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vendredi, avril 19, 2024

Révélations. Wassini Bouazza et Belkacem Zeghmati : liaisons dangereuses qui remontent jusqu’à janvier 2010

C’est un véritable duo. Le général Wassini Bouazza et l’actuel ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, ont formé depuis l’été 2019 les deux les plus lourds du pouvoir algérien instauré par le défunt chef d’Etat-Major, Ahmed Gaid Salah. Le premier dirige d’une main de fer la principale branche des services secrets algériens, boite noire du régime, le deuxième a renforcement l’assujettissement de la justice algérienne à l’arbitraire politique. Travaillant main dans la main, Bouazza et Zeghmati ont été à l’origine de l’inédite machine judiciaire et sécuritaire qui a broyé les militants et activistes du Hirak. Mais les deux hommes se connaissent depuis bien longtemps. 
Wassini Bouazza entretient effectivement des « liaisons dangereuses » avec Belkacem Zeghmati depuis janvier 2010. Exactement le 17 janvier 2010. A l’époque, Wassini Bouazza était un simple colonel. Il était sous-directeur à la direction de l’équipement et de la Défense anti-aérienne du territoire basée à Hussein Dey. Il travaillait sous du premier responsable de la Direction centrale des infrastructures militaires, le général Tadj Khaled. Un autre officier supérieur qui a fini par être incarcéré à la prison militaire de Blida dans le sillage d’un scandale inédit et longtemps étouffé. Nous y reviendrons dans nos prochaines investigations.
En janvier 2010, le général Tadj a découvert de nombreuses pratiques illicites au sein de la sous-direction dirigée par Wassini Bouazza. Il dresse rapidement des rapports accablants et l’affaire est remise à la direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) dirigée à l’époque par le fameux général-major Mehenna Djebbar.
Le colonel Wassini Bouazza a énormément paniqué craignant pour son sort. Il a contacté le défunt colonel Khaled, décédé en mai 2016, l’officier du DRS détaché au niveau du ministère de la Justice. Il s’agissait de l’homme qui « coiffait » tous les juges et magistrats, l’officier du DRS qui s’assurait que la justice algérienne était bel et domptée par les services secrets algériens.
Le colonel Khaled a accepté d’aider Wassini Bouazza et le met en contact avec un certain Belkacem Zeghmati, à ce moment il était le Procureur général près de la Cour d’Alger. Mais pourquoi Wassini Bouazza avait tellement besoin de l’aide précieuse de Belkacem Zeghmati ?
Si sur le plan militaire, Wassini Bouazza s’en est sorti miraculeusement grâce au soutien du colonel Khaled qui avait convaincu les services de la DCSA de ne pas ébruiter le scandale, le général-major Mehenna Djebar avait transmis à la justice civile, à savoir la Cour d’Alger, une autre partie du dossier. Une partie qui implique un entrepreneur privé appelé Sahloul qui versait  des pots-de-vin à Wassini Bouazza pour obtenir des marchés de petite taille avec la direction de l’équipement et de de la Défense anti-aérienne du territoire basée à Hussein Dey.
Sur ordre du colonel Khaled, Belkacem Zeghmati avait reçu Wassini Bouazza et il accepta volontiers de l’aider dans cette épreuve. L’ex-Procureur général de la Cour d’Alger fait jouer son influence sur les magistrats et étouffe le dossier de l’entrepreneur Sahloul avant la fin du mois de janvier 2010.
Le scandale du Wassini Bouazza disparaît des radars de la justice. Et avec Belkacem Zeghmati, le colonel Wassini établira une longue et solide amitié. Et pour cause, Belkacem Zeghmati sait toujours comment renvoyer l’ascenseur à ses alliés et protecteurs.
Preuve en est, le colonel Khaled, en tant que ex-conseiller au ministère de la Justice, avait été auditionné le 27 avril 2015, par le tribunal criminel de la Cour d’Alger dans le cadre de l’affaire du scandale de l’autoroute Est-Ouest. En dépit de toutes les preuves accablantes réunies à son encontre, il avait été placé sous contrôle judiciaire dès 2011 par le juge d’instruction du pôle spécialisé près la cour d’Alger, le colonel Khaled s’en est sorti merveilleusement bien puisqu’il avait été condamné à une peine légère de trois ans de prison alors que les autres acteurs du scandale de l’autoroute est-ouest ont pris de 6 ans jusqu’à 10 années de prison ferme à l’image de Medjdoub Chani, homme d’affaire algéro-luxembourgeois. Un sort clément qui a lui a été réservé par ami et serviteur, le procureur Belkacem Zeghmati.
Quant à Wassini Bouazza, dés son arrivée surprenante et inattendue à la tête de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à la fin du mois d’avril 2019, il réhabilitera directement son ami Belkacem Zeghmati et fera un inédit lobbying pour convaincre l’institution militaire de lui confier le ministère de la Justice à partir du 31 juillet 2019. Un retour totalement inattendu et une récompense pour Zeghmati. Et depuis ce jour-là, le duo fait mal, très mal.
Le général-major à la retraite Mehenna Djebbar, l’ex-patron de la DCSA et l’homme qui détenait le dossier accablant à l’encontre de Wassini Bouazza, fut incarcéré à la prison militaire de Blida le 21 octobre 2019. Le général Wassini Bouazza efface ainsi les témoins les plus accablants et protège ses arrières puisque son ex-patron, le Général Tedj Khaled a été arrêté et mis en prison pour une drôle d’affaire de corruption dans l’entreprise de construction de l’armée ECC. Un dossier que beaucoup de nos sources affirment qu’il avait été préfabriqué pour se débarrasser d’un général gênant pour le clan Gaid Salah.
Ensemble, Wassini Bouazza et Belkacem Zeghmati vont diriger d’une main de fer les deux institutions les plus puissantes du pouvoir algérien : les services et la justice. Aujourd’hui, la chute du premier va-t-elle entraîner celle du deuxième ?
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