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vendredi, avril 26, 2024

Qualité des carburants en Algérie : comment la Sonatrach a « arnaqué » les automobilistes algériens

Les automobilistes Algériens ont été arnaqués par les dirigeants actuel de Sonatrach au sujet de la production des carburants de meilleure qualité notamment l’essence sans plomb avec un indice d’octane faible qui est néfaste pour les moteurs des voitures.

Il faut savoir à ce sujet que l’indice d’octane correspond à la proportion en pourcentage d’octane qui conduirait à un comportement équivalent en termes d’auto-inflammation. Exemple : on dit qu’un carburant a un indice d’octane de 95 par exemple, lorsque celui-ci se comporte, au point de vue auto-allumage, comme un mélange de 95 % d’iso-octane. Et si on fournit à sa voiture un carburant avec un indice d’octane trop faible, le combustible peut s’enflammer à l’allumage. On explique cela par la compression dans le cylindre.

Dans ce dossier, peu d’algériennes et d’algériens savent que la Sonatrach a été l’une des dernières entreprises au monde qui est passée à la production d’une seule essence, le sans plomb afin de se conformer aux règles environnementales en évitant l’échappement du plomb vers l’atmosphère.

Devant la difficulté de satisfaire le marché national, la direction actuelle de Sonatrach a décidé de produire une essence sans plomb de qualité inférieure à l’indice d’octane 91 au lieu de 95 et ce dans le but d’obtenir des quantités supplémentaires produites de carburants de moindre qualité à mettre sur le marché national. Cette option a été privilégiée afin de permettre à l’actuelle administration de Sonatrach de crier victoire au détriment de la sécurité des moteurs des voitures des Algériennes et Algériens qui seront fatigués prématurément, l’embiellage et particulièrement le vilebrequin avec cliquetis du moteur ce qui indique une haute température anormale de combustion impactant dangereusement la durée de vie normale des moteurs.

Il est à noter, par ailleurs, que l’essence sans plomb dotée d’un indice d’octane 91 actuellement produite par Sonatrach ne peut pas être commercialisée sur le marché international au regard de sa qualité médiocre. À l’heure actuelle, la norme européenne utilise l’indice 95 comme taux minimum d’octane dans l’essence. Cela signifie que tous les véhicules essence en circulation depuis 1991 sont conçus pour fonctionner avec de l’essence présentant un taux d’octane supérieur ou égal à 95. Comme tous les carburants fossiles, l’essence est un mélange de divers composants. Si sa composition globale varie peu, le taux d’octane de l’essence varie, et influence sa qualité.

Dans les pays développés comme les pays occidentaux, il a été prouvé que plus l’indice d’octane de l’essence est élevé, plus la combustion est maîtrisée, protégeant ainsi les performances et la longévité des moteurs. Et en ce moment, les pays développés s’orientent de plus en plus vers le sans plomb 98 qui offre de meilleures performances et une meilleure protection au moteur que le sans plomb 95.

Mais en Algérie, les dirigeants de Sonatrach ne tiennent pas compte de ces évolutions majeures et imposent toujours aux automobilistes algériens une norme d’essence sans plomb désuète basée sur un indice d’octane 91 ! C’est une régression alarmante qui mettra en péril la conservation du parc automobile algérien.

Sur un autre chapitre, il faut savoir que l’Algérie accuse toujours un retard dans la production des carburants.  Le projet de construction d’une nouvelle raffinerie à Hassi-Messaoud pour satisfaire les besoins du marché national en carburant essence et gasoil dont le contrat a été signé en fin 2019 affiche déjà un retard significatif et les travaux sur site n’ont même pas encore commencé.

La production actuelle en gasoil en Algérie est inférieure aux besoins du pays surtout que l’activité routière, maritime et aérienne reprend son rythme ordinaire d’avant la pandémie de la COVID-19.  La production maximale de gasoil en Algérie est de 10 millions de tonnes/an et la consommation nationale en temps normal est de 11,5 millions de tonnes/an comme nous l’apprennent les statistiques datant d’avant la pandémie de la COVID-19 qui a provoqué, certes, une chute de la consommation des carburants en raison des restrictions introduites par les mesures de confinement sanitaire.

L’Algérie souffre ainsi d’un déficit de 1,5 million de tonnes de gasoil qui sera compensé par l’importation en attendant le démarrage de la nouvelle raffinerie de Hassi-Messaoud.

La récente déclaration du PDG de Sontrach annonçant la fin de l’importation du déficit du gasoil n’est en vérité qu’une manipulation mensongère. Et pour cause, la Sonatrach a uniquement profité de la diminution de la consommation des carburants liée au confinement sanitaire, couvre-feu durant la pandémie sans oublier la récession de l’activité économique, industrielle et l’arrêt des projets stratégiques du pays ainsi que la limitation des importations. Ces paramètres ont contribué à réduire drastiquement le transport routier, et le maintien des avions cloués à terre et dont les quantités de Kérosène ont été déclassées mélangées au fuel au lieu de les exporter pour éviter des pertes sèches.

C’est dans ce contexte que la consommation des carburants a diminué en 2020-2021 permettant ainsi d’égaler le seuil de la production nationale de 10 millions de tonnes/an.

Et contrairement à ce qui a été annoncé récemment par Batouche Boutouba vice-président de Sonatrach, chargé de l’Activité Raffinerie/Pétrochimie, lors de son passage dans une émission de la Radio Chaîne III, la réduction de la facture des importations des carburants de deux milliards de $ n’a aucun fondement économique rationnel. Cette annonce est en réalité trompeuse car il y a lieu de déduire le montant des exportations du pétrole qui devait être raffiné en Algérie par défaut de capacité suffisante de raffinage. Si on prend en considération ce paramètre, le mode de calcul change radicalement et nous aboutissons à une facture d’importation des carburants qui a été réduite seulement de l’ordre de 300 millions de $ en calculant la balance complète.  Dès la reprise de l’activité ordinaire des transports collectifs et particuliers en cette année 2022, l’Algérie sera obligée une nouvelle fois de reprendre l’importation des carburants pour combler le déficit de sa production insuffisante.

 

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