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vendredi, mars 29, 2024

Toufik Hakkar, le dernier des « intouchables » qui jouit d’une impunité intrigante

Les PDG tombent les uns après les autres. Les ministres changent, quittent leurs fonctions et sont régulièrement remplacés par de nouveaux entrants au gouvernement. Les fonctionnaires occupant les fonctions les plus sensibles au plus haut sommet de l’Etat changent de poste et sont fréquemment remplacés. Mais un seul dirigeant résistent à tous les mouvements, contrecarrent tous les changements, et s’accrochent bec et ongles au pouvoir. Il s’agit de Toufik Hakkar, le PDG de Sonatrach, l’homme le plus inamovible de l’échiquier politique algérien. L’homme qui demeure encore et toujours un intouchable. 

Son ancien mentor, l’ex-Premier-ministre Abdelaziz Djerad, est parti. L’un de ses plus proches parrains, le général Hichem, patron de la fameuse et célèbre caserne Antar de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), est lui-aussi parti. Son ami et complice dans les intrigues du sérail, le PDG de Sonelgaz, Chahar Boulakhras, a été démis également ce jeudi 30 décembre de ses fonctions. Mais lui, oui seulement lui, est toujours au pouvoir et continue de narguer ses détracteurs en dépit de son bilan chaotique, ses dégâts désastreux sur le management de Sonatrach, le seul poumon économique du pays qui fournit plus de 96 % des recettes en devises à l’Algérie.

Comme Chahar Boulakhras, Toufik Hakkar a joué un rôle controversé dans de très nombreuses affaires révélées et détaillées dans plusieurs investigations d’Algérie Part. Le scandale Petrogel, la troublante affaire TMK, la scandaleuse mauvaise gestion de la direction TRC, le sabotage des réserves gazières du pays, les successifs incidents industriels qui ont paralysé plusieurs stratégiques projets de production des hydrocarbures à Sonatrach, etc., la liste des irrégularités, des dysfonctionnements et des scandales qui ont entaché la gouvernance de Sonatrach depuis le début du mois de février 2020, date à laquelle Toufik Hakkar avait été désigné comme PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures, est longue, très longue.

Et pourtant, personne n’ose lui réclamer des comptes, le rappeler à l’ordre ou le démettre de ses fonctions pour le remplacer par un manager beaucoup plus rigoureux et, surtout, beaucoup plus honnête. Annoncé partant à maintes reprises, Toufik Hakkar a pu sauver sa tête à chaque fois en multipliant les interventions au Palais Présidentiel d’El-Mouradia où des proches du Président Tebboune viennent volent régulièrement à son secours pour lui permettre… de s’occuper encore et toujours son siège de PDG à la direction générale de Sonatrach.

Peu importe si le pays perd de l’argent et encaisse des coups préjudiciables pour son intégrité morale et économique. L’essentiel est que Toufik Hakkar plait aux décideurs les plus influents du régime algérien. En 2021, avec un baril de pétrole dont les prix ont tourné autour d’une moyenne de 80 jusqu’à 85 dollars depuis octobre dernier, la Sonatrach n’a pu engranger comme recettes en devises à l’exportation que l’équivalent de 32, voire 33 milliards de dollars. Elle a égalé à peine son précédent niveau de revenus en 2019 où les prix du baril de pétrole tournaient autour d’une moyenne de…62 dollars US.

Avec des prix aussi élevés durant le deuxième semestre de l’année 2021 et une forte demande mondiale en hydrocarbures, l’Algérie aurait pu gagner à l’export au moins 40, voire 45 milliards de dollars si elle avait bien géré son outil productif et préserver ses réserves nationales en pétrole et gaz. Mais Toufik Hakkar est toujours dans le déni et trouve le l’opportunité de transformer l’échec en… grand succès bernant ainsi l’opinion publique avec la complicité de ses protecteurs au Palais Présidentiel d’El-Mouradia.

