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samedi, avril 20, 2024

Tribune. L’Exil et le Royaume

Il est des trajectoires que l’être suit comme un marquage au sol, une étoile au-dessus des têtes comme un colifichet, un gris-gris, un talisman qui ne portent bonheur qu’à ceux qui y croient.

Ainsi, de temps en temps, on lève les yeux permettant un nouvel angle qui relève du champ du possible avec une lune surplombant le spectacle terrestre, et orchestrant les influences cosmiques d’un reflux émotionnel berçant ainsi nos illusions  et nos rêveries, loin du réalisme rationnel qu’imposent le monde moderne et sa contrainte existentielle qui veut enchaîner encore et toujours Sisyphe à son rocher.

Ce dernier est condamné à une solitude qui fait trembler les féaux du dogmatisme idéologique et du matérialisme historique de la dialectique de Marx, et fait réfléchir les plus audacieux dans un monde qui transpire le mouvement, sans pour autant définir la trajectoire des mutations sociales et les domaines de réflexion s’y afférents.

La perte d’un Royaume exige un travail de deuil ou le temps est mis à contribution à défaut de l’arrêter, pour inverser la tendance de la fatalité, et à définir les choses par le succès et la performance ou l’échec et la déchéance.

Ainsi, rebondir loin des méandres sinueux d’une voie à définir et des rets à éviter dans un terrain souvent abîmé par l’usure et les tentatives de garder ses chances intactes dans un jeu ou le pari est nécessaire comme dans un jeu de hasard.

La mise dans ce cas précis reflète la vertu courageuse d’explorer un monde limité mais aux perspectives nombreuses qui nous miroite l’infini et nous fait vivre l’espace d’un temps coupé de sa charge inhibante, comme peut le ressentir un athlète qui vit pour les 10 secondes d’extase, d’élévation via une montée d’adrénaline précédent le franchissement d’une ligne d’arrivée qui offre la victoire et suppose la projection d’un autre espace-temps pour renouveler l’expérience.

De là, on peut dire que la condition humaine confine avec l’absurde de l’idée de la nostalgie, du souvenir envahissant, de la mémoire encombrante et du passé d’une autre vie, d’une autre vision du monde, et d’un autre espace conquis avant d’être cédé pour laisser place à un autre rêve qui prendra racine dans sa propre réalité.

L’exil quant à lui dans sa définition primaire et non moins philosophique, est une épreuve nécessaire qui forge les âmes dans une souffrance organique comme un esclave portant la marque de son drame ou comme une pièce portant à son effigie les puissants du moment d’une valeur consubstantielle appelée à disparaître dans le temps.

Voilà que la disparition est tronquée par le galvaudage étymologique à qui on donne sens dans notre oubli, cette notion fondamentale d’équilibre, qui permet d’apaiser les conflits liés à l’Histoire, à la tradition ou à l’atavisme qui tentent bien que mal à restituer une mémoire disparue dans un concept épistémologique destiné à rassurer la démarche scientifique plus qu’à faire revivre un temps mort.

Le sentiment de puissance est soumis à un besoin immanent de se régénérer pour ne pas disparaître complètement comme ces papillons qui donnent vie d’abord à une continuité suivi d’un acte définitif, pour embrasser la mort instinctivement à la différence près que l’Homme a une conscience régie par la loi de son milieu et les codes de son époque qui le confortent dans son royaume comme un élu légitime à régner dans une temporalité aléatoire certes mais plus au moins réelle, les chaises vides de sa constitution font office de renvoyer la nécessité d’installer les schémas mentaux permettant la fuite du réel et le compromis permanent de vivre dans une construction abstraite et dans une solitude plus au moins acceptée par moment et prise à bras le corps lorsque sonne le besoin pressent de s’enraciner quelque part pour éviter la folie ou le déni.

La violence de la métamorphose conduit souvent à une radicalité, à un moment décisif dans l’évolution de l’entité humaine portant projet sur le sort de son devenir et sur le futur de la cité suivant la grandeur du projet incarné et suivant la capacité à tuer même symboliquement le Père pour se libérer totalement, non pas d’un fardeau mais pour accomplir un acte fondateur majeur.

La conquête ne s’arrêtera pas aux portes d’un château, ni aux limites des slogans, mais prépare l’empire de demain avec la praxis révolutionnaire et toute une rhétorique de symboles, elle ne constitue pas un programme ou une voie pour les marcheurs, mais c’est la marche elle-même qui définit la voie à suivre dans un cheminement de l’Histoire en mouvement et de la dialectique spiritualiste et positive définie par Hegel.

Le combat continue. Vive l’Algérie.

Par Mohamed Ghemmour 

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