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samedi, avril 20, 2024

Révélations. Le projet phosphate de Tébessa : comment des lobbies algériens veulent saboter le plus grand projet industriel africain de ces 20 dernières années

Le projet phosphate de Tébessa, le projet phosphatier intégré » (PPI), est le plus grand projet industriel africain des vingt dernières années. D’envergure stratégique à l’échelle nationale, continentale et régionale, il représente une occasion unique de diversification économique ainsi que de création d’emplois pour le pays. Sur le plan diplomatique, il renforce le poids de l’Algérie à l’échelle mondiale puisque le phosphate est essentiel pour la production des engrais. Malheureusement, il s’avère que des lobbies malintentionnés ont noyauté l’Etat algérien pour saboter ce méga-projet qui pourrait créer dans un second temps plus de temps 150 mille emplois indirects, a pu confirmer Algérie Part au cours de ses investigations. Ces lobbies tentent de détourner ce méga-projet de sa vocation et de le ralentir en sabotant les premières démarches entamées depuis 2018 pour sa concrétisation. Révélations. 

D’abord, la désinformation. C’est la première arme qui a été utilisée pour saboter ce méga-projet stratégique pour l’avenir de l’Algérie. Depuis plus de 48 heures, un média français spécialisé, en l’occurence Africa Intelligence,  a diffusé une information d’après laquelle « le géant étatique chinois Citic a définitivement tiré un trait sur le « projet phosphatier intégré » (PPI), imaginé par Alger pour décupler sa production à 10 millions de tonnes annuelles et chatouiller, ainsi, la suprématie de l’OCP marocain ».

La même source a ajouté que  « la société Asmidal, filiale de la Sonatrach chargée de concrétiser ce méga-projet aux côtés du groupe minier Manal, s’est très discrètement mise en quête d’une « compagnie de renommée internationale » en vue de créer une coentreprise capable d’exploiter les gisements de Bled El Hadba et Djebel Onk (wilaya de Tébessa), assurer la transformation chimique à Souk Ahras et produire des engrais à Annaba et Skikda ». Algérie Part a investigué profondément pour déterminer la véracité de ces informations fracassantes qui compromettent ainsi dangereusement le PPI de Tébessa car CITIC est le coeur battant de ce méga-projet. Nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que le géant chinois n’a aucunement fait part de la moindre intention de quitter l’Algérie ou d’abandonner ce projet d’envergure internationale.

Preuve en est, le chinois CITIC a adressé le 25 mai dernier un courrier au ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et au PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar. Dans ce courrier, CITIC réaffirme clairement son intention de poursuivre et de concrétiser le PPI de Tébessa, a-t-on pu confirmer au cours de nos investigations. A la surprise générale, le 10 juin dernier, le ministère de l’Energie envoie une réponse au géant chinois CITIC dans un document où le ministre Mohamed Arkab n’appose même pas sa signature !

Dans cette réponse énigmatique, c’est le secrétaire général du ministère de l’Energie qui a invité le groupe chinois CITIC à se tourner vers Asmidal, filiale de Sonatrach, pour participer seulement à sa manifestation d’intérêt. Le groupe CITIC a procédé comme il lui a été demandé par le ministère de l’Energie au dépôt de sa participation à la manifestation d’intérêt auprès d’Asmidal le 17 juin dernier. Un support physique a été déposée en main propre à la direction générale d’Asmidal avec accusé de réception.

CTIC n’a donc pas abandonné ce projet en Algérie car, en réalité, il s’agit de son… propre projet ! Le conglomérat d’Etat chinois CITIC est considéré comme le plus grand conglomérat du monde. En Algérie, il a travaillé sur le projet PPI  Tébessa depuis 2016 et il avait bénéficié du soutien et de l’accord du comité central d’investissement du gouvernement chinois pour être l’interface avec l’Etat algérien sur le projet. Il bénéficie par ailleurs de la plus grande expertise mondiale sur le sujet. En plus, CITIC s’est engagé officiellement à apporter les 80 % de parts de l’investissement de 6 milliards de dollars nécessaires pour la réalisation de ce méga-projet d’exploitation et de transformation de phosphate.