Et au moment où d’autres managers ou hauts responsables sont punis pour avoir tenté de faire des affaires au détriment de l’intérêt général, Toufik Hakkar continue d’offrir des privilèges illicites et des avantages troublants aux compagnies étrangères les plus sulfureuses de la planète à l’image de la compagnie Petrofac blacklistée dans plusieurs pays comme l’Arabie Saoudite et l’Irak à cause de son implication dans de gros scandales de corruption. Le Serious Fraud Office avait révélé en 2017 de très graves accusations contre PETROFAC, portées devant un tribunal contre David Lufkin, ancien haut dirigeant de Petrofac. Le Serious Fraud Office (SFO) est une agence du Gouvernement du Royaume-Uni, dépendant du ministère de la justice.

En octobre 2021,  Le groupe d’ingénierie pétrolière britannique Petrofac a été condamné lundi par la justice britannique à payer 77 millions de livres pour corruption sur des contrats au Moyen-Orient portant sur plus de 3,5 milliards de dollars. Cette sanction correspondait à plus de 47 million de livres d’amende et près de 23 millions de confiscation, auxquels s’ajoutent une somme de 7 millions correspondant aux frais engagés par le SFO (Serious Fraud Office), l’équivalent du parquet financier, a annoncé ce dernier dans un communiqué. Le SFO avait ouvert en mai 2017 une enquête pour des faits de corruption et blanchiment d’argent. Une audience a eu lieu vendredi devant la Southwark Crown Court, au sud de Londres, au cours de laquelle Petrofac avait plaidé coupable.

Le SFO a décrit dans un communiqué public « des méthodes complexes et délibérément opaques» pour payer des pots-de-vin «via des sous-traitants, en créant de faux contrats pour des services fictifs et, dans certains cas, en les faisant passer par plusieurs agents et pays». Les contrats concernés ont une valeur totale d’environ 2,6 milliards de livres, soit plus de 3,5 milliards de dollars, et des pots-de-vin de 32 millions de livres (44 millions de dollars) ont été payés pour garantir leur signature, selon le SFO.

De son côté, Petrofac avait reconnu avoir «échoué à empêcher d’anciens employés de proposer ou d’exécuter des paiements» entre 2011 et 2017 liés à des projets en Irak, Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis. Le groupe avait averti vendredi soir que l’amende pourrait atteindre «240 millions de dollars» mais précisait avoir demandé «une réduction substantielle» notamment liée à sa capacité à payer et au fait que l’entreprise est, selon elle, «une compagnie changée».

Il faut savoir que PETROFAC avait pris la place de SAIPEM depuis son départ et avait signé 8 gros contrats clé en main en Algérie pour environ 9 Milliards de dollars durant ces dix dernières années. En 2020, les autorités algériennes avaient bloqué toutes les transactions avec PETROFAC à la lumière de l’enquête enclenchée par le SFO britannique. Mais en 2021, le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, va ignorer les troublants soupçons de corruption et va réhabiliter PETROFAC en leur permettant de participer à de nombreux nouveaux marchés publics.

Dans une précédente enquête, Algérie Part avait révélé fin janvier 2021 comme le nouveau PDG de Petrofac le franco-egyptien Sami Iskander qui avait remplacé en décembre 2020 Ayman Asfari, dont la réputation et les frasques judiciaires devenaient gênantes pour Petrofac, avait pu obtenir  un entretien en tête à tête avec le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar. Pour Iskander, il était impératif de restaurer, à n’importe quel prix, même s’il faut sacrifier Asfari, la relation avec Sonatrach qui est le 2me plus gros client de Petrofac après le groupe Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), qui était aussi en passe de black-lister Petrofac.

Sans accès aux marchés des EPC d’ADNOC et de Sonatrach, et après avoir déjà perdu ceux des groupes SOMO (Irak) et d’ARAMCO (Arabie Saoudite) pour cause de corruption, Petrofac se retrouverait au bord de la faillite sans nouveaux contrats.

Un scénario cauchemardesque qui a été évité de justesse puisque grâce à Toufik Hakkar, PETROFAC est de retour sur le marché algérien. Elle est, d’ailleurs, bien positionnée sur deux marchés névralgiques. Le premier concerne le service d’ingénierie pour l’arrêt triennal prévu en 2022 au niveau des champs gaz Touat situés au sud-ouest du pays dans la wilaya d’Adrar. Il s’agit de gérer les arrêts techniques, ces interruptions planifiées des unités de production qui sont indispensables pour contrôler l’état des équipements et effectuer les travaux de maintenance, de modernisation, d’extension ou de nettoyage.

