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jeudi, avril 18, 2024

Révélations. MedCable, le dossier ténébreux qui a provoqué le limogeage de Brahim Boumzar

Contrairement à ce qui a été avancé par de nombreux médias algériens, le limogeage brutal du ministre de la Poste, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de la Communication, Brahim Boumzar n’est pas lié uniquement à la mauvaise gestion des dossiers délicats de la grève des travailleurs d’Algérie Poste et de la crise de liquidités dans les bureaux de Poste. Non loin s’en faut. Le véritable dossier qui a fini par placer Boumzar sur un siège éjectable est… Medcable, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations. 

De quoi s’agit-il réellement ? MedCable est un câble sous-marin qui a été réalisé en 2005, depuis déjà 16 ans alors que la durée de vie d’un câble sous-marin est entre 20 à 25 ans maximum.  Ce câble sous-marin possède une ancienne technologie basée sur des équipements et des carte SLTE de 10 Gpbs, c’est la même configuration ancienne comme celle du SeaMeWe4 et de ORVAL/ALVAL, les deux principaux câbles sous-marins qui fournissent l’essentiel du trafic internet en Algérie.

Selon nos investigations, il s’agit d’une technologie qui est obsolète. Preuve en est, l’équipementier ASN (Alcatel Submarine Network), la filiale française de Nokia Networks France depuis 2016 et un des leaders mondiaux de la fabrication et de la pose de câbles sous-marins, a fait savoir depuis la semaine passée la mise hors service de certains équipements de cette technologie. Les prochains transferts de données du trafic internet  ne peuvent pas être effectués avec cette ancienne technologie, et pour migrer vers la nouvelle technologie basée sur des équipements et des cartes de 100 Gpbs, 200 Gbps voir même 500Gbps, il faut mobiliser d’importantes ressources financières sans aucune garantie de rentabilité, certifient plusieurs experts interrogés à ce propos par Algérie Part.

En clair, l’utilisation du MedCable n’a plus aucune utilité et il est préférable pour un pays comme l’Algérie de prendre part dans de nouveaux câbles sous-marins qui sont en ce moment en cours de déploiement dans le bassin méditerranéen.

Le MedCable est composé de 2 parties. La première partie relie Oran à Alger et Annaba. Cette partie est à 100% la  propriété d’Optimum Telecom Algérie (OTA), la maison-mère de Djezzy, détenue à 51% par le Fonds National d’Investissement (FNI) depuis 2015. Quant à la deuxième partie, à savoir la partie internationale reliant Marseille au point de distribution et de jonction est la propriété de la société MedCable Ltd, une Société de droit Anglais détenue à 100% par Orascom Telecom Holding, la propriété du milliardaire égyptien Sawiris Naguib.

OTA (Djezzy) ne dispose ainsi d’aucune part dans la partie Internationale, qui est la partie la plus important et la plus sensible pour faire transiter le trafic Internet International et se connecter aux fournisseurs de contenus. De ce fait le FNI ne possède aucune action de la partie International, mais uniquement dans la partie nationale relevant de Djezzy.

Malgré cette configuration très complexe et peu conforme aux intérêts stratégiques de l’Algérie, Brahim Boumzar avait préparé tout un dossier au mois de janvier et février passés pour le soumettre au Premier-ministre Abdelaziz Djerad afin de lui proposer de récupérer officiellement toutes les parts internationales du MedCable afin d’augmenter la capacité du pays dans la fourniture de bande passante nécessaire au renforcement du trafic Internet sur le territoire national.

Pour ce faire, Brahim Boumzar ambitionnait de convaincre le gouvernement algérien d’autoriser le FNI de racheter toute la partie internationale encore appartenant à Orascom Télécom du milliardaire égyptien Naguib Sawiris. L’ex-ministre algérien a même étudié un montage financier qui consistait à autoriser ce rachat controversé à coup de plusieurs dizaines de millions de dollars. Certaines sources proches de l’entourage de Brahim Boumzar ont assuré à Algérie Part qu’il était question d’un méga-investissement proche des 100 millions de dollars pour finaliser cette acquisition définitive du MedCable qui inclut également des investissements techniques supplémentaires nécessaires à la jonction entre la partie algérienne et la partie internationale.

Un projet tout simplement absurde notamment dans une conjoncture financière aussi hostile au gaspillage et surtout lorsque la durée de vie des câbles sous-marins est de 20 ans alors que le MedCable a été mis en service en 2005. La durée de vie de câble est donc proche de la « péremption ». En vérité, Boumzar voulait à tout prix trouver une alternative au SeaMeWe-4, le principal câble qui fournit plus de 60 % du trafic internet à toute l’Algérie, qui connait beaucoup de coupures et de problèmes de maintenance en raison de son âge avancé. En plus, le SeaMeWe-4 sera décommissionné, c’est-à-dire mis hors service d’ici fin 2023.

