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mercredi, mai 1, 2024

Air Algérie : comment la réunion du 7 mai a capoté et la direction générale n’a élaboré aucun plan de relance

La réunion entre la Direction Générale d’Air Algérie et certains syndicats organisée le 7 mai dernier a débouché, malheureusement, sur un flop. En effet, comme nous l’avions signalé dans un précédent article la mise à l’écart du syndicat représentatif des PNC et de la section UGTA-Pilotes au profit du Syndicat autonome des pilotes, considéré au sein de la compagnie aérienne nationale comme étant le principal soutien du PDG Bakhouche Allèche, ne pouvait qu’aboutir à un échec, font certains observateurs dépités.

Selon nos sources, des 11 points inscrits à l’ordre du jour, un seul a été débattu, le dernier de la liste et qui portait sur  la réduction des salaires. C’est le seul point qui intéresse le PDG d’Air Algérie, tout le reste n’étant que de la poudre aux yeux pour faire croire aux décideurs et à l’opinion publique qu’il travaille dur pour réformer Air Algérie. Le PDG d’Air Algérie est un habitué des annonces sans lendemain. C’est comme la ligne Alger-New York, le renouvellement de la flotte, l’adhésion à une alliance, le développement d’un HUB…

A l’entame de la réunion, les représentants des syndicats pensaient que le PDG et son staff, le Directeur Finances n’a même pas été convié à la réunion, allaient leur exposer, en toute transparence, les résolutions du prétendu conseil interministériel (CIM) auquel il était fait référence dans l’invitation à cette réunion avec un projet de plan de sauvegarde et un plan de trésorerie pour les mois à venir. Rien de tout cela n’a eu lieu.

Et pour cause, il n’y a jamais eu de réunion du CIM, et encore moins de résolutions concernant Air Algérie et le PDG s’est contenté de dire: nous n’avons pas d’argent, il faut réduire les salaires que proposez-vous ? Pour la forme, le syndicat autonome des pilotes (SPLA), de connivence avec le PDG, a annoncé qu’il était prêt à accepter une réduction de 50%. Pour des des pilotes de ligne qui touchent 80 à 100 millions en moyenne par mois, percevoir en temps de crise, 40 à 50 millions sans travailler, c’est une aubaine que personne ne refuserait. Mais c’est une autre histoire quand il s’agit de salariés qui ont un salaire variant entre 5 millions et 15 millions de centimes par mois. Rappelons au passage que les salariés de la compagnie à l’étranger ne seront nullement concernés par ces éventuelles mesures de réduction des salaires. Du moins aucune annonce officielle n’a été proposée par la direction générale d’Air Algérie dans ce sens.

Contrairement à ce qu’ont fait beaucoup de dirigeants de compagnies aériennes de par le monde, Bakhouche Allèche n’a pas eu le courage de donner l’exemple en annonçant une réduction conséquente de son salaire fixe et la partie variable ainsi que ceux des cadres dirigeants. Il n’est donc pas étonnant qu’en l’absence de transparence, de leadership et de sacrifice au sommet, la base ne suivra pas.

Surtout quand la ruse se substitue aux règles de bonne gestion. En effet, le PDG fait croire partout que la compagnie est exsangue financièrement alors que, selon des sources sures, elle dispose d’une trésorerie de 50 Milliards DA, soit l’équivalent de 20 mois de salaires. Il affirme que sa priorité va à la maintenance de la flotte, qui consomme beaucoup de ressources, et non les salaires. Pour les non initiés cela paraît être de bon sens, sauf que, avec les avions cloués au sol, la maintenance n’entraine, hormis les salaires, aucune sortie de trésorerie puisque la pièce, les lubrifiants, ingrédients et autres inputs nécessaires à ces opérations sont déjà en stock.

En d’autres termes, le PDG confond coût comptable et décaissement. Aujourd’hui, ce qui importe c’est la gestion du cash-flow et non pas les coûts comptables.

Un Conseil d’Administration (CA)  de l’entreprise s’est tenu juste avant la réunion du 7 mai et les administrateurs n’ont pas suivi le PDG qui n’avait présenté aucun plan de sortie de crise appuyé par des données financières sérieuses. N’ayant rien obtenu, ni du CA, ni des syndicats, le PDG veut maintenant impliquer le ministre des Transports à travers une Assemblée Générale pour se « couvrir », alors qu’il dispose des moyens et des pouvoirs nécessaires pour faire face à ce problème conjoncturel. Ce PDG, ne conçoit sa fonction qu’à travers les privilèges et pouvoirs qu’elle lui procure et non pas à travers la responsabilité qui lui incombe, mais qu’il préfère laisser aux autres.

Pratiquement toutes les compagnies aériennes du Monde ont obtenu des aides plus ou moins importantes de leurs Etats respectifs. Mais, elles les ont obtenues sur la base de dossiers sérieux, pas sur la base de bavardages. Avec une telle gestion hasardeuse, Air Algérie risque de vivre bientôt ses jours les plus dangereux de son histoire.

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