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vendredi, avril 26, 2024

Enquête. Pourquoi l’économie numérique est encore faible en Algérie

C’est un constat amer que partage de nombreux algériens : leur pays est encore très retard en matière d’économie numérique. Et pourtant,  l’économie numérique est devenue après près de vingt années d’évolution un vecteur de croissance, de productivité et de compétitivité des entreprises et des pays. Cette révolution numérique n’a pas encore lieu en Algérie en dépit de plusieurs avancées notables. Absence du paiement en ligne, du paiement mobile, un nombre insignifiant de start-ups, une innovation technologique encore faible et dérisoire, de nombreux problèmes plombent effectivement le développement numérique en Algérie. Et pourtant, le pays dispose d’un énorme potentiel.  Enquête. 

 

Les bases d’une économie numérique en Algérie ont été réalisées à partir des années 2000. C’est au début de ces années qu’Algérie Télécom et l’agence de régulation des postes et télécommunications sont créées suivies de l’ouverture du marché aux opérateurs étrangers : DZEZZY–OOREDOO mis en concurrence avec l’opérateur Algérien MOBILIS (filiale actuelle d’Algérie Télécom) qui détenait le monopole (opérateur historique). Durant cette même période Algérie poste est créée et la première connexion ADSL est lancée par un provider national privé, EEPAD qui a dû mettre fin à ses activités en 2009.

Fin 2008, le programme de développement des TIC sur cinq années « e-Algérie 2013 » est conçu par le Ministère des postes et technologies de l’information et communication (MPTIC) devenu récemment Ministère de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique (MPTTN) et lancé, cependant réalisé partiellement.

Moins de 50% des 1000 actions inscrites auraient été réalisées au 1er janvier 2016. Le retard dans la réalisation de ce programme et sa mise « en veilleuse » est confirmé par la transformation numérique opérée « en solo » respectivement par le Ministère de la justice (tel que e-administration du casier judiciaire) et le Ministère de l’intérieur (fourniture de documents biométriques).

Le programme e-Algérie représentait pourtant un programme stratégique qui visait l’interopérabilité et cherchait à éliminer les redondances, les surcoûts et les pertes de temps. Toutefois, en dépit du manque de coordination des actions programmées,
l’économie numérique en Algérie a enregistré des avancées tangibles à partir de l’année 2010 particulièrement.

C’est ainsi que la situation actuelle de l’économie numérique algérienne reste pratiquement figée depuis  2018-2019.  Voici quelques indicateurs qui nous permettent de cerner l’environnement numérique en ALGERIE.

Nombre d’internautes :24 000 000
Nombre d’abonnements int-mobiles : 39 800 000
Nombre de Comptes Facebook : plus de 22 000 000
Nombre de Comptes instagram :4 400 000
Nombre de Comptes twitter :482 000
Nombre de Comptes linkedin :1 800 000

Il est possible également de procéder à l’appréciation mondiale de la position de l’Algérie dans l’économie numérique à travers les quatre indices ci-après établis sur la base de sous–indices appelés « piliers ».

L’indice de compétitivité mondiale (Global Competitiveness Index) : 86eme /140 : C’est le classement de l’Algérie au GCI de 2018 : Stable par rapport à 2017

L’indice de Développement des TIC (ICT Development Index) : 102eme /176 : C’est le classement de l’Algérie à l’IDI de 2017 : Gain de 4 places sur 2016 (10 places sur 2015) 9/25

Indice de Maturité Numérique (Network Readiness Index) :117eme /139

Classement de l’Algérie au NRI de 2016 : Gain de 3 places sur 2015

L’indice de Développement due-gouvernement, EGDI 2018 :130eme /193 C’est le classement de l’Algérie dans l4egdi de 2018 : Gain de 20 places sur 193.

Concernant les Indicateurs de l’infrastructure de base ; année 2017

Fibre optique :81 872 kms contre 60800 en 2013
Communes raccordées à la fibre optique : 1541contre 1081 en 2013
Bande passante internet nationale en Mbit/s :801 000 contre 172021
Bande passante internet internationale en Mbit/s :810160contre 166448 en 2013.
Lancement de la 3G en 2014 : 8000 000 d’abonnés
Lancement de la 4G en 2016 : 26 000000 d’abonnés et 31 000000 en 2018
Taux de pénétration : 90,62% en 2018.

Dans ce sillage, il a été relevé que le taux de pénétration de la téléphonie mobile en Afrique est de 83% et de 104% dans le monde. Cependant «le nombre d’abonnés au réseau mobile en Algérie a connu une stagnation en 2016 et 2017 (+0,06% seulement). L’enjeu, aujourd’hui, pour les opérateurs de la téléphonie mobile est de relancer la croissance de ce marché, par la création de nouveaux services dans le digital et le contenu ;

Pour rappel, le ministère de la Poste, des Télécommunications et des Technologies du numérique, a indiqué récemment que le nombre d’abonnés au réseau internet fixe a dépassé 15 millions d’abonnés. Ce secteur enregistre, actuellement, une expansion extraordinaire, avec 34 millions de lignes de réseau internet mobile, dont 23 millions de 3e génération (3 G) et 11 millions de lignes de 4e génération (4 G) à travers tout le territoire national. Ces chiffres montrent bien, que l’Algérie avance sereinement dans la voie de progrès technologique, en comparaison avec les pays voisins.

Dans cet environnement plus ou moins positif, des insuffisances sont enregistrées malgré un essor réel de l’économie numérique à partir des années 2010.

