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vendredi, avril 26, 2024

Révélations. Le PDG de Sonatrach veut remettre en selle le groupe pétrolier britannique Petrofac noyé jusqu’au cou dans un immense scandale en Algérie

Algérie Part avait révélé récemment en exclusivité l’ouverture de nouvelles enquêtes visant Saipem et Petrofac. Et nous venons d’apprendre que l’enquête ouverte par les autorités algériennes à l’encontre de Petrofac pour des soupçons de pots-de-vin, de corruption et/ou de blanchiment d’argent est en passe de connaître une progression spectaculaire suite aux preuves accablantes rassemblées par les services de sécurité.  

En effet, Algérie Part a pu confirmer auprès de plusieurs sources concordantes que le Tribunal de Sidi M’hamed à Alger devrait annoncer dans les prochaines semaines l’inculpation de l’ex-PDG et fondateur de Petrofac, Ayman Asfari et dans la foulée demander à Interpol son arrestation et aux autorités anglaises leur assistance en vue de son extradition vers l’Algérie. Il s’agit, bel et bien, d’un dossier très lourd qui risque d’éclabousser le groupe Sonatrach.

Il faut savoir que le milliardaire Ayman Asfari est un sulfureux homme d’affaires qui jouit de  la double nationalité syrienne et britannique. Il réside officiellement à Londres. Petrofac est sous enquête par le Serious Fraud Office (SFO), à savoir l’agence gouvernementale britannique de répression des fraudes financières qui joue le rôle de l’office anticorruption de la couronne britannique, pour son rôle dans des faits de corruption en Irak, Iran Arabie Saoudite, au Kazakhstan et surtout aux Emirats-Arabes Unies. Désormais, Petrofac et son ancien PDG se retrouvent aujourd’hui poursuivis pour des faits similaires en Algérie.

C’est dans la plus grande discrétion et avec une célérité et grande efficacité, qu’il faut saluer au passage, que le tribunal de Sidi M’hamed à Alger a mené son enquête et pu démêler un nouveau pacte de corruption passé entre Farid Bedjaoui, Chekib Khalil, Mohamed Méziane et Mustapha Hanifi et d’autre part Ayman Asfari.

La Justice Algérienne à décidé de rouvrir le dossier de l’attribution et la réalisation du train de GNL d’Arzew où Saipem et Petrofac ont magouillé ensemble grâce à l’appui du Ministre de l’énergie, du PDG de Sonatrach et du DGH de l’époque.

Mais cette enquête n’est qu’une seule facette de l’Iceberg d’un dossier plus intéressant sur lequel les services de sécurité algériens ont enquêté dans la plus grande discrétion depuis plusieurs mois. En effet, au cours de nos investigations nous avons appris qu’en janvier 2011 Petrofac a bénéficié du projet d’EPC (ingénierie, fourniture et construction) du Groupement d’In Salah Gas (ISG) qui regroupe Petrofac, BP et Equinor pour un montant pharaonique de 1,2 milliard de dollars.

CE PROJET EPC a été lancé début 2010 quand le trio Chakib Khalil ( tout puissant Ministre de l’Energie) Mohamed Meziane (PDG de Sonatrach) et Moustapha Hanifi (DGH) A régné sans partage sur le secteur pétrolier qui est leur chasse gardée et le terrain de jeu de centaine de millions de dollars de corruption. Farid Bedjaoui l’homme clef des contrats de Chakib Khelil est à la manoeuvre et l’agent de Petrofac qui lui a versé à travers ses sous-traitants des dizaines de millions de dollars au Liban; pays dont Farid Bedjaoui possède aujourd’hui la nationalité, grâce à l’entregent d’un homme d’affaires libanais appelé Nizar Younes (que tout le monde surnomme en Algérie Monsieur Nizar), constructeur de court chez Petrofac et qui officie actuellement sur le projet d’Ain Tsila, un champ de condensat de gaz situé dans le bassin d’Illizi.

En Janvier 2011, Nordine Cherouati, qui avait remplacé Mohamed Méziane à la tête de Sonatrach, à la suite des pressions de Chekib Khalil et Farid Bedjaoui, signe le contrat de la décennie pour Petrofac.

Malheureusement pour ce clan affairiste, l’attaque terroriste d’In Amenas en 2013 vient chambouler leur plan, retarde le développement des champs d’In Salah Gas (ISG) pour des raisons sécuritaires, pendant plus d’un an et créé au passage des coûts imprévus qui remettent en question la profitabilité pour Petrofac et surtout le paiement des commissions qui auraient été promises à la bande de Chekib Khelil.  Des commissions estimées selon nos sources à plusieurs centaines de millions de dollars. Qu’à cela ne tienne ! Petrofac serait prête à régler ce montant si le groupement d’ISG qui inclus BP et les norvégiens Equinor (anciennement Statoil), et surtout Sonatrach, acceptent de payer 330 millions de dollars de fausses factures à Petrofac pour des réclamations supplémentaires de travaux inexistants. Ainsi depuis 2014, Petrofac essaye avec le lobby en sous-main de Farid Bedjaoui de se faire payer 330 millions de dollars d’indemnités.

