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vendredi, avril 26, 2024

Enquête. Chute de la valeur du dinar algérien : comment les autorités algériennes reproduisent les mêmes erreurs de 2015/2016

Le dinar algérien a une nouvelle chuté plongeant ainsi toute l’Algérie dans l’angoisse. Un Euro valait 170,10 DA selon les cotations hebdomadaires des billets de banque et des chèques de voyage, communiquées le 23 mai 2021 par la Banque d`Algérie. Au niveau du marché parallèle, l’Euro a également flambé et s’échange à plus de 211 DA. L’ouverture annoncée des frontières y est certainement pour une large part, mais la réalité chaotique de l’économie algérienne est en vérité la seule explication à cette nouvelle dégringolade du dinar algérien.

Ce nouveau plongeon du dinar algérien va encore une fois ébranler profondément les équilibres économiques ou financiers en Algérie. Et pour cause, les recettes en devises sont constituées de plus de 90% des exportations des hydrocarbures, la variation des cours vers la baisse affecte inévitablement les réserves de change par leur réduction qui, à son tour, a un impact sur la valeur du dinar par une dépréciation par rapport aux devises. N’importe quel économiste dans le monde peut expliquer ce calcul basique.

Mais, de son côté, le pouvoir algérien est dans le déni total. Et pour cause, il refuse de parler de dévaluation du dinar algérien, et utilise le termine dépréciation pour justifier une nouvelle politique économique dont le but serait de réduire les importations du pays et l’augmentation des exportations hors hydrocarbures.

Les autorités algériennes refusent effectivement de reconnaître que la chute significative des revenus pétroliers a incontestablement tiré les recettes des exportations vers le bas au point de n’être plus en mesure d’assurer la facture des importations qui demeure importante même si elle a sensiblement baissé. Une baisse de 18 % en 2020 mais qui produit un impact très léger à cause de la forte baisse des exportations du pays au cours de la même année, un recul de plus de 34 %.

La chute de la valeur du dinar algérien complique en vérité la question des équilibres financiers du pays car les produits importés ne seront inévitablement pas épargnés par la chute du dinar. Ils seront impactés directement par une inflation qui se traduirait sur leurs prix et auront comme conséquence de voir s’envoler ceux des produits locaux, à cause de l’augmentation des coûts des matières premières nécessaires à leur fabrication. Mais le pouvoir algérien fait croire à sa population qu’il va utiliser la dépréciation de la valeur du dinar algérien en dégageant de nouvelles recettes budgétaires pour combler les déficits de plus en plus effrayants des budgets des finances publiques ainsi que l’augmentation des exportations algériennes hors hydrocarbures lesquelles pourraient atteindre les 5 milliards USD d’ici fin 2021, malgré les effets de la pandémie sur l’activité économique. Un objectif encore dérisoire pour un pays de la taille de l’Algérie.

En réalité, la dévaluation du dinar algérien, ou sa dépréciation comme l’aime le dire le régime algérien, a été déjà testée et utilisée entre 2015 et 2016. Cette technique n’a produit aucun effet économique positif. Au contraire, elle avait aggravé la situation du pays en provoquant l’appauvrissement de nombreuses franges de la population algérienne.

En 2015, le pouvoir algérien affirmait qu’il avait une politique monétaire maîtrisée. Et pourtant, à cette époque l’inflation annuelle s’était gravement accélérée. L’inflation s’était accrue, de 4,8 % en 2015 à 6,4 % en 2016, principalement sous l’effet de la dépréciation officielle du dinar au cours du premier semestre, puis d’une dépréciation supplémentaire du dinar sur le marché noir au cours du second semestre. Les secteurs des vêtements et des chaussures, de la santé et des produits d’hygiène personnelle, du transport et de la communication ont connu des taux d’inflation élevés, quasiment à deux chiffres, l’inflation étant plus faible pour l’habitat et l’alimentation.

L’évolution contenue des prix des denrées alimentaires sur les marchés internationaux, couplée à un contrôle des prix de nombreuses composantes de l’IPC, ont contribué à la maitrise de l’inflation. En 2016, la Banque d’Algérie a progressivement réduit les reprises de liquidités jusqu’à complète interruption en septembre 2016 pour permettre aux banques commerciales de disposer de ressources plus importantes à prêter. La Banque d’Algérie a abaissé son taux de réserves obligatoires de 12 % à 8 %.