Pour rappel, le 26 novembre 2018, l’ex-PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, et le PDG de la société chinoise CITIC, Chen Xiaoijia, ont signé un accord officiel à la direction de transfert du gaz à Oglet Ahmed, dans la wilaya de Tébessa, en présence de l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui stipule un partenariat à 51-49 % entre les groupes industriels publics algériens Sonatrach et Asmidal, majoritaires, et le conglomérat chinois Citic. Le projet intégré d’exploitation et de transformation du phosphate et de gaz naturel, dont la partie algérienne détient 51% contre 49% pour la partie chinoise, est réparti entre le gisement de Bled El-Hadba dans la wilaya de Tebessa (Est d’Algérie), sur 2045 hectares, la plateforme de Oued Kebrit à Souk Ahras, s’étendant sur 1484 ha , celle de Hadjar Essoud à Skikda, sur 149 ha et enfin le port de Annaba sur 42 ha.

Mobilisant un volume d’investissement de six (6) milliards de dollars, le complexe de phosphate dont la mise en exploitation est prévu en 2022, devrait créer 3.000 postes d’emplois directs alors que ses chantiers de réalisation à travers les quatre wilayas assureront 14.000 postes d’emploi indirects. Ce nombre des emplois va rapidement monter jusqu’à 150 mille en raison des investissements connexes qui seront réalisés pour déployer tout un environnement industriel autour du PPI de Tébessa.

En effet, le projet comprend aussi le financement et la réalisation d’infrastructures connexes, notamment le chemin de fer, les infrastructures hydrauliques et électriques, ainsi que l’extension du port de Annaba. Le montant est estimé à 10 milliards de dollars. Ces investissements seront mobilisés par les partenaires chinois étant donné que le conglomérat CITIC compte en son sein plusieurs importantes et influentes banques en Chine.

Le PPI de Tébessa est donc le projet de CITIC. C’est ce partenaire chinois qui l’a façonné avec Sonatrach et qui a mené les expertises nécessaires pour déterminer le potentiel minier important à Tébeessa. Comment peut-il aujourd’hui se retirer à la dernière minute ? En vérité, des lobbies ont profité du gel de ce méga-projet à cause de l’instabilité politique qui règne en Algérie depuis 2019 pour « déposséder » CITIC de ce méga-projet et le confier à d’autres partenaires étrangers.

Les investigations d’Algérie Part ont permis ainsi d’identifier les trois têtes pensantes de ce lobby : il s’agit de l’actuel ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, du PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, et de leur parrain, le Premier-ministre, Abdelaziz Djerad. Ces trois hauts responsables de l’Etat algérien ont orchestré une véritable manipulation pour induire en erreur le Palais Présidentiel d’El-Mouradia dans le but de réécrire tout bonnement ce méga-projet pour l’adapter à leurs « propres intérêts mercantiles personnels ».

Preuve en est, les trois acolytes se sont lancés dans la recherches de nouveaux partenaires chinois pour remplacer officiellement CITIC en faisant croire au Président Abdelmadjid Tebboune que ce géant chinois n’est plus intéressé par l’Algérie alors que ce méga-projet de phosphate est l’un de ses plus gros chantiers sur le continent africain.

Ainsi, dans la plus grande  discrétion, le ministère de l’Energie de Mohamed Arkab et Asmidal de Sonatrach dirigée par Toufik Hakkar ont demandé à l’ambassade d’Algérie à Pékin et au ministère affaires étrangères de les aider à identifier et sélectionner trois nouvelles entreprises chinoises spécialisées dans l’exploitation du phosphate. Trois nouvelles entreprises furent ainsi proposées le 5 mai 2021 par le ministère des Affaires Etrangères au ministère de l’Energie et ASMIDAL. Il s’agit de Schuan Cuanxi Xingda Chemical, SINOCHEM et China National Chemical Engineering Co.

Unilatéralement, sans prévenir le géant CITIC ni les autorités chinoises, Mohamed Arkab, Toufik Hakkar et Abdelaziz Djerad sont partis sélectionner trois nouvelles entreprises chinoises pour négocier avec elles dans l’optique de relancer le PPI de Tébessa et les modalités d’exploitation du gisement de phosphate de Bled El Hadba-Djbel Ont (Wilaya de Tébessa).

