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jeudi, avril 25, 2024

Subventionner les billets des pèlerins : la nouvelle dérive populiste du régime algérien

En pleine crise financière et économique, les autorités algériennes ont décidé d’adopter une mesure totalement populiste et inutile : subventionner les prix des billets d’avion des pèlerins qui accompliront le rite du Hadj sur les Lieux Saints de l’Islam. Une décision qui coûtera de nouvelles dépenses publiques pour l’Etat algérien alors qu’absolument rien ne peut justifier le bien-fondé « social » de cette subvention excentrique. 

Pourquoi l’Etat devrait prendre en charge les frais de transport des pèlerins algériens qui se déplacent vers la Mecque et Médine en Arabie Saoudite ? Aucun dirigeant algérien ne répond clairement à cette question en présentant un argument rationnel et scientifique. Et pourtant, ce dimanche 5 juin, lors d’un Conseil des Ministres organisé à Alger et présidé par le Chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, il a été décidé de répondre aux « préoccupation de nos hadjis liée aux coûts élevés du Hadj pour cette saison, en raison des conditions économiques internationales ». Oui, cette problématique a été abordée par le Conseil des ministres qui a approuvé « la subvention du billet de voyage des pèlerins, vers les Lieux Saints, en baissant son prix de 100.000 DA ». Cela signifie que 100 mille Da seront pris en charge par le budget de l’Etat, soit pas moins de 640 euros.

L’Etat algérien sortira ainsi de ses caisses plus de 6,4 millions d’euros pour prendre en charge la subvention qui vient d’être débloquée au profit des 10.000 pèlerins algériens qui  pourront participer aux rites du Hadj 2022. Pour rappel, le Gouvernement saoudien a décidé de réduire pour cette année 2022 la totalité du nombre des pèlerins de quatre (04) millions à seulement 400.000 pour se protéger contre les risques sanitaires éventuels liés à la propagation de la pandémie de la COVID-19.

D’après le communiqué final ayant ponctué les travaux de la dernière réunion du Conseil des Ministres, Abdelmadjid Tebboune a instruit le ministre des Transports d’indemniser les hadjis, qui se sont déjà acquittés du prix du billet, lors du paiement des frais du Hadj.

Le Conseil des Ministres n’a fait aucune annonce pour expliciter les objectifs de cette mesure ni les raisons ayant justifié son entrée en vigueur. En réalité, sur le plan purement social comme économique, cette mesure n’a absolument aucun sens. Le Hadj est un luxe que seuls les riches peuvent se permettre et ne concernent guère les classes populaires les plus fragiles ou les plus nécessiteuses de la population algérienne. L’Etat algérien va donc venir en aide à une population plus au moins aisée qui peut se permettre de dépenser 100 mille Da de plus pour se rendre sur les Lieux Saints de l’Islam. Ce qui est un contre-sens sur le plan social au moment où des algériens beaucoup plus modestes peinent à voyager pour se soigner ou étudier, des besoins beaucoup plus cruciaux et vitaux pour des citoyens que l’accomplissement du Hadj. Il aurait été beaucoup plus judicieux de confier ce nouveau budget, même s’il demeure dérisoire par rapport à d’autres dépenses publiques excessives, à des catégories de la population algérienne qui saurait en faire un meilleur usage comme les étudiants, les chercheurs ou les patients atteints de maladies incurables.

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