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samedi, avril 27, 2024

Décryptage. Les 3 problèmes majeurs qui aggravent la crise financière en Algérie

L’Algérie souffre d’une situation financière très inquiétante à cause de l’impact économique de la pandémie de la COVID-19. Confrontée à la crise depuis 2014 avec les conséquences du choc pétrolier, l’Algérie est en train de s’appauvrir à une vitesse alarmante souffrant de plusieurs problèmes structurels et de l’absence de réformes majeures pour redresser le pays. Nous avons identifié 3 problèmes majeurs qui empêchent l’Algérie de surmonter l’actuelle crise financière. Si ces 3 problèmes majeurs ne sont pas résolus, le pays sera condamné à subir les affres de la crise pendant encore longtemps. Explications. 

Bien avant la pandémie de la COVID-19, les ennuis financiers de l’Algérie ont commencé entre 2014 et 2016. Entre novembre 2014 et janvier 2016, les prix du pétrole qui s’établissaient à une moyenne de 100 $ le baril recule de plus de 60%, atteignant en janvier 2016, leur plus bas niveau depuis de nombreuses années, 27 $. Ce choc pétrolier a mis fin à l’aisance financière insolente de l’Algérie qui entretenait la paix sociale et assurait son équilibre grâce à sa rente pétrolier.

Une rente en baisse continue depuis 2016 et depuis 2020, cette rente est tout bonnement menacée d’extinction avec les bouleversements géostratégiques provoqués par la pandémie de la COVID-19. Et face à ces bouleversements, l’Algérie poursuit sa dépendance vis-à-vis de de la fiscalité pétrolière qui est fluctuante et sera amenée à diminuer à l’avenir. C’est le premier problème qui fragilise dangereusement le pays face à la crise financière.

Il faut savoir que les  recettes fiscales de la rente pétrolière versées au Trésor public en Algérie durant l’année 2020 représentent un manque à gagner de 31% par rapport à 2019. Ce manque à gagner a coïncide avec la chute brutale des réserves de change que le pays ne pouvait plus renflouer faute des revenus pétroliers conséquents qui lui permettaient de placer des fonds dans ces réserves.  Entre 2014 et 2019, ces réserves ont fondu de près de 65%, selon la Banque centrale. Ce chiffre devrait atteindre près de 75% en 2021.

Ces indicateurs financiers devraient alerter les dirigeants algériens pour s’orienter vers d’autres sources de revenus pour le Trésor Public. Malheureusement, rien n’a été fait dans ce sens car le pays est paralysé par une crise politique qui dure depuis 2019 et les dirigeants algériens ont négligé l’importance des réformes économiques. Avec un Trésor Public qui puise plus de 43 % de ses ressources au niveau de la fiscalité pétrolière, l’Algérie demeure un pays disposant d’une marge de manoeuvre très limitée sur le plan financier puisqu’il dépend presqu’entièrement de la manne pétrolière.

Plusieurs autres experts expliquent également la dangerosité de la situation financière de l’Algérie par la place grandissante du secteur informel, a fortiori en dehors du système fiscal. L’économie informelle en Algérie représenterait 45% du Produit national brut (PNB). L’économie informelle employait en Algérie 1,6 million de personnes en 2001 avant d’augmenter à 3,9 millions de personnes en 2012 (45,6% de la main-d’œuvre totale non agricole) réparties comme suit: commerce et services (45,3%), BTP (37%) et activités manufacturières (17,7%). Toutes  ces activités économiques informelles dégagent des revenus qui échappent entièrement aux caisses de l’Etat.

Le troisième problème pointé du doigt par les experts et économistes contactés par Algérie Part est le manque de lisibilité et de transparence, à l’origine de « phénomènes structurels de fraude » et d’une dégradation de l’environnement des affaires. Sans climat favorable aux affaires et à l’innovation, aucune activité économique ne peut se développer en Algérie.

En 2020, la Banque mondiale avait publié son indice phare, le classement Doing Business. Elaboré à partir d’un questionnaire rempli par 12 500 acteurs économiques, il agrège le score obtenu dans dix domaines liés au climat des affaires, pour un total de 190 pays. Il fait office de référence dans la mesure de la facilité à faire des affaires dans le monde auprès des institutions et investisseurs internationaux.  L’Algérie se classe 157ème, un classement stable sur un an qui a néanmoins fortement reculé ces dernières années (116ème en 2007 et 136ème en 2011). Le score du pays est stable sur un an (48,6/100, contre 49,7/100 au DB 2019), les personnes interrogées dans ce rapport de la Banque mondiale estimant que l’Algérie n’a pas mené de réformes majeures dans ce domaine sur la période considérée.

En Afrique du Nord, le Maroc est 53ème (+7 places), la Tunisie 78ème (+2 places) et l’Egypte 114ème (+6 places). Conséquence des nombreuses réformes mises en œuvre, quatre pays arabes – Bahreïn, la Jordanie, le Koweït et l’Arabie saoudite – figurent parmi les dix économies ayant le plus amélioré le cadre d’activité de leurs entreprises cette année. Dans le détail, l’Algérie présente de bons résultats en termes de résolution de l’insolvabilité des entreprises (81ème mondial), de raccordement à l’électricité (102ème) et d’exécution des contrats (113ème). Elle pêche à l’inverse en ce qui concerne la création d’entreprises (plus grand nombre de procédures dans le monde arabe), l’accès au crédit (181ème), la protection des investisseurs minoritaires (179ème, dégradation de 11 places) et le commerce transfrontalier (172ème). Ce sont les principales défaillance qui empêchent l’amélioration certaine et sûre du climat des affaires en Algérie.

L’Algérie a besoin de travailler en toute urgence sur ces 3 problèmes. Faute de solutions concrètes et rapides, l’ombre de la crise financière va encore planer longtemps sur le pays avec ses conséquences fâcheuses sur le quotidien des Algériens.

 

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