8.9 C
Alger
vendredi, avril 26, 2024

Comment le conflit algéro-marocain enterre définitivement le Maghreb

Le Maghreb est visiblement une belle idée qui ne se réalisera… jamais. L’Union des Pays du Maghreb est effectivement un bloc régional qui ne pourra presque plus jamais se concrétiser au regard de l’ampleur des tensions qui viennent d’éclater en marge du conflit algéro-marocain.

Depuis la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc le 24 août dernier, le Maghreb a sombré une nouvelle fois dans des divisions internes qui, semble-t-il, vont durer encore de nombreuses années. Et pour cause, Alger qui est à l’origine de cette rupture des relations diplomatiques s’entête et refuse la moindre médiation pour trouver une issue à ce différend avec le voisin marocain. C’est du moins la position officielle qui a été affichée par la diplomatie algérienne lors des travaux de la session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau ministériel organisés jeudi dernier au Caire en Egypte.

L’Algérie ne veut d’aucune réconciliation avec le Maroc qu’elle continue de percevoir comme un ennemi qui veut du mal à sa stabilité et sécurité nationale. « Une analyse de la situation nous fait comprendre que certains cherchent à s’attribuer des rôles influents dans la structure de l’ordre régional et international en établissant des alliances dangereuses dans l’unique but de réaliser des acquis immédiats au détriment des nobles objectifs du système de l’action arabe commune », a précisé M. Lamamra dans une allocution prononcée lors des travaux de la session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau ministériel.

« Des parties recourent à l’aide et la puissance d’un ennemi historique pour attenter aux frères et s’attaquer directement aux voisins », en allusion aux actes perpétrés par le Maroc qui s’allie avec l’entité sioniste pour entamer les intérêts de l’Algérie. « Si ce constat se fait manifestement et à proximité des frontières communes, nous pouvons imaginer ce qui se trame dans les coulisses », s’est-il exclamé.

Ces déclarations interviennent au moment où des pays comme l’Arabie Saoudite tentent jouer le rôle de médiateur afin de poser les jalons d’une sérieuse réconciliation entre les deux grands pays du Maghreb.

Dans ce contexte bouillonnant, cette région du monde va souffrir de la désintégration et s’affaiblira ainsi face à la globalisation galopante du monde. Il faut savoir que depuis 2018, des institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Le FMI a publié effectivement en 2018 une étude mettant en évidence les gains potentiels liés à une plus forte intégration économique des pays du Maghreb (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc, Tunisie).

L’étude montre tout d’abord que l’intégration économique maghrébine est faible. Les échanges commerciaux entre pays du Maghreb représentent moins de 5% de l’ensemble de leurs échanges, soit une part très inférieure à celle observée dans tous les autres blocs commerciaux régionaux (51% en Asie, 70% en Europe). De surcroît, ces échanges sont dominés par un nombre limité de flux de marchandises. Les flux d’IDE bilatéraux sont probablement modestes. L’intégration financière reste limitée, le Maghreb ne comptant pratiquement aucune institution financière transfrontalière. Enfin, les migrations intra-maghrébines de travailleursseraient également marginales.

De nombreux facteurs peuvent expliquer ce déficit d’intégration. Les échanges commerciaux sont freinés par une série de barrières tarifaires (droits de douanes en moyenne plus élevés que dans les autres blocs) et non-tarifaires (coût moyen d’exportations et d’importations conséquents, lourdeur et défaillances des processus de dédouanement, faiblesse des réseaux maghrébins de transport…). Les IDE et les échanges
sont également bridés par des restrictions aux mouvements de capitaux.

Les migrationsintra-maghrébines de travailleurs sont notamment limitées par une croissance faible dans les pays du Maghreb ainsi que par des contraintes administratives (visas, difficultés d’obtention de titres de séjour et de permis de travail).

Enfin, des considérations géopolitiques (fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc notamment) ralentissent également l’intégration de la région.
Une meilleure intégration entre les pays du Maghreb aurait des effets bénéfiques substantiels. Elle permettrait de créer un marché dont la taille (100 M de personnes) et le pouvoir d’achat des consommateurs (12 000 USD en PPA) rendrait la région attractive en termes d’IDE, d’innovation et de transferts de technologies.

De plus, la création simultanée de chaînes de valeur régionales et une meilleure intégration des économies maghrébines dans les chaînes de valeur mondiales renforcerait l’attractivité de la zone pour les IDE. En raison de la complémentarité commerciale et des avantages comparatifs des pays du Maghreb, les flux commerciaux intra-maghrébins pourraient également être intensifiés pour une large catégorie de produits, favorisant par la même la diversification, la baisse des coûts et l’amélioration de la qualité des produits échangés.

Enfin, les coûts liés aux mouvements de capitaux et de main d’œuvre baisseraient alors que la zone serait plus résiliente face aux chocs exogènes et à la volatilité des marchés. L’effet conjugué de ces effets se traduirait, à long-terme, par une croissance économique de l’ordre d’un point de PIB supplémentaire pour chaque pays ainsi que par une réduction de la pauvreté. A fortiori, la perte de recettes liée à la réduction ou à l’élimination des droits de douane sur les échanges entre les pays du Maghreb devrait être limitée, les échanges intra-Maghreb étant relativement faibles.

