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vendredi, avril 19, 2024

Tribune. Des organisations algériennes adressent une lettre ouverte au Haut-Commissariat des Droits de l’Homme des Nations-Unies

Nos organisations vous ont transmis une lettre par mail le 18 novembre 2022 qui reflétait nos inquiétudes quant aux dispositions prises pour la mission d’une délégation du Haut- Commissariat aux droits de l’Homme, au vu de l’absence de coordination, d’échanges et d’écoutes. La réponse reçue le 19 novembre n’a pas suffi à apaiser nos craintes mais nous avons préféré patienter.

Les inquiétudes que nos organisations avaient exprimées dans ce courrier concernaient en premier lieu la crainte de voir cette mission non alimentée sérieusement en informations au vu du degré de répression que vit la population Algérienne. De plus, connaissant bien les
pratiques des autorités algériennes, nous redoutions qu’elles utilisent les mécanismes adoptés par la mission.

Nous avions surtout la crainte de voir les autorités présenter des associations créées de toutes pièces à cet effet et surtout de remplir votre agenda afin que vous ne puissiez aller à la rencontre de la réelle société civile algérienne.

Les organisations signataires de cette lettre saluent l’invitation d’une vingtaine de représentants des associations algériennes à une réunion qui se tiendra au sein de la Maison des Nations Unies, le 30 novembre 2022. Cependant, le peu de temps qui est accordée à cette réunion (1h 30 mn) nous interpelle sur l’impact qui découlera de cette rencontre et nous laisse penser que nos inquiétudes sont avérées.

De plus, nous ne pouvons, en 90 minutes (soit près de 4 mn par intervenant), résumer l’ampleur des violations des droits humains en Algérie qui sont des violations graves des droits de l’Homme, des droits des femmes, de libertés individuelles et collectives, des droits des migrants, et des droits de la jeunesse algérienne à pouvoir s’exprimer librement et à choisir son avenir.

Les jeunes générations en Algérie sont harcelées, poursuivies par la justice algérienne, emprisonnées, maltraitées, torturées. Leur seul tort est d’avoir participé à des marches pacifiques, avoir lancé des slogans réclamant un Etat civil et non militaire, réclamant la
démocratie et l’Etat de Droit en Algérie, pour pouvoir vivre libre dans un pays libre et réaliser enfin leur projet d’avenir. La jeunesse algérienne préfère de plus en plus prendre des barques d’infortune et mourir en mer que de « survivre » dans son propre pays. L’Algérie est un pays plein de ressources mais avec un peuple qui vit dans la misère dans tous les sens du terme.

L’histoire des années 90’ qui a fait des milliers de morts et des milliers de disparitions forcées et où la torture était systématique, se répète, à l’image du témoignage de torture qu’a subi Walid Nekkiche et la disparition récente de Bouziza.

Nous aurions souhaité, Monsieur ALNSOUR, vous voir accorder plus de temps pour rencontrer les représentants de la société civile algérienne autonome ainsi que des victimes représentatives de cette répression. Nous nous devons d’ajouter que pour nous une telle mission ne peut être intitulée de « technique » car nous parlons de souffrances infligées à des personnes dont les droits les plus fondamentaux leur sont niés.

La mission du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme se doit d’entendre les victimes de cette répression, de rester vigilante et à l’écoute des défenseur-es des droits de l’Homme, de compter sur leur fiabilité et leur crédibilité et de leur apporter soutien et protection afin qu’ils puissent continuer d’exister.

Comme se plaisait à le dire Louis Joinet, « sans les associations des droits de l’Homme, les Nations Unies seraient au chômage ».

Nous ne doutons ni des compétences de la délégation onusienne, ni de ses expériences à travers le monde, aussi riches les unes que les autres, mais les organisations signataires sont convaincus que la seule raison qui a poussé le pouvoir algérien à vous lancer cette invitation, c’est pour blanchir son image devant les instances internationales.

Les organisation signataires de cette lettre vous souhaitent pleine réussite dans votre mission en espérant que leurs revendications trouvent résonnance dans vos dialogues.

Les organisations signataires :
Riposte Internationale
Collectif des familles de
disparus en Algérie
SNAPAP/CGATA
Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme

 

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