En effet, il est aisé de constater que la technologie prend le pas sur le développement du contenu et des applications. D’énormes investissements sont effectués dans l’acquisition d’équipements informatiques et de téléphones mobiles et tablettes mais trop peu dans les logiciels et applications.  En outre, des parcs technologiques, incubateurs accélérateurs sont programmés et lancés (dont le premier de Sidi Abdellah) mais restent dans le giron de l’administration avec tout ce que cela comporte comme lourdeurs bureaucratiques.

Pour développer le programme stratégique Algérie électronique (e-Algérie), le gouvernement algérien a mis en place un nouveau fonds d’aide au financement des organismes publics ou privés. Il s’agit du Fonds d’appropriation des usagers et du développement des technologies de l’information et de la communication « FAUDTIC ». Institué par la loi n°08-21 correspondant au 30 décembre 2008 portant loi de finances pour 2009 ; Cependant ce fonds est sous exploité et se consacre peu à l’encouragement de la création et du développement de starts-up.

La commission nationale du haut et très haut débit créée en février 2012, a exhorté les opérateurs Mobilis, Algérie Télécoms, ARPT, et le CERIST à contribuer grandement à l’amélioration des services, en facilitant l’accès au haut et très haut débit. Les travaux de cette commission ont été lancés afin de trouver des solutions adéquates pour faire avancer les projets qui vont dans le sens de l’élargissement de l’utilisation des TIC, à commencer par les trois cycles scolaires : le primaire, le moyen et le secondaire ainsi que les universités et les centres de formation à l’échelle nationale.

Les propositions formulées tablaient sur un débit au citoyen algérien de 2 Mbps à moyen terme « avec l’objectif d’atteindre le 8 et 10 Mbps au profit de 50% de la population d’ici 2015 ».

Les applications de Voitures de Transports avec Chauffeurs (VTC) sont l’une des tendances les plus marquantes de l’écosystème numérique Algérien en 2018. A peine quelques semaines après le lancement de Yassir au troisième trimestre 2017, plusieurs autres applications semblables ont vu le jour.

Derrière ces applications, des startups ambitionnent d’être un « Uber » Algérien. Leur profusion renseigne sur l’attrait de ce marché. Le jeu de la concurrence va certainement avoir un impact positif sur les prestations ; la tarification et la qualité de service, au grand bonheur des usagers qui sont déjà plutôt satisfaits de l’apport des VTC dans leur mobilité de tous les jours.

Disponible dans les grandes villes du pays, notamment à Alger, le service des VTC a apporté emplois et mobilité. Le succès réalisé par les applications VTC a dépassé toutes les espérances. Car, l’écosystème numérique était en quête de nouveaux symboles de réussite qui redonneraient de l’éclat à l’économie numérique nationale.

C’est désormais fait. Les start-ups VTC sont à présent en quête d’un cadre juridique pour cette activité et d’un statut. Un statut pour elles et leurs partenaires, les chauffeurs auto-entrepreneurs.

Cependant, l’environnement algérien demeure encore hostile aux innovations et bloque malheureusement les initiatives des entrepreneurs algériens. Il convient de noter que l’économie numérique tend à la concentration des marchés, même si l’innovation peut à tout moment remettre en cause une position dominante. L’économie numérique modifie aussi structurellement la répartition des emplois et pose de nouveaux défis au droit du travail particulièrement.

L’Algérie accuse comme nous l’avions vu précédemment un retard du côté de l’offre en services numériques. Cette situation est due, en particulier, à des réglementations sectorielles rigides et à une structure de financement peu adaptée. En effet le financement par le biais du capital risque est quasi inexistant alors que le financement bancaire, en sus de sa lourdeur bureaucratique, n’est pas à la portée des starts-up.

Le Professeur FARAH Ahmed, consultant en technologie numérique, souligne enfin à ce propos que : « l’Algérie est en phase de transition numérique et non pas de transformation numérique ….le numérique dans la transition numérique veut dire transformer l’analogique en numérique (ce que fait aujourd’hui le Ministère de l’intérieur en concevant le passeport biométrique par exemple) prendre l’information du papier et la rendre numérique…. Alors que le numérique dans la transformation numérique veut dire utiliser les technologies numériques pour générer des revenus, améliorer les activités et créer un environnement pour le business numérique, c’est-à-dire de l’économie numérique ».

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3 تعليقات

  1. Pourquoi l’économie numérique est encore faible en Algérie?
    Elémentaire mon cher Watson
    Il aurait fallu déjà un processus de transition de l’autoritarisme vers la démocratie.
    Et en suite se tourné vers une grande ouverture au commerce extérieur et à l’investissement étranger.
    Mais ne rêvons pas , ces dirigeants intellectuellement sont à des années lumière de ça. Pauvre Algérie.

  2. Les entre guillemets « décideurs » tirent les ficelles dans l’ombre et ne souhaitent surtout pas de traces, et encore moins, des empreintes. Ils ont plusieurs « Schkarras » d’avance sur le monde numérique.
    Les grabataires que nous moquons pour leurs archaïsmes ont plus d’un tour dans leurs sacs :
    1) Ils gèrent le pays avec leur système ultra perfectionné avec des fusibles de la marque « KDS » très passe-partout !
    2) Financièrement, il ne veulent que du cash pour faire prospérer leur informel pour assurer leurs arrières, toujours avec le sacro-saint principe, ne pas laisser de traces, ni d’empreintes !
    Ne vous aventurez surtout pas à leur suggérer de changer de billets de banque ou de mettre fin au change-parallèle, ils vous enverrons à El Harrach pour vous rappeler à leurs bons souvenirs, d »où vous entendrez raisonner leurs rires gras !