En outre, en anticipation de la contraction continue de la liquidité des banques, la banque centrale a autorisé, en juillet 2016, le refinancement de divers segments de prêts à long terme, de même que le refinancement partiel des obligations de l’État. Parallèlement, le taux de réescompte a été réduit, à partir du 2 octobre 2016, de 4 % à 3,5 %.

Afin de pallier aux difficultés structurelles de liquidité des banques commerciales, la Banque centrale d’Algérie avait opté à l’époque pour diverses mesures monétaires, notamment les opérations d’open- market. La liquidité des banques a progressivement reculé tout au long de l’année 2015, puis au cours des trois premiers trimestres 2016. Elle a chuté de 2 731 milliards DZD fin 2014 à 1 833 milliards DZD fin 2015 pour atteindre 992 milliards DZD fin septembre 2016, soit un recul de 63,7 % sur l’ensemble de la période.

Cela s’était traduit par une hausse relative de l’activité sur le marché interbancaire des devises qui, jusqu’alors, était stagnant. Pour renforcer l’efficacité de ses mesures de politique monétaire et améliorer ses mécanismes de transmission, la Banque d’Algérie avait adopté, en septembre 2016, des règles destinées à encadrer : (i) la conduite des opérations d’open-market ; et (ii) la mise en place des facilités de prêt marginal.
En dépit de l’impact négatif des cours pétroliers, le secteur bancaire algérien dominé par les banques publiques était toutefois resté robuste. A l’époque comme aujourd’hui, le secteur bancaire est dominé par des banques publiques contrôlant environ 90 % des actifs bancaires. Le crédit à l’économie ont continué à progresser. Il aurait, selon les estimations, atteint 46,1 % du PIB en 2016, par rapport à 44,3 % en 2015. En dehors de l’incidence du choc extérieur sur leur liquidité, les banques sont demeurées, conformément au rapport de la banque centrale de janvier 2017  confortablement capitalisées et rentables, avec uniquement un léger déséquilibre en termes de maturité.

Les risques liés à la concentration du crédit, principalement au sein des banques publiques, qui participent au financement de grands projets, ont demeuré toutefois importants. D’où la nécessité d’une surveillance rigoureuse pour éviter les risques pour la stabilité du système financier. A partir de 2017, le régime algérien ne pouvait plus assurer cette surveillance rigoureuse et face à l’instabilité monétaire et aux chocs de la baisse des prix du baril du pétrole ayant débuté depuis 2014 avec pour impact des déficits budgétaires énormes pour l’Etat algérien, les décideurs ont été contraints d’abandonner la dévaluation accélérée du dinar comme seul mécanisme de défense face à la crise financière.

Dés la rentrée sociale de 2017, le régime algérien lance la planche à billets et change de  stratégie. La Banque d’Algérie a été autorisée à acheter directement des titres émis par le Trésor: en d’autres termes, à faire « tourner la planche à billets » pour résorber le déficit budgétaire, de 13,7 % en 2016. Le gouvernement algérien avait prévu dans la loi de finances de 2017 un déficit de 8 % du PIB mais, cet objectif ne sera pas atteint. Ce nouveau plan d’action est intervenu alors que le pays a déjà dû renoncer en 2015 à de nombreux projets, à réduire drastiquement les importations et à déprécier sa monnaie, le dinar, d’environ 30 %. La suite des évènements est connue de tout le monde : la planche à billets a échoué à stabiliser l’économie algérienne. L’instabilité économique va mener à l’instabilité politique et le Hirak naquit le 22 février 2019. Le régime Bouteflika tombe le 2 avril 2019. Mais l’Algérie ne s’est toujours pas redressée. Les mêmes erreurs sont en train d’être reproduites avec, peut-être, des dégâts beaucoup plus graves cette fois-ci.

 

 

 

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1 تعليق

  1. La dictature algérienne est le régime le plus ringard du monde !
    1) En matière économique, ils branchent la planche à billets et roule ma poule !
    2) En politique, ils se veulent unique, comme une franchise, pour être franchisé, il faut payer des royalties !
    3) En matière sécuritaire, c’est le radicale « tout-répressif » sans traces ni témoins !
    4) En matière de justice, pour ne pas s’embarrasser, ils se décrètent juge et partie à la fois !
    5) En matière d’informations, en dehors de leurs PRAVDA, plus aucun d’autres ne trouve grâce à leurs yeux !
    Voilà résumé tout ce qu’ils savent faire. Ne dites surtout pas 21è siècle, ou parler de renouvellement de générations !
    Pour eux, tant qu’il reste encore un peu de cachir, ils ne changeront pas une équipe qui gagne, même grabataire !