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vendredi, avril 26, 2024

En ratant « la révolution numérique », l’Algérie risque d’accuser un retard qui sera très difficile à combler

« L’Afrique du Nord ne doit pas rater la révolution numérique au risque d’accuser un retard qui sera très difficile à combler. La sous-région doit massivement investir dans les infrastructures numériques, renforcer ses capacités technologiques et libérer son potentiel d’innovation ». C’est avec ces termes que Vera Songwe, la secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), avait averti les autorités des pays de l’Afrique du Nord à propos de l’importance de l’économie numérique dans les défis géostratégiques à venir. 

Dans une contribution parue ce mardi 17 novembre dernier, cette économie africaine qui travaille pour plusieurs organismes internationaux a insisté sur l’importance de préparer le monde de l’après COVID-19.  « Nous saisissons là la complexité de la situation à laquelle font face les gouvernements. Il faut à la fois permettre une absorption des chocs à court terme, limiter les pertes d’acquis de développement, réduire leurs vulnérabilités et préparer les pays pour « l’après-Covid-19 ». Ceci est compliqué d’une part par l’ampleur du choc qui rend nécessaires de mener de front des réformes de court et moyen terme, dans de nombreux domaines, et de mobiliser des ressources importantes », a-t-elle affirmé.

Cependant, force est de constater que l’Algérie fait exactement le contraire de ces recommandations précieuses pour le futur proche de l’Afrique du Nord. Le développement numérique est toujours bloqué en Algérie. Notre pays demeure l’un des derniers au monde qui est privé du paiement en ligne. Quelques initiatives isolées ont été lancées comme celles d’Algérie Poste avec sa plateforme Edahabia pour permettre le paiement de quelques factures limitées, à savoir celles de l’électricité ou des abonnements téléphoniques.

Les banques algériennes tentent timidement de se mettre au paiement en ligne. Mais leurs initiatives sont encore archaïques faute d’une plateforme nationale sécurisée, sophistiquée et bien gérée pour attirer les usagers algériens. Société d’Automatisation des Transactions Interbancaires et de Monétique (SATIM) est l’organisme étatique algérien responsable du développement du paiement en ligne. Sa gestion bureaucratique, sécuritaire et ses lourdeurs internes sabotent entièrement le développement de la numérisation des paiements en Algérie. Sa dernière initiative, la plateforme bitakati.dz n’a connu aucun succès.

Et pour cause, les modalités d’adhésion et de certification des sites web marchands en Algérie demeurent complexes et soumises à des considérations bureaucratiques incompréhensibles. Et la généralisation des terminaux de paiement électronique est sans cesse retardée, reportée alors qu’elle devait entrer en application depuis 2019. Impossible dans ce contexte d’entamer la moindre numérisation des échanges monétaires en Algérie rendant au passage impossible la réalisation de plusieurs projets novateurs grâce à internet.

D’autre part, le débit internet en Algérie demeure l’un des plus faibles au monde. C’est un obstacle majeur à la numérisation de pans entiers de l’économie et administration algérienne. Le taux de pénétration d’internet est dépendant uniquement des offres 3 G ou 4 G des opérateurs de téléphonie mobile car les connexions filaires sont commercialisées exclusivement par le chaotique opérateur Algérie Télécom. Des anomalies inquiétantes, des irrégularités intrigantes, bref, l’Algérie de 2020 est un pays moyenâgeux par rapport à d’autres pays africains dynamiques économiquement grâce au digital avec la paiement mobile, le développement du e-commerce et des initiatives les plus novatrices avec des startups ambitieuses.

L’Algérie est donc en train de rater sa révolution numérique. La conséquence sera lourde car le développement du pays en est compromis. Et le retard difficile à combler au moment où le monde progresse rapidement avec l’entrée prochaine en vigueur de la 5 G.

Les autorités algériennes n’ont, malheureusement, pas écouté Vera Songwe. Quel gâchis.

 

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2 تعليقات

  1. Le Rwanda en 1994: dernier génocide du 20ième siècle avec un million de morts
    en 2016, Kigali a généralisé le paiement par téléphone pour les trajets urbains en bus! alors qu’en 2020 toute l’Algérie se déplace avant les poches pleines de ferraille pour payer le bus ou le taxi!
    les autres pays du sud sautent l’étape de la carte bancaire et passent au paiement par téléphone, nous sommes toujours les derniers en tout

  2. critiquer c est facile de le faire mais delà a connaitre les causes du retard il faut être réaliste et objectif.le développement numérique et moyens de communication avaient été volontairement sabotés du temps du règne du comateux bouteflika , la corruption, l incompétence du ministre feraoun et de ses cadres beaucoup versés avec hawawei, kouninef pour la corruption et la dilapidation.
    les TIC sont hélas un secteur sinistré qui ne va pas se relever facilement de son état comateux ni tenter de rattraper le retard dans ce domaine.il faut un plan de développement spécial entrepris par des cadres intègres et compétents avec des entreprises de renom .