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jeudi, mars 28, 2024

Révélations. Comment le Président de la Cour Suprême protège Zoukh et lui permet d’échapper impunément à la prison

A la fin du mois d’octobre 2019, Algérie Part avait révélé les relations troublantes entre l’actuel président de la Cour Suprême en Algérie, Abderrachid Tabi, et l’ancien Wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, l’homme qui est impliqué dans plusieurs gros scandales de corruption en compagnie de son fils. Dossier d’Abdelghani Hamel et ses enfants, celui d’Ali Haddad, de Mahieddine Tahkout ou du sinistre général Ghali Belkecir, l’ancien commandant de la gendarmerie nationale, Abdelkader Zoukh est cité dans tous ces dossiers pour avoir octroyé des privilèges illicites, d’indus avantages, des terrains ou assiettes foncières appartenant au patrimoine de l’Etat ou des marchés publics sans aucun respect de la réglementation en vigueur. 

Mais en dépit de son implication clairement établie dans plusieurs de nos enquêtes, Abdelkader Zoukh a échappé miraculeusement à la prison et aucun juge n’a voulu le mettre sous mandat de dépôt pour rejoindre les autres membres de la « Issaba » à la prison d’El-Harrach ou la prison de Koléa. Miracle ? Non pas vraiment mais une protection en haut lieu que lui fournit son allié et ami secret l’actuel Président de la Cour Suprême, Abderrachid Tabi.

Lors de notre précédente révélation, nous avions expliqué que Abderrachid Tabi et Abdelkader Zoukh se connaissent depuis des années et le Wali qui avait dirigé la capitale Alger d’octobre 2013 jusqu’à avril 2019 n’avait pas hésité une seconde à user de ses fonctions et pouvoirs pour faciliter l’acquisition d’une importante assiette foncière à Ain Benian au profit du magistrat qui présidera à partir de l’été 2019 la Cour Suprême, la plus haute et importante juridiction en Algérie.

Quelques années après ce “précieux coup de main”, Abdelkader Zoukh se retrouve confronté aux juges de la Cour Suprême pour être entendu dans plusieurs dossiers et affaires de corruption. Plusieurs observateurs et sources judiciaires ont dénoncé un véritable “conflit d’intérêt” car, à chacune de ses comparutions devant la Cour Suprême, Abdelkader Zoukh bénéficie d’une clémence intrigante et échappe toujours au mandat de dépôt.

Mais dans les faits, les realtions entre les deux hommes sont beaucoup plus complexes et engagent des intérêts beaucoup plus puissants. Nos investigations ont permis d’identifier plusieurs relations autour d’intérêts mercantiles qui ont été nouées entre Abdelkader Zoukh et Abderrachid Tabi. En vérité, ce dernier protège coûte que coûte Abdelkader Zoukh pour lui renvoyer l’ascenseur en raison d’un immense « service rendu ».

Ce « service rendu » a profité au beau-frère d’Abderrachid Tabi, un certain Yacef Mohamed qui est en ce moment le directeur de l’Etablissement de gestion de la circulation et du transport urbain (EGCTU), un organisme chargé de gérer les affaires de tout le secteur du transport urbain à Alger comme la gestion des parkings publics, les routes, les accès, les gares routières, etc.

Il s’agit d’un EPIC, à savoir un établissement à caractère commercial. C’est Abdelkader Zoukh qui a recruté Yacef Mohamed, le beau-frère du président de la Cour Suprême, en le désignant à la tête de cet établissement stratégique. Une nomination qui cause jusqu’à aujourd’hui une immense polémique en raison du passé sulfureux de Yacef Mohamed et ses pratiques immorales.

En effet, le beau-frère du Président de la Cour Suprême, Yacef Mohamed est un ancien haut responsable du ministère des Transports où il dirigeait les moyens généraux. Mais il ne fera long feu au niveau de ce ministère à cause d’un scandale d’harcèlement sexuel qui fera beaucoup jaser. Plusieurs employées de ce ministère ont dénoncé les comportements à connotation sexuelle que Yacef Mohamed a tenté de leur infliger. Vers 2016, Yacef Mohamed est appelé à quitter définitivement le ministère des Transports.

Abdelkader Zoukh le récupère et lui permet de rebondir grâce à cette nomination à la tête de l’EGCTU. Et en plus, l’ancien Wali d’Alger lui offre une impunité totale. Plusieurs scandales se succèdent à l’EGCTU, mais jamais l’ancien Wali d’Alger n’a voulu bouger son petit doigt. A titre d’exmple, Yacef Mohamed introduit dans le management de l’EGCTU un ami affairiste, un certain Djamel Edoui. Les deux compères vont gérer les budgets de l’EGCTU comme s’il s’agit de leur portefeuille privé.

Preuve en est, l’EGCTU était conventionné avec la société publique d’assurances la SAA. Ils vont rompre cette convention et sélectionner un nouveau assureur, le privé l’Algérienne des Assurances les 2A. Pis encore, le contrat sera conclu avec un simple agent agréé de la 2A situé à la rue Hassabi Ben Bouali d’Alger-centre alors qu’il aurait fallu négocier et traiter avec la maison-mère.

D’autre part, depuis l’arrivée de Yacef Mohamed à la tête de l’EGCTU, plusieurs machines de traçage routier pour marquage au sol sont tombées en panne dans des circonstances étonnantes. Et comme par hasard, l’EGCTU change de fournisseur et choisit un fournisseur privé pour acquérir une nouvelle machine au prix de 600 millions de centimes. Et pendant ce temps-là, les rues d’Alger sont restées de 4 à 5 mois des routes sans traçages.

Algérie Part poursuit les investigations sur la gestion opaque de l’EGCTU et publiera prochainement toute une enquête approfondie sur ce dossier. Signalons enfin que jusqu’à aujourd’hui, Yacef Mohamed occupe toujours les fonctions de patron de l’EGCTU. Ce dernier est le parent direct de l’épouse d’Abderrachid Tabi qui est la présidente de la section criminelle du tribunal d’Hussein Dey. Quant à Abderrachid Tabi, il avait occupé les postes de Secrétaire général (SG) du Tribunal militaire de Blida (dans le cadre du service national), de procureur de la République près plusieurs tribunaux (Sidi Aissa, Sour El Ghozlane, Boussaâda et Bouhadjar), de Procureur général adjoint près la Cour de Sétif, de Directeur du personnel de rééducation au ministère de la Justice, de chef de cabinet du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de Procureur général près les Cours d’Oum El Bouaghi et de Bouira et Avocat général et Procureur général adjoint près la Cour suprême. Tabi a occupé également des postes supérieurs en dehors du secteur de la justice, notamment ceux de chef de cabinet du gouvernement d’Ahmed Benbitour, de chef de cabinet du ministre des Moudjahidine, de chef de cabinet du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), de Secrétaire général de l’APN et de Directeur général des relations internationales au sein de la même instance législative.

De son côté, Abbdelkader Zoukh jouit toujours de l’impunité et sa liberté alors qu’il avait participé grandement à la dilapidation des deniers publics ces 10 dernières années.

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