Dans ce contexte, le choix du MedCable n’est guère judicieux puisque la durée de vie ce câble ne dépassera pas également les 3, voire 5 années dans le meilleur des scénarios.  Consentir à un investissement dans ce câble relève de la pure dilapidation financière au regard de l’absence de tout intérêt commercial pour l’Algérie. En plus, Brahim Boumzar a voulu obliger l’Etat algérien à traiter une nouvelle fois avec le redoutable Naguib Sawiris, le milliardaire égyptien qui a intenté en 2012 une procédure d’arbitrage international en demandant 5 milliards de dollars de dommages à l’Etat algérien parce qu’il s’est estimé lésé dans la vente de Djezzy. Fort heureusement, l’Etat algérien est sorti vainqueur de ce bras-de-fer lorsqu’un tribunal arbitral a mis fin a rejeté le 17 septembre 2020 la réclamation de 4 milliards de dollars émise par Naguib Sawiris contre l’Algérie. L’Etat algérien a été défendu dans cette affaire par le prestigieux  cabinet d’avocats Shearman & Sterling.

En dépit de cet historique lourd et sinistre, Brahim Boumzar a voulu convaincre l’Etat algérien de racheter le MedCable pour enrichir une nouvelle fois le magnat égyptien des Télécoms. Alertés par de nombreux experts intègres et patriotes, cette supercherie a fini par être bloquée au niveau du gouvernement. Ce fut la goutte d’eau qui fera déborder le vase et la Présidence algérienne décide de limoger définitivement Brahim Boumzar le 27 avril dernier.

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7 تعليقات

  1. La seule et unique manière d’éviter au maximum les fautes due aux choix d’investissements, les erreurs technique, économique et surtout aussi la corruption est de faire structurellement participer des groupes d’universitaires avec leurs chercheurs et étudiants dans tous les projets future.

  2. Pourquoi pas. Ça a bien marché avec la raffinerie d’Augusta, l’affaire du siècle de ould Kaddour.
    Mais, Visiblement l’égyptien Naguib Sawiris a trouvé un filon inépuisable en Algérie. Il va finir par nous réfourguer même ses slips et chaussettes usagés…ce sera notre créneau, nos hobbies, d’ investissement à nous; pendant que d’autres investissent dans l’or et les œuvres d’arts…

    Ps. Ilya une affaire à ne surtout pas rater. C’est de racheter la station spatiale internationale ISS , qui arrivera en fin de vie en 2028. On y fera l’élevage de (vieux) lapins et de vielles poules pondeuses (réformées par dautres) pour approvisionner les futures habitant de la lune, de mars et autres voyageurs intergalactiques en œufs et en civet.

  3. Larbi4 mai 2021 At 13 h 35 min
    La seule et unique manière d’éviter au maximum les fautes due aux choix d’investissements, les erreurs technique, économique et surtout aussi la corruption est de faire structurellement participer des groupes d’universitaires avec leurs chercheurs et étudiants dans tous les projets future.

    MDR
    Les universitaires HAHAHAHAHAHAHA
    Tu ne connais pas les universitaires sauf si tu en fais partie !!!!!!!!
    depuis 2000 on a gaspillé un pognon de dingue sans aucun résultat
    Il n y a pas en algérie des universitaires dans le sens universel

    LARBI tu portes très ton pseudo

  4. Personne4 mai 2021 At 17 h 54 min
    Pourquoi pas. Ça a bien marché avec la raffinerie d’Augusta, l’affaire du siècle de ould Kaddour.

    Il y a pire la raffinerie d’alger (nom donné par ceux qui l’ont construit) histoire de se faire …. par technip et se refaire par les chinois heureusement ils ont une petite…….

  5. @ El-LI Yahssi,

    La seule et unique manière d’éviter au maximum les fautes due aux choix d’investissements, les erreurs technique, économique et surtout aussi la corruption est de faire structurellement participer des groupes d’universitaires avec leurs chercheurs et étudiants dans tous les projets future.

  6. Zemmar nous a dit que ce ministre a été limogé pour ses frais de bouche et ses pistaches.
    Zemmar nous aurait-il menti?
    Il nous fait croire que son article c’est « une enquête » bien ficelé mais en réalité il y’a du vent..;lahoua
    Jamais ce ministre n’a proposé d’acheter les parts de Sawiris bien au contraire , Algérie Telecom a finalement raccordé avant la date butoir le câble ORVAL-ARVAL. qui est 100 % algérien ..
    Un responsable d’Algérie Telecom m’a expliqué que le problème se situé au niveau du dernier km…
    Les installations dans nos villes sont vétustes et qu’il faut raccorder par câble optique chaque immeuble puis chaque appartement…ce qu’on fait les opérateurs télécom en Europe pour developer la fibre optique…cela a un coût et ce n’est pas sur que le citoyen accepte d’en payer le prix…on a le prix du Giga le plus bas …d’Afrique…
    Cet ancien ministre a fait les frais de la grève à la poste et il a cédé aux exigences salariales des grévistes…
    Maintenant les postiers sont mieux payé que les employé d’Algérie télécom…
    Les autres secteurs vont aussi demander des augmentations quand ils ont vu avec quelle rapidité « le gouvernement » cède