Cette attitude très indélicate a scandalisé les autorités chinoises car les dirigeants algériens ignorent qu’en Chine, les entreprises ont un « code d’honneur » et elles ne peuvent pas « voler » les marchés attribués préalablement à d’autres sociétés chinoises surtout lorsqu’il s’agit d’une grande société étatique comme CITIC affiliée directement au Conseil des affaires de l’État de la République populaire de Chine qui est présidé par le Premier ministre chinois et comprend les ministères et bureaux gouvernementaux. CITIC possède des actifs dont la valeur dépasse les… 1200 milliards de dollars. Les trois dirigeants algériens ont voulu ainsi « arnaquer » la plus grande société chinoise du monde pour la remplacer par trois entreprises privées totalement dérisoires et insignifiantes. Pourquoi ?

Abdelaziz Djerad, Toufik Hakkar et Mohamed Arkab ont voulu l’éjecter du PPI de Tébessa dans le seul but de la remplacer par une entreprise privée de moindre envergure, mais avec laquelle il est possible de négocier des « commissions ». Pour leur propre enrichissement personnel, les dirigeants algériens ont ainsi retardé, menacé et voulu compromettre le plus grand projet industriel de l’Algérie de ces 20, voire 30 dernières années ! C’est de la pure et simple folie.

Si CITIC est exclu de ce méga-projet, qui va apporter les 6 milliards de dollars nécessaires à sa réalisation ? La Sonatrach qui est en grosses difficultés financières à cause de la baisse drastique de ses exportations à l’étranger ? Une autre société privée chinoise qui n’a ni la bénédiction de l’Etat chinois ni les connexions avec les grandes banques chinoises ? En programmant la mise à l’écart de CITIC, ces lobbies sont en train de saboter tout simplement ce méga-projet qui permettra à l’Algérie d’entrer de facto dans l’industrialisation effective du pays.

Pour comprendre l’intérêt stratégique ce méga-projet, il suffit de savoir qu’à l’horizon 2050, la population mondiale atteindra 9 milliards d’habitants : le réchauffement climatique cumulé à la baisse des disponibilité des terres agricoles nécessite une augmentation des rendements de terres agricoles disponibles et donc le besoin en constante augmentation d’engrais. Qui contrôle la production des phosphates, contrôle la chaine de valeur mondiale de production agricole.

L’Algérie dispose de 2 milliards de tonnes de phosphate naturel, parmi les premières réserves mondiales avec la Chine et le Maroc ; pourtant aujourd’hui non exploitées alors qu’il représente un revenu additionnel de 3 milliards de dollars US par an. Avec le PPI de Tébessa, l’Algérie deviendra un pôle industriel majeur dans domaine hyper-stratégique. Mais la malhonnêteté et la cupidité de certains actuels dirigeants algériens risquent de saboter définitivement ce méga-projet industriel.

 

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13 تعليقات

  1. Peut être aussi pour ralentir la main mise chinoise sur se projet qui deviendra leur propriété, un peu de sérieux quznd même, c est au maroc qu on brade le sol ( et les enfants) .
    Donc mieux se renseigner avant de dire que le sabotage est mercantile.
    Peut être qu’il sert surtout les intérêts chinois.
    #toutoune : occupe toi de tes bébé nageur

  2. Un compte rendu peu convaincant sur le fait que les responsables chargés de préserver les intérêts du pays puissent s’adonner à des conduites malhonnêtes sans que les services de sécurité et le president la république n’en soient informés de ce qui se trame au sein des principaux organismes état. Pourquoi le journaliste enquêteur ne s’était-il pas investi profondément sur les intentions réelles de la société CITIC n’oublions pas que la mainmise des opérateurs chinois sur la majorité des projets en Algérie a été obtenu grace à leurs sournoises tentatives de corruption, de dessous de table et à la faiblesse des capacités de nos dirigeants. En tout état de cause, dans cette affaire de phosphate il y anguille sous roche et la vérité est cachée au soi-disant peuple souverain.