Ce projet est stratégique car il concerne les unités de production du champ gazier de Touat qui est entré en production en 2019. Cette plateforme a une capacité de traitement de 4,5 milliards de m3³/an de gaz et de 630 000 barils de condensat. En pleine puissance, la production de Touat représentera environ 9% des exportations totales de gaz de l’Algérie. Et Petrofac figure depuis début novembre 2011 parmi les sociétés étrangères conviées par Sonatrach à soumettre une offre technique et commerciale pour les besoins du groupement TouatGaz.

Petrofac est également bien positionnée pour remporter un autre méga-projet. Il s’agit de la réalisation d’un complexe de polypropylène à Arzew. Ce projet a été conçu entre Sonatrach et le groupe français Total depuis janvier 2019. Il a été gelé à la suite du Hirak et des troubles politiques ayant bouleversé l’Algérie depuis 2019. Ce projet pétrochimique comprend une usine de déshydrogénation de propane (PDH) et une unité de production de polypropylène (PP) d’une capacité de 550.000 tonnes par an. Le projet représente un investissement d’environ 1,4 milliard USD pour les deux partenaires et il est supervisé par une nouvelle entité appelée Sonatrach Total Entreprise Polymère (STEP détenue à 51 % par Sonatrach et à 49 % par Total). Selon nos investigations, Toufik Hakkar penche pour PETROFAC afin de réaliser les infrastructures industrielles de ce projet que l’Algérie veut concrétiser en 2022 pour insuffler une dynamique à son économie terne et moribonde.

C’est dire que Toufik Hakkar est en train de choyer étrangement PETROFAC en dépit de ses lourdes condamnations pour corruption. En l’absence d’un contre-pouvoir, Toufik Hakkar peut tout se permettre sans craindre quiconque. Protégé en haut lieu, le PDG de Sonatrach ne reconnait aucune limite et se sent plus jamais éternel sur… son confortable siège de PDG.

 

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7 تعليقات

  1. A chaqun son tour . Sait tu combien de personalite tu as envoye a la potence et gache leur perspective d avenir avec des articles pareils . Ca sent le reglement de compte par personne interpose . Et toi mon ami tu es l outil parfait . J ai comme l impression que a chaque fous que quelqun a Alger veut regler ses comptes avec une autre personne , il envoie son dossier a adbou . Hchouma alik a sahbi

  2. AH si seulement ABDOU avait le pouvoir d’envoyer tous ces pourris a la potence.
    Mais tout le monde sait , qu’ils sont les seules juges, jurés et bourreaux , sauf certains compatriotes
    porteurs d’œillères .
    Quand a leurs perspectives d’avenir, ne t’inquiète surtout pas pour eux, elles sont très bien tracées
    appartement et compte bancaire bien garnis a travers le monde.

  3. Comment voulez vous que hakar s’en va puisque le pays est dirigé par un âne âgé de 75 ans sourd aveugle qui n’est au courant de rien ,il faut se débarrasser d’abord de ces vieux chnocs, embaucher des gens instruits honnêtes qui aiment le pays ,quand on voit un pays où le PDG fait de sa tête, ou le ministre signe n’importe quoi sans enquêté et le président qui vient nous chanter sa musique ( nous sommes fort tout va bien Mme la marquise , tout va bien) alors qu’il n’est au courant de rien alors que le peuple est entrain de pleurer. Y a tebbou-nia ta place est dans l’écurie des chameaux, va vite.

  4. Et en plus ce Pdg de Sonatruc a etalé au monde des affaires son orthographe calamiteuse puisque Algeriepart nous a montré une note manuscrite de sa main truffée de fautes et donc indigne d’un cadre de son niveau.
    Cela en dit long sur le niveau de la selection pour faire partie du pouvoir algérien qui par son incompétence crasse ne fait que confirmer le bas niveau géneral de tous ces voraces qui ont sucé l’Algerie jusqu’à sa derniere goutte de sang.