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mardi, avril 30, 2024

Confidentiel. Comment Kamel Beldjoud a été « tiré d’affaire » à la suite d’un scandale « d’association de malfaiteurs » totalement étouffé par la gendarmerie nationale

De 2019 jusqu’à 2020, l’actuel ministre de l’Intérieur Kamel Beldjoud a été « épargné » par des enquêtes approfondies menées par des enquêteurs de la gendarmerie nationale sur les scandaleuses affaires de l’ex-ministre de l’Habitat Abdelwahid Temmar.  L’homme qui est  devenu aujourd’hui l’un des piliers du système Tebboune est l’un des acteurs clés d’un véritable scandale d’association de « malfaiteurs » qui a été totalement étouffé par les enquêtes de la gendarmerie nationale pour protéger le sieur Kamel Beldjoud, a constaté Algérie Part au cours de ses investigations. 

Avant d’entrer dans le vif du sujet. Rappelons, d’abord, quelques informations importantes. Abdelwahid Temmar avait occupé le poste de ministre de l’Habitat du 17 août 2017 au 31 mars 2019. Il était l’un des ministres de l’avant dernier gouvernement de Abdelazziz Bouteflika, déchu et renversé le 2 avril 2019. Le 6 février 2020, la Cour suprême a ordonné  la mise en détention provisoire d’Abdelwahid Temmar en raison de  son implication dans des scandales liés à des abus de fonctions, détournement de foncier agricole, octroi d’indus avantages ainsi que la mauvaise gestion des biens publics .

Or, les affaires d’Abdelwahid Temmar ont impliqué au cours de l’instruction   pas moins de 39 personnalités qui se sont retrouvées sur le banc des accusés au niveau de la Cour de Mostaganem. Et parmi ces personnalités, nous retrouvons le fils de Menad Nouba, l’ancien patron de la Gendarmerie Nationale entre 2015 et 2018, qui avait été condamné le 30 octobre 2019 par le tribunal militaire de Blida à une peine de 15 ans de prison ferme après avoir été reconnu coupable “d’enrichissement illicite”, “abus de fonction” et “biens mal acquis” dans plusieurs wilayas du pays comme Alger, Oran ou Tipaza. 

Le fils du général-major Menad Nouba a été d’accusé dans le dossier de Temmar d’avoir bénéficié d’un lot de terrain en toute illégalité dans la wilaya de Mostaganem. Un lot de terrain qui a été attribué par Abdelwahid Temmar lorsqu’il était Wali de Mostaganem entre juillet 2015 et août 2017. L’ex-Wali est également accusé d’avoir concédé des terrains à plusieurs hommes d’affaires et oligarques algériens dont Ali Haddad et les frères Kouninef. Parmi les 39 personnes accusées dans ce dossier, nous retrouvons également des directeurs de l’exécutif de la wilaya de Mostaganem et des fonctionnaires de l’administration locale. Il a été remis en liberté le 15 octobre 2020 à la suite d’un non-lieu prononcé par la juge d’instruction près du tribunal de Mostaganem.

Dans le dossier de Temmar, nous retrouvons un autre personnage qui a joué un rôle troublant, mais qui a été par la suite tiré d’affaire en raison d’une protection inédite dont il avait joui. Il s’agit de… Kamel Beldjoud. Oui, l’actuel ministre de l’Intérieur fut l’un des cadres les plus influents et importants du ministère de l’Habitat depuis les fameuses années Tebboune.

C’est Kamel Beldjoud qui a remplacé Abdelwahid Temmar le 31 mars 2019 à la tête du ministère de l’Habitat. Auparavant, Beldjoud était le chef de cabinet… d’Abdelwahid Temmar. Et il était auparavant le secrétaire général du ministère de l’Habitat et l’un des plus proches collaborateurs d’Abdelmadjid Tebboune de 2016 jusqu’à 2017. Lors de la première chute de Tebboune à la fin de l’été 2017 et de son éjection brutale du premier-ministère, Kamel Beldjoud, son fidèle collaborateur, se retrouve dans le viseur du clan présidentiel de Said Bouteflika qui a voulu « détebbouniser » tout le gouvernement en procédant à la mise à l’écart de tous les fidèles collaborateurs du premier-ministre déchu en août 2017.

