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samedi, avril 20, 2024

Tribune. La Fédération internationale pour les droits humains dénonce une nouvelle fois le régime algérien

Dans une lettre conjointe, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), aux côtés de 65 autres signataires, dénonce le refoulement de la responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de l’organisation, Yosra Frawes, à son arrivée en Algérie. La libre circulation de la défenseure tunisienne des droits humains dans le pays doit être garantie. Une telle interdiction, purement arbitraire, d’entrée sur le territoire met en péril de façon alarmante le respect des droits humains en Algérie. Lire la lettre ouverte ci-dessous.

Alger-Genève-Paris-Tunis, le 14 décembre 2022,

M. Aïmene Benabderrahmane, Premier Ministre
M. Ramtame Lamamra, Ministre des Affaires étrangères
M. Brahim Merad, Ministre de l’Intérieur
M . Abderrachid Tabi, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux
M.Abdelmadjid Zaalani, Le Président du Conseil national des Droits de l’Homme
M. Abderrahmane Hamzaoui, Le président de l’Observatoire national de la société civile

Messieurs les Ministres,

Le jeudi 1er décembre 2022, Madame Yosra Frawes, avocate et militante féministe tunisienne de renom, défenseure des droits des femmes, ancienne présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), a été empêchée de pénétrer sur le territoire algérien, alors qu’elle se rendait à une rencontre avec les organisations féministes de la sous-région, à Oran. En effet, en provenance de Tunis, à son arrivée à l’aéroport d’Alger, Yosra Frawes a été stoppée et a passé de nombreuses heures à l’aéroport sous surveillance policière. Ceci sans la possibilité d’informer quiconque en raison de la coupure des connexions téléphonique et internet de son téléphone portable. Son passeport lui a également été confisqué. Elle a subi plusieurs interrogatoires en vue de connaître les organisateur·ices et le programme de la rencontre à laquelle elle se rendait, ainsi que les personnes qu’elle aurait rencontrées lors d’une précédente visite en Algérie, aux débuts du mouvement du « Hirak » en 2019. Il lui a clairement été insinué que sa profession de « responsable FIDH », qui apparaît sur son passeport tunisien, signifiait son interdiction d’entrée en Algérie. Par la suite, le jour même, Yosra Frawes a été refoulée par avion vers la Tunisie, sans qu’aucune raison légale à cette interdiction de séjour ne lui soit apportée.

Nous, organisations internationales de défense des droits humains et organisations de la société civile algérienne et tunisienne, dénonçons le refoulement arbitraire dont a été victime Yosra Frawes en raison de ses activités pacifiques de promotion et défense des droits humains et de ses contacts avec des figures de la société civile algérienne d’opposition et ce, en claire violation de son droit à la liberté de circulation.

Nous rappelons que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (GTDA) a par le passé considéré comme « arbitraire » la privation de liberté d’un·e défenseur·e des droits humains cherchant à entrer dans un pays tiers pour y exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à la liberté d’association. [1]

Nous en appelons à votre autorité afin de rétablir Madame Yosra Frawes dans ses droits, et qu’elle puisse à nouveau se déplacer librement en Algérie. Nous espérons également que votre pays saura accueillir tout⋅e représentant⋅e de nos organisations qui souhaiterait se rendre en Algérie pour des raisons personnelles ou professionnelles. En effet, nous déplorons également que les courriers de demandes de rendez-vous adressés à vos services par l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (FIDH-OMCT) en août et septembre 2022, en amont d’une visite de terrain programmée, soient restés à ce jour sans réponse.

Finalement, nous espérons que vos autorités sauront veiller à ce que tout⋅es les défenseur⋅es des droits humains puissent exercer leurs activités légitimes sans entraves en Algérie, et ce quelle que soit leur nationalité.

Avec nos respectueuses salutations,

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