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samedi, avril 20, 2024

Une dérive sectaire explique le suicide collectif de la famille des deux petites-filles de Mouloud Feraoun en Suisse

Le jeudi 24 mars dernier, toute la Suisse est bouleversée par un drame inédit qui a provoqué une émotion nationale : les corps inertes de quatre membres d’une même famille française et celui d’un ado de 15 ans transporté dans un état critique ont été retrouvés  au pied d’un immeuble à Montreux, une charmante ville suisse située sur les rives du lac Léman. Ce drame est directement lié à l’Algérie car les victimes sont les descendants d’une célèbre personnalité algérienne ayant grandement contribué au rayonnement culturel et littéraire de l’Algérie dans le monde entier. 

Oui, parmi les victimes de ce cruel drame nous retrouvons deux femmes d’origine algérienne qui sont les petites-filles du célèbre écrivain Mouloud Feraoun (1913-1962). Celui-ci, qui avait fréquenté Albert Camus, avait été assassiné par l’Organisation de l’armée secrète (OAS). À ce titre, il a été honoré le 15 mars dernier par le président Emmanuel Macron. Ces deux femmes ont été élevées dans une fratrie de cinq enfants dans un milieu érudit et également aisé du Ve arrondissement de Paris. Après des études dans le domaine médical, elles ont travaillé en France puis en Suisse.

Les deux petites-filles de Mouloud Feraoun s’appelaient Narjisse et Nasrine Feraoun. Elles sont deux soeurs jumelles ont grandi entre un père informaticien de haut niveau et une mère au foyer, dans le 5e arrondissement de Paris, au sein d’une fratrie de cinq enfants, tous brillants, scolarisés au lycée Henri-IV, nous apprennent à ce sujet les médias suisses et français.

La première Narjisse Feraoun a ouvert en Suisse un cabinet d’orthodontie à Fribourg, avant qu’il ne soit fermé pour des «raisons administratives» en 2014. Sa sœur Nasirne était ophtalmologue. Elle avait un emploi à temps partiel à la clinique de l’Œil à Sion, en Valais, selon les comptes rendus de la presse suisse. Séparée de son mari depuis sept ans, elle vivait avec sa sœur mariée à un certain Eric DAVID âgé de 40 ans, et les enfants du couple âgés de 15 ans et 8 ans.

Le 24 mars dernier, le père, Éric David, 40 ans, son épouse, Nasrine Feraoun, 41 ans, la sœur jumelle de cette dernière, Narjisse Feraoun, ainsi que les deux enfants du couple, une fillette de 8 ans et un garçon adolescent, ont sauté d’une hauteur qui avoisine les 25 mètres. Quatre des cinq membres de la famille sont morts sur le coup. Et depuis ce jour-là, en France comme en Suisse, tout le monde cherche à comprendre les raisons de ce suicide collectif totalement affolant.

L’enquête menée par la Police Suisse commence à lever le mystère  autour de cette chute collective du 7e étage. La thèse du suicide collectif est désormais privilégiée par les enquêteurs. Selon des témoins cités plusieurs médias français et suisses, les cinq membres de cette famille infortunée ont sauté les uns après les autres, au petit matin, dans un intervalle de cinq minutes. La mère et sa sœur jumelle de 41 ans, le père de 40 ans, le garçon de 15 ans et la fillette de 8 ans. Un escabeau a été retrouvé sur le balcon. Sans aucune trace de lutte ni cri entendu, et personne d’autre dans l’appartement.

Cinq pièces remplies de provisions de nourriture et de médicaments ont été également découvertes par la Police Suisse. Un « stock impressionnant », « très organisé » et « devant permettre de faire face à une crise majeure », décrit la police du canton de Vaud dans un communiqué publié hier mardi, précisant que « depuis le début de la pandémie, la famille était très intéressée par les thèses complotistes et survivalistes ».

Le survivalisme consiste à se préparer à une future catastrophe, qu’elle soit régionnale ou mondiale, à la fin de la civilisation moderne, ou plus simplement à apprendre à survivre face aux dangers de la nature. Il faut donc s’équiper en conséquence car toute technique de survivalisme aura besoin d’outils pour sa mise en pratique. Il s’agit d’une dérive considérée potentiellement comme sectaire et dangereuse.

« La famille vivait en quasi-autarcie, retirée de la société », a confirmé encore de son côté la police cantonale vaudoise dans son communiqué. Le porte-parole de la police du canton de Vaud, Jean-Christophe Sauterel, a fait savoir aussi que  « Cette famille était visiblement dans une situation particulière depuis un moment ». La mère avait ainsi annoncé en avril 2016 aux autorités suisses qu’elle partait pour le Maroc avec sa petite fille. « Elles n’étaient pas censées vivre à Montreux », insiste M. Sauterel. Ce qui expliquerait que la fillette soit inconnue de l’administration helvétique, tout comme sa déscolarisation. Le seul survivant de ce drame est le fils adolescent.  D’après la Police Suisse, les membres de cette famille « devaient craindre que l’autorité vienne s’immiscer dans leur mode de vie ». Ils ont préféré se suicider collectivement pour fuir un monde qui leur inspirait une profonde terreur.

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