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jeudi, avril 25, 2024

Ralentissement de la connexion internet : personne ne veut encore dire la vérité aux Algériens

C’est le flou total. Pendant tout un week-end, la connexion internet s’est ralentie terriblement sur tous les réseaux : mobile et ADSL. Les Algériens et Algériennes ont éprouvé toute la peine du monde pour se connecter à internet. Et jusqu’à cette heure-ci, aucune instance officielle n’a communiqué la moindre explication rationnelle pour informer les algériens des véritables causes de ce méga-problème qui a paralysé le pays. 

Algérie Télécom a pondu un seul communiqué de presse dans lequel elle affirme « qu’une perturbation du réseau internet international enregistrée dans certains pays du monde, dont l’Algérie, est à l’origine d’une perturbation dans le réseau national ». Algérie Télécom a assuré également que « ses équipes spécialisées veillent à la prise de toutes les mesures nécessaires afin de garantir le service à ses clients », conclut la source. Ces explications ne sont pas du tout convaincantes. Pis encore, elles sont fausses.

Et pour cause,  NetBlocks, une organisation non gouvernementale qui surveille la cybersécurité et la gouvernance d’Internet, ses bureaux de Londres et d’Istanbul contrôlent les coupures de l’Internet au niveau mondial grâce à l’Observatoire des coupures de l’Internet (Shutdown Observatory) et de l’outil COST, a prouvé que seule la connectivité de l’Algérie a baissé jusqu’à 60% de ses capacités mercredi soir. La même ONG a fait savoir également qu’aucune perturbation n’a été signalée dans les pays limitrophes à l’Algérie. Algérie Télécom a donc menti. Mais pourquoi ? Et quelle est la vérité ?

Pour l’heure, plusieurs versions circulent. La première version accuse Algérie Télécom d’incompétence et de mauvaise gestion. Selon certaines sources, ce ralentissement de la connexion internet s’explique par des mauvaises configurations opérées par les ingénieurs d’Algérie Télécom afin d’adapter les infrastructures de l’opérateur historique aux nouvelles offres commerciales consistant à proposer des réductions sur les abonnements ADSL. Les coupures ont intervenu à peine 24 heures après l’annonce de ces nouvelles offres commerciales.

Le prix d’un abonnement de 8 mégas est facturé au prix d’un abonnement 4 mégas. Les prix de l’abonnement de 20 mégas  ont été également revus à la baisse. Or, pour mettre en vigueur ces nouveaux tarifs, il est nécessaire d’intervenir techniquement sur les plateformes plus particulièrement le système de facturation NGBSS (New Génération Billing System ) acquis par Algérie Télécom auprès de l’opérateur Chinois Huawaei.

Selon nos sources, il semblerait que des mauvaises configurations ont été opérées par des techniciens manquant cruellement de compétences et d’encadrement avec pour conséquence une dégradation de la qualité du service internet.

Cette version n’a pas fait l’unanimité et d’autres sources estiment qu’au contraire, Algérie Télécom est victime d’une situation qui la dépasse ! Selon un fin connaisseur des TIC et cybersécurité, Algérie Télécom a été victime d’un « paramétrage » opéré au niveau d’une infrastructure de télécommunications appelée  la Meet Room située à El-Djemila, ex-La Madrague, dans la banlieue d’Alger.

Il s’agit, selon notre source, d’une action consistant à vider le cache des routeurs, des appareils permettant la communication entre un réseau local domestique et Internet, ce qui a provoqué une surcharge au niveau de ces routeurs et une lenteur alarmante au bout du fil pour l’utilisateur final, à savoir les usagers algériens de l’internet. Il s’agirait d’une opération de maintenance qui aurait été dictée, pour des raisons sécuritaires, à Algérie Télécom.

Mais cette version n’a pas convaincu tous les spécialistes des TIC. Certains experts n’hésitent pas à pointer du doigt une toute autre opération, bien plus dangereuse et… politique. Il s’git de l’installation de nouveaux équipements puissants dont le rôle est de contrôler rigoureusement le trafic internet de tout le pays. Selon des sources bien informées, les autorités algériennes négocient en ce moment avec des fabricants mondiaux et des partenaires étrangers pour acquérir des équipements qui permettent de recueillir « les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en Algérie ».

Les autorités algériennes ne veulent plus se contenter de réaliser le filtrage d’Internet, mais d’inspecter automatiquement les termes de la recherche et les données qui rentrent ou sortent du pays. Aujourd’hui, des pays comme Israël, la Russie ou la Chine proposent des équipements qui peuvent  même intercepter ce qu’on appelle dans le jargon internet « les paquets » se rendant au serveur DNS avec à l’intérieur leur petite URL en clair. Les paquets dont les URL contiennent des mots-clé classés par les autorités algériennes sensibles sont particulièrement suivies et interceptés. Mais pour rendre possible ces opérations, il faut installer des équipements très sophistiquées qui nécessitent une connexion internet de très haut débit. Et lors de cette installation de ces équipements, le trafic internet d’un pays comme l’Algérie peut être énormément perturbé. Mais là encore, aucune source officielle ou « autorisée » ne risque de commenter ces informations.

 

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