A la lumière de toutes ces données et au regard des tensions algéro-marocaines, le Maghreb est condamné à un avenir sombre fait de désunion et de désintégration. Ce qui offre un boulevard royal aux puissances étrangères pour s’implanter dans cette région et instaurer leurs intérêts hégémoniques au détriment des souverainetés nationales des pays et peuples de la région.

 

dernières nouvelles
Actualités

14 تعليقات

  1. Il
    Pour construire un vrai Maghreb, il faut se débarrasser de tous les pouvoirs installé par Fafa et puis travailler sur une seule idée ,une seule loi , ou ils doivent agir sur un seul mot ( l’Union) des peuples , plus de frontière agir sur une seule idée constructive , une seule carte d’identité , plus de passeport et une seule monnaie. De là on dira voilà la naissance du Maghreb et puis le reste se fera après, comme les soins ,les banques, les universités ,les voyages et puis pourquoi pas un seul drapeau.

  2. pas de maghreb du kharab , ni de ligue avec ses pays du kharabs
    on est pas « des arabes » enfin pas tous
    Et enfin on construit pas un ensemble sans la participation réelle des peuples …chadli , ben ali, kadaffi et Hassan II ont construit un « ensemble fictif » …le maghreb Potemkine …il n’a tenu que quelques années et s’est écroulé défintivement en 1994

  3. Je me demande pourquoi on continue de parler d’union du Maghreb. La Libye aux prises d’une guerre civile qui n’en finit pas attisée par des hordes de mercenaires aux ordres de puissances étrangères. L’Algérie et le Maroc en totale rupture depuis longtemps et pour longtemps. Que reste -t-il? La Tunisie et la Mauritanie. Une véritable coquille vide que cette union mort-née qui, depuis sa création, n’a pas cessé de faire la démonstration de son inutilité et au mieux de sa capacité d’inaction.

  4. Houhou.. zakaria qui utilise un drôle de langage
    Pour désigner les républiques chaotiques du kharabs et tu reconnais enfin qu’on pas des Arabes
    C’est bien..je vois que tu as mis de l’eau dans ton vin.. même si ce n’est pas le terme idéal pour un musulman..mais comme on dit vaut mieux tard que jamais.
    J’ai voudrais passer un avis de recherche..mais où sont donc passé les grosses mouches à kk El Hadj Omar et le larbin ? Soit ils se sont fait serrer quelques part en banlieue parisienne pour chouf-age où alors ils ont été nommés comme ambassadeurs dans d’autres contrées .
    El Hadj Omar si tu entend si toute fois tu as fini ton steak offert par le boucher kabyle 😂

  5. Parler de Maghreb et de Chourouk est déjà en foi une soumission. Quant à parler de Maroc, Libye, Tunisie ou Algérie, c’en est encore une autre forme de soumission du système du « diviser pour régner » des occupants occidentaux dont nous souffrons encore de résidus de leurs vieux supplétifs « zouaves authentiques » amis de la France, facilitateurs de colonisations. Mais, alors, quoi me direz-vous ? Eh bien ! Renaître de ses cendres, par les racines comme notre éternel olivier Tamazgha !

  6. Ce nationalisme exacerbé des pays de l’Afrique du Nord que l’on retrouve au Moyen-Orient, c’est la survivance du Baathisme, Nasserisme !
    On est prêt à faire la guerre pour la fierté nationale ! Il y a eu beaucoup de guerre à cause de cette fierté mal placée !
    Tout en sachant que le territoire de tous ces pays ont été tracés par les colonisateurs !

    Les pays de l’Afrique de l’Ouest qui ont également connu la colonisation française ont créé une zone de libre-échange la CEDEAO ( communauté économique des États de L’Afrique de l’Ouest) !

  7. Tant qu’il y a un régime militaire qui réprime sa population, qui utilise les médias pour diffuser sa propagande, vole la richesse du pays, s’attaquer à un pays voisin en créant, hébergeant, armant et finançant des rebelles, il n’y aura jamais l’union du Maghreb. Vous avez sûrement deviné de quel régime il s’agit.

  8. A l’image de l’Union européenne, il n’est pas possible d’envisager l’unité ou l’Union maghrébine sans consultation des peuples a travers un référendum, seul socle de légitimité pour une question qui engage l’avenir de tout peuple.
    Tant que cette idée n’a pas effleuré les dirigeants , cela prouve que l’avis des citoyens ne compte pas….c’est tout dire sur leur légitimité….

  9. C’est la dictature algerienne qui bloque à elle seule le Maghreb. Non seulement elle soutient la cration d un 6e micro etat arabiste à parti unique Polisario surgi de nulle part mais en plus elle en fait une condition pour normaliser ses relations avec le Maroc. Chose qu’elle sait TOTALEMENT inacceptable pour celui-ci. Ce faisant elle ne fait que retarder son propre developpement puisque son economie est tres peu diversifiée et inadaptée aux enjeux exterieurs. Lire le rapport allemand SWP à ce sujet.
    Sa politique est d ‘autant plus absurde que son accès à l Atlantique lui avait ete proposé par le Maroc des 1979. De plus ce pb d acces ne se pose plus dans le cadre d’un marché du Grand Maghreb economiquement ouvert aux biens, services et personnes et sans frontieres.
    En attendant qu’elle saisisse où se trouve veritablement l’interêt et le bien être du peuple algerien, les harragas continueront d’echouer sur les côtes européenes.Et leur dignité, avec.