Kamel Beldjoud a été inscrit par le successeur de Tebbboune à l’époque, Ahmed Ouyahia, sur la liste des prochaines personnalités qui seront nommés dans une lointaine wilaya à l’intérieur du pays. Une mesure de disgrâce qui aurait pu saboté toute la carrière de Beldjoud. C’est, ensuite, Abdelwahid Temmar qui va intervenir auprès d’Ouyahia pour lui demander la faveur de conserver Beldjoud dans son propre cabinet. Ouyahia acquise et Beldjoud est soulagé. Il restera à Alger au coeur du pouvoir en dirigeant le cabinet de Temmar. Ce dernier va utiliser Beldjoud dans de nombreuses opérations très occultes permettant essentiellement d’octroyer des marchés onéreux à des sociétés étrangères, chinoises ou turques, et à offrir des privilèges à plusieurs membres de la classe dirigeante du régime algérien pour gagner les faveurs des plus puissants.

Abdelwahid Temmar s’est ainsi appuyé sur Beldjoud pour renforcer les relations avec certaines sociétés turques habituées uniquement à traiter et collaborer activement avec l’entourage de son prédécesseur Abdelmadjid Tebboune. Ses « étroites relations » tissées avec des entreprises turques sont intervenues au moment où l’épouse de Temmar se rendait régulièrement en… Turquie. Entre 2017 et 2018, l’épouse de l’ex-ministre de l’Habitat s’est déplacée pendant une dizaine de fois en Turquie. Tourisme, évasion personnelle ou business secret ? Algérie Part répondra à cette interrogation dans ces prochaines publications.

Revenons à Beldjoud. C’est l’actuel ministre de l’Intérieur qui a permis à Temmar d’organiser le nouveau fonctionnement du ministère de l’Habitat. Un fonctionnement basé sur la nomination affairiste et mercantile de plusieurs hauts responsables des Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI), des organismes stratégiques impliqués dans le développement de la promotion immobilière ou foncière sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, le premier responsable de l’OPGI de Constantine, Abdelghani Dib, a été muté vers Alger pour diriger l’OPGI de Dar El-Beida.

Kamel Beldjoud a conseillé fortement à Temmar de procéder à cette nomination pour profiter de la protection stratégique du frère d’Abdelghani Dib, un lieutenant-colonel à la brigade de recherches de Bab Jedid et l’un des hommes de main de l’ex-puissant patron de la gendarmerie nationale de 2018 jusqu’à 2019, le général Ghali Belkecir. Le lieutenant-colonel Dib va couvrir les arrières de Temmar et de Kamel Beldjoud à la brigade de recherches de Bab Jedid tout en permettant à son frère Dib Abdelghani de continuer à distribuer les logements et de diriger des marchés publics de grande envergure dans le secteur de l’Habitat en veillant sur les intérêts du clan Temmar.

Lorsque le Hirak éclate, Abdelwahid Temmar est sacrifié en raison de sa forte proximité avec les frères Kouninef. Une proximité qui a été racontée et décrite minutieusement par de nombreuses investigations d’Algérie Part. 

Kamel Beldjoud a survécu à la chute de son deuxième protecteur, à savoir Temmar, grâce à l’intervention du général Ghali Belkecir qui va déployer son lobbying pour lui permettre d’hériter du ministre de l’Habitat en lui octroyant une « immunité » en béton. Beldjoud a gagné les faveurs d’un troisième protecteur. A la brigade de recherches de Bab Jedid, le nom de Kamel Beldjoud va disparaître petit à petit des PV des enquêteurs et le lieutenant-colonel DIB fera le nécessaire pour donner à l’actuel ministre de l’Intérieur « le bon rôle » en le présentant comme « une source qui a collaboré activement aux investigations » sur la « Issaba ». Et pourtant, tous les éléments factuels ont démontré que Kamel Beldjoud était l’un des piliers d’une véritable « association de malfaiteurs » au ministère de l’Habitat. Plusieurs faits matériels ont démontré que Beldjoud a joué un rôle aux côtés de Temmar pour commettre plusieurs crimes ou d’un ou plusieurs délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement selon la législation algérienne.

Abdelwahid Temmar est en prison. Et Kamel Beldjoud est ministre de l’Intérieur de… la « Nouvelle Algérie ». Le malheur des uns a fait le bonheur des… autres.

 

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2 تعليقات

  1. Il est écrit :
    « Et pourtant, tous les éléments factuels ont démontré que Kamel Beldjoud était l’un des piliers d’une véritable « association de malfaiteurs » au ministère de l’Habitat »
    Quels sont ces éléments factuels ?
    Article qui ne s’appuie que sur des supputations .
    un article creux avec un titre racoleur