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vendredi, avril 26, 2024

Confidentiel. L’affaire Fertial tourne au scandale : le groupe espagnol Villar Mir saisit l’arbitrage international contre Sonatrach

Naguère une affaire florissante, la société Fertial, née d’un partenariat signé en 2005, entre la société publique Asmidal et le géant espagnol des fertilisants Grupo Villar Mir, est en train de devenir un véritable cauchemar pour l’Algérie. Fertial comptait effectivement parmi les sociétés les plus performantes grâce à ses exportations régulières en devises. Aujourd’hui, Fertial fait l’objet d’un bras-de-fer qui oppose son actionnaire espagnol Grupo Villar Mir à Asmidal, filiale du groupe Sonatrach. Un conflit qui s’est transformée, depuis la semaine passée, en une procédure d’arbitrage international lancé par le groupe espagnol contre Asmidal et sa maison-mère Sonatrach. 

En effet, Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigation  que le groupe espagnol Villar Mir a intenté un procès en arbitrage international contre Sonatrach au niveau de la Cour Internationale d’Arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) de Paris. A l’origine du conflit, le groupe espagnol Villar Mir dénonce des blocages orchestrés sciemment par Sonatrach qui veut à tout prix l’empêcher de vendre ses parts à un repreneur étranger. Le groupe espagnol dit avoir formulé plusieurs propositions à Sonatrach pour qu’elle reprenne ses 66 % des parts dans l’entreprise. Mais Sonatrach n’a pas du tout fait la moindre proposition concrète pour débloquer la situation alors que le partenaire espagnol a fait part de son souhait de se désengager du marché algérien et de Fertial depuis 2019 en raison des problèmes structurels et conjoncturels qui paralysaient à chaque fois le fonctionnement de l’entreprise.

Le partenariat signé en août 2005 par le Groupe public algérien Asmidal et le Groupe espagnol Grupo Villar Mir, qui détenaient respectivement 66 et 34 % du capital social, s’est totalement transformé à partir de 2017, en accueillant un nouvel actionnaire, à savoir le Groupe privé algérien ETRHB Haddad, du fameux Ali Haddad,  qui avait acquis une prise de participation de l’ordre de 17%. Ali Haddad ambitionnait même de racheter les parts du groupe espagnol pour devenir le seul partenaire d’Asmidal. Mais le Hirak et la chute du clan Bouteflika ont totalement ébranlé ce projet puisque l’oligarque Ali Haddad a fini par être emprisonné dés avril 2019.

Comme il a été révélé récemment par Algérie Part, en Janvier 2020, la branche algérienne de la banque française BNP Paribas, BNP Paribas El Djazaïr, a pu obtenir la saisie conservatoire de 17 % du capital de Fertial, suite aux nombreux défauts de paiement du groupe ETRHB depuis l’incarcération en mars de son patron Ali Haddad. Plusieurs autres sources nous ont pourtant assurés que les parts détenues par l’ETRHB avaient également été vendus, dans une totale discrétion, à Asmidal. Et ce n’est que suite à cette série de bouleversements dus au hasard d’événements incontrôlés, qu’aujourd’hui le groupe public Asmidal actionnaire à 34 % de Fertial, se réveille pour faire valoir son droit de préemption sur les parts de GVM et celles d’ETRHB.

D’après nos sources, le groupe espagnol demande plus de 500 millions d’euros à Sonatrach pour lui céder entièrement ses parts. Mais la compagnie nationale des hydrocarbures refuse catégoriquement ce deal et tente de contraindre les espagnols de leur céder Fertial à un prix beaucoup plus bas. Et pour exercer des pressions sur les espagnols, la Sonatrach multiplie les blocages qui conduisent régulièrement à des arrêts de production au niveau des unités de Fertial.

L’explosion de l’unité d’ammoniac de Fertial de Annaba s’est produite le 11 mai 2019 engendrant un arrêt des activités pendant deux ans pour des travaux de maintenance, de réhabilitation et de normalisation du site conformément aux exigences de la sécurité industrielle pour sécuriser l’unité et la production, a fini par exaspérer définitivement le groupe espagnol désireux de quitter plus que jamais l’Algérie.

La capacité de production de l’unité d’ammoniac de la société Fertial pouvait atteindre récemment 1000 tonnes/jour et sont destinées à couvrir les besoins du marché national ainsi que l’exportation et la production des fertilisants. La Société des fertilisants d’Algérie Fertial qui dispose de deux bases industrielles à Annaba et Arzew (Oran) emploie 900 travailleurs et assure 2500 postes d’emploi indirects.  Entre 2013 et 2015, le chiffre d’affaires de Fertial est resté stable autour de 35 milliards de dinar, à savoir près de 320 millions de dollars. Aujourd’hui, cette entreprise prospère connaît ses heures les plus sombres à cause de ce conflit opposant Sonatrach à son partenaire espagnol.

 

 

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