  3. tout sabordage de ce projet profite aux lobbys marocains; vous êtes victime de grossière désinformation; ce projet vise en deux phases à atteindre 30 millions de tonnes de minerais de phosphates totalement transformées en Algerie et dont l’évacuation vers les usines de transformation ne peut se faire par voie ferrée mais par slurry pipes

  4. Merci Redalger pour cette précision.
    Précision qui au passage n effleure pas un neurones de nos Sangliers attitrés et fiers d’être des Néo Harki…
    Eux ils se nourrissent des glands pourris que leur jette Semmar l’ex protégé de la Issaba Bouteflika…

    Mais comme dirait Toutoune : le sanglier est un être lucide….

    Hahahahahaha….

    P.s : Si le projet avançait comme prévu qu’aurait dit Zemmar ? Que ce projet est un gouffre financier ou un truc dans le genre…

    Il le rappelle les bâtards qui volent la nuit et pleurent le jour….

  5. Phosphate , or , diamond , donnez a la Algerie nouvelle toutes les richesses de la terre ( d’aulleur elle les as ou elle les avait ) qu’est ce que ca va changer . Le passe est garand du futur , on n’as rien fait pendant plus de 49 annees avec le gaz et le petrole et comme par hasard aujourdhui on s’est decouvert une mentalite mercantile et on va tirer et beneficier des retombes economiques de pseudo gisements soit ils d’or phosohate petrole ou n’importe qu’elle autre minerai …. Peufffff pathetique .

  6. La Issaba a bloqué tout les projets structurants à cause de la règle absurde du 51/49 non seulement pour décourager les investisseurs sérieux mais surtout pour imposer leurs « oligarques » et leurs commissions
    L’argent du pétrole et du gaz leur a permis de faire passer leurs projets rémunérateurs sans avoir à faire valider « la faisabilité des projets » , leurs rentabilités et leurs coût par des banques étrangères ( financement extérieur )
    Ce projet ira jusqu’au bout car les chinois ont l’expertise, le financement et l’habitude de traiter avec des « pays non démocratiques  » avec leurs bureaucraties et les blocages de petits fonctionnaires véreux
    Le projet du Grand port du centre a démarré , et sera gérer par des entreprises chinioises de bout en bout et cela rendra le coût du transport maritime concurrentiel pour l’import comme pour l’export
    l’Algérie a enfin accepté ce que même les pays riches ont adopter depuis longtemps aux sociétés privés, une concession sur 30 ans…l’autoroute Est ouest aurait couté Zéro Dollard à l’état car une concession au maitres d’oeuvres d’une dizaine d’année (ou 15) nous aurait fait économisé 10 milliards…le concessionnaire se rembourse sur les payages , les stations services, les commerces et les zones de repos ,mais l’entretiendra pendant toute la durée du bail
    Le prix d’un contenaire Europe-chine coute 3 fois moins cher qu’un contenaire Algérie Marseille pénalisant nos importations ou et surtout nos exportations …les bateaux restent en rades des jours parfois des semaines avant de débarquer leurs marchandises , les bateaux à forte tonnage ne peuvent pas accoster dans nos vieux ports à faible tirant d’eaux …on a toujours privilégié les ports pétrochimiques
    Pour le projet de Ghar Jbliet de Tindouf, et des projets aussi complexes ,qui ne peuvent rentabiliser que sur des décennies il faut abolir cette règle du 51/49, car l’investissement de départ est faramineux et il faut construire la ligne de chemin de fer reliant Tindouf à Béchar
    Cela désenclavera le sud algérien et créera des dizaines de milliers de postes
    Les chinois ont déjà rentabilisé des gisements miniers en afrique, créer des lignes de chemin de fer, des ports en eau profonde et tout

  7. Zemmar nous fait un article sur le nouvel aéroport d’oran…qui a été confié à des compétences algériennes…comme si on avait l’expertise d’un tel projet…son coût initial a déjà doublé et il ne sera terminé que la fin de cette année ou début de l’année prochaine …pour les jeux méditéranéen de 2022
    Mais Zemmar n’a pas dit un mot sur le premier stade olympique à Oran depuis l’indépendance construit par une entreprise chinoise …c’est un bijou ( j’ai vu la vidéo sur le journal El Watan)..mais zemmar aime faire de l’Algérie Bashing
    On est nul, on est les derniers des dernier, des losers …cela fait le buzz