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jeudi, avril 18, 2024

Procès des frères Kouninef : des petits fonctionnaires accablés, des ministres et hauts responsables oubliés !

C’est une véritable tragi-comédie ! Au tribunal de Sidi M’hamed à Alger, le procès des frères Kouninef a tourné au simulacre. Depuis mercredi dernier jusqu’à ce samedi, les audiences de ce procès ont accablé uniquement des petits fonctionnaires dépourvus de tout pouvoir au sein de la hiérarchie du pouvoir algérien alors que les ministres, dont deux qui sont encore en fonction comme Mohamrd Arkab l’actuel ministre des mines, ont été épargnés et oubliés par les juges. Un spectacle désolant.

De Mercredi à samedi, les juges en charge de ce procès qui était tellement attendu en raison du rôle ténébreux et stratégique joué par les frères Kouninef au sein du régime Bouteflika, ont uniquement auditionné des cadres et petits fonctionnaires de l’Aniref (Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière), de l’entreprise portuaire d’Alger ou de la direction générale du port de Djendjen à Jijel. En somme, des cadres dont le rôle a toujours été totalement mineur dans la prise des décisions au sein du pouvoir algérien.

Et chacun de ces cadre a répété exactement la même réponse lors des auditions menées par les magistrats : « je n’ai aucun pouvoir pour attribuer un quelconque privilège ou marché public aux frères Kouninef ».

A titre d’exemple, Abdelaziz Guerrah, directeur général du port d’Alger a été accusé d’avoir attribué des indus avantages qui ont permis l’enrichissement des frères Kouninef. Il est accusé plus précisément d’avoir attribué illégalement  les 7100 m2 cédés en concession à Cogral (ex-Sogedia), l’une des nombreuses sociétés appartenant aux frères Kouninef.

« Une note du ministère des Transports les a transférés à une autre société (…). Au début, Sogral avait demandé une superficie de 4 ha, que le ministre des Transports lui a accordée. J’ai répondu dans un courrier que je n’avais pas cette superficie. On m’a demandé ce qui était disponible. J’ai dit 7100 m2 », avait expliqué à ce sujet Abdelaziz Guerrah. La juge de siège qui a dirigé les audiences du procès s’est montrée insistante pour démontrer la culpabilité de cet accusé et le relance : « Le ministère vous a dit d’affecter une concession de 7100 m2 et vous, vous proposez d’ajouter 10 ans au délai d’exploitation »

Imperturbable, l’ex-DG du Port d’Alger répond : « nous étions en 2017 et la concession de Sogral devait expirer en 2027. Ils ne m’avaient pas précisé la durée de ce nouveau contrat. Le ministre m’a demandé un nouveau contrat d’une durée de 30 ans ».  Désappointée, la juge demande : « Pourquoi n’avoir pas refusé ? » Et Abdelaziz Guerrah a rappelé une nouvelle fois l’amère réalité que semble ignorer madame la juge : « J’ai exécuté les ordres du ministre. Des ordres qui entrent dans le cadre de ses prérogatives. Je ne peux pas refuser » !

Au lieu d’interroger les anciens ministres des Transports Boudjemaa Talai, Abdelkader Ouali ou Abdelmalek Boudiaf, les juges du tribunal de Sidi M’hamed s’acharnent sur des petits fonctionnaires qui ne détiennent aucune vérité sur les dessous des gros projets ayant fait la fortune des frères Kouninef puisque ces derniers sont tout bonnement « connectés » avec les principaux décideurs du régime Bouteflika.

Selon les relevés des écoutes téléphoniques dressés par les enquêteurs de la gendarmerie nationale, la liste des personnalités influentes avec lesquelles les frères Kouninef étaient régulièrement en contact est très longue : Saïd Bouteflika, Bachir Tartag, coordinateur des services de sécurité, Mokhtar Reguieg, directeur du protocole à la présidence, le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, Mahdjoub Bedda, ministre chargé des Relations avec le Parlement, Abdelghani Zaâlane, ministre des Travaux publics, Zemali Mourad, ministre du Travail, etc.

Tous les petits fonctionnaires qui ont défilé sur la barre des accusés de mercredi jusqu’à aujourd’hui samedi n’ont jamais parlé ne serait-ce qu’une seule seconde au téléphone avec Réda, Noah ou Karim Kouninef. La justice algérienne a une nouvelle fois sacrifié les plus faibles pour étouffer les vérités dérangeantes qui risquent d’être dites par les plus puissants.

Soulignons enfin que le parquet général  a requis 18 ans de prison ferme à l’encontre de Réda, 15 ans à l’encontre de Tarek-Noah et Abdelkader-Karim et 10 ans à l’encontre de Keddour Ben Tahar, avec une amende de 8 millions de DA pour les quatre accusés.

La peine la plus lourde a été requise contre Souad-Nour avec 20 ans de prison ferme, une amende de 8 millions de DA et le lancement d’un mandat d’arrêt international contre elle. Des peines allant de 3 à 6 ans de prison ferme avec des amendes d’un million de DA ont été requises à l’encontre de dix personnes également impliquées dans l’affaire, essentiellement des cadres des ministères de l’Industrie, de l’Agriculture, de l’Hydraulique, de l’Energie et des Télécommunications ainsi que d’autres secteurs où le groupe KouGC a obtenu des marchés.

 

 

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