Évidemment les anglais de BP et les norvégiens d’Equinor refusent ce chantage malgré les menaces de Petrofac d’arrêter le chantier et de lancer un procès en arbitrage international. En 2020, BP et Equinor décident d’offrir 98 millions de dollars à Petrofac pour éviter un procès en arbitrage international car BP veut vendre ses parts et quitter en catimini l’Algérie.

Ainsi, BP a confirmé à Sonatrach son souhait de ne pas s’embourber dans des scandales, ni prendre le risque d’être poursuivi par Petrofac pour un procès en arbitrage international et préfère vendre sa participation et donc trouver un accord à l’amiable avec Petrofac et cela malgré les réserves émises par la compagnie norvégienne Equinor qui s’oppose à cette « tentative de racket et d’extorsion de fonds ».

Mais la tranquillité de BP sera rapidement troublée par les réactions de PETROFAC qui va remettre en cause le montant des 98 millions de dollars proposés par le Groupement d’ISG. Et pour cause, ce montant ne couvre même pas la commission promise à la bande.. ! Dès lors Petrofac ne peut pas accepter ce montant et préfère déposer en November 2020 une requête en arbitrage devant la Chambre de Commerce Internationale (CCI) contre les 3 membres du groupement d’In Salah Gas, à savoir Sonatrach, BP et Equinor. Petrofac, selon les documents confidentiels obtenus par nos soins au cours de nos investigations, réclament toujours 330 millions de dollars d’indemnités.

Sonatrach et son PDG actuel, Toufik Hakkar, sont totalement dépassés par les enjeux financiers et terrifiés à l’idée de perdre un tel procès en arbitrage international, qui constitue l’héritage des années affairistes de l’ère Chakib Khelil/ Bouteflika.

Le nouveau PDG de Petrofac le franco-egyptien Sami Iskander qui a remplacé en décembre 2020 Ayman Asfari, dont la réputation et les frasques judiciaires devenaient gênantes pour Petrofac, a obtenu récemment un entretien en tête à tête avec le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar. Pour Iskander, il est impératif de restaurer, à n’importe quel prix, même s’il faut sacrifier Asfari, la relation avec Sonatrach qui est le 2me plus gros client de Petrofac après le groupe Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), qui est aussi en passe de black-lister Petrofac.

Sans accès aux marchés des EPC d’ADNOC et de Sonatrach, et après avoir déjà perdu ceux des groupes SOMO (Irak) et d’ARAMCO (Arabie Saoudite) pour cause de corruption, Petrofac se retrouverait au bord de la faillite sans nouveaux contrats.

Ainsi Iskander se serait engagé à retirer la demande d’arbitrage si en échange Sonatrach acceptait de ne pas black-lister Petrofac au même titre que le géant canadien SNC-Lavalin l’est depuis plusieurs années.

Toufik Hakkar a, de manière incompréhensible, accepté ce marché de dupe sans consulter les ministres de la Justice et de l’Energie et en toute violation des règles des marchés publics en Algérie. L’actuel PDG de Sonatrach a d’ores et déjà commencé à offrir de nouveaux cadeaux à Petrofac pour leur garantir une réconciliation en bonne et due forme. Preuve en est, la qualification technique de Petrofac dans le BAOSEN du 25 janvier 2021 sous la référence 843 094 00 qui lui permet de soumettre une offre commerciale pour la réalisation en EPC du Gaz Debottlenecking Train III ROD et une nouvelle unité de déshydratation de gaz et régénération du glycol TEG-Train III pour le groupement Sonatrach-ENI .

Néanmoins, selon les informations obtenues au cours de nos investigations, et confirmées par de multiples sources judiciaires proches du tribunal de  Sidi M’hamed à Alger, la justice algérienne ne devra pas tarder à prendre les choses en main grâce aux enquêtes menées depuis 2019. Des enquêtes qui permettront d’inculper le fondateur et ex-PDG de Petrofac, Ayman Asfari dans un scandale sans précédent en Algérie.

Les juges algériens seront, par ailleurs, dans l’obligation morale de demander à Sonatrach de dénoncer tous les contrats liant Petrofac à Sonatrach pour cause de corruption et de soupçons de versements de pots-de-vins. Dans ces conditions, le groupe pétrolier britannique Petrofac risque de se voir ainsi signifier la résiliation de ses contrats en cours où une partie de la construction a été d’ores et déjà attribuée au fameux Monsieur Nizar, un sulfureux personnage syrien domicilié à Beyrouth et sur lequel nous publierons prochainement de nouvelles révélations dans nos futures enquêtes en préparation.

 

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