et Anadarko Algeria Company (AAC), les deux parties ont butté sur la difficulté de trouver un accord satisfaisant. En effet, AAC réclamait à Sonatrach de racheter ses actifs à 2,3 Milliards US$ pour un prix de 70 US$ l’action. Sonatrach a refusé en considérant que la valeur des actifs d’Anadarko en Algérie se situerait entre 1,5 Milliard US$ et 1,9 Milliard US$ pour un prix de baril variant entre 60 à 70 US$. Les deux parties avaient une vision totalement divergente du prix qu’il fallait payer pour acquérir les actifs du groupement Berkine.

Des janvier 2020, constant que les négociations s’enlisent les responsables d’Anadarko étudient l’option de rester encore en Algérie sans céder leurs actifs à Total. Une solution a été, dés lors, envisagée par Anadarko. Et elle a été proposée à Sonatrach :  Anadarko à travers Occidental reste dans le contrat Berkine et vend uniquement une partie de ses intérêts dans ce contrat à hauteur de 5% à Sonatrach.

En contrepartie, Anadarko a demandé la prolongation des licences qui lui permettaient d’exploiter les gisements de Berkine. Certaines de ces licences devaient expirer en 2023. Anadarko a réclamé une prolongation de la durée de l’exploitation de ces licences jusqu’à 2036. En contrepartie, Anadarko s’engagerait à consentir un investissement important de manière à accompagner Sonatrach pour l’amélioration de la récupération des réserves et la minimisation du déclin des gisements.

Cette solution a trouvé un écho favorable au niveau la direction générale de Sonatrach et lors d’une réunion organisée le 11 février 2020 au siège de la direction générale de Sonatrach, cette solution  a été entérinée officiellement permettant ainsi à Anadarko de conserver ses actifs sans les céder à Total tout en continuant à poursuivre ses activités d’exploitation des hydrocarbures des gisements de Berkine. Quant à Sonatrach, cette solution lui permet de ne pas dépenser en ces temps troublants de crise plus de 2,3 milliards de dollars pour reprendre tous les actifs d’Andarko dans le groupement Berkine. Il lui suffira de dépenser à peine 5 % de cette somme pour trouver une solution à l’amiable dans un dossier très sensible qui va influencer grandement l’avenir des investissements dans le secteur des hydrocarbures en Algérie.

 

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