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jeudi, mars 28, 2024

Pourquoi l’Algérie n’a toujours pas fini d’affronter les problèmes soulevés par la crise des liquidités

La crise des liquidités bancaires ou de la pénurie du cash, à savoir de l’argent liquide, plane encore et toujours sur l’Algérie en dépit de toutes les mesures financières prises depuis 2020 par les autorités algériennes. En vérité, cette crise est structurelle et reflète la complexité de la faiblesse de l’économie algérienne. C’est pour cette raison qu’elle est amenée à se reproduire régulièrement dans un avenir proche. Explications. 

Il faut savoir que cette crise des liquidités bancaires est, d’abord et avant-tout, provoquée par la dépendance maladive de l’Algérie vis-à-vis de la rente des hydrocarbures. Et pour cause, en 2020, la baisse des revenus des hydrocarbures a induit une forte baisse de la liquidité bancaire de l’Algérie. Les dépôts bancaires ont diminué entre mai et octobre 2020 parallèlement à la baisse des dépôts liés aux revenus pétroliers de Sonatrach.

Cette situation a été aggravée par le retrait des fonds d’épargne effectués par les déposants, à savoir les clients et usagers, d’Algérie Poste, ainsi que par le prélèvement par le Trésor des liquidités des entreprises publiques afin de financer le déficit budgétaire global. Pour faire à cette situation ayant engendré énormément de désagréments pour les algériennes et algériens notamment les retraités ou les salariés, le gouvernement algérien a fait accroître la liquidité bancaire, le ratio des réserves obligatoires des banques a été ramené de 10 % à 6 % entre mars et avril 2020, puis abaissé progressivement jusqu’à at-
teindre 2 % en février 2021.

En outre, la Banque d’Algérie a ramené le taux directeur de 3,5 % à 3 % entre mars et mai 2020, et les seuils de refinancement des titres publics ont été sensiblement relevés. Malgré ces mesures, il s’avère que la masse monétaire au sens large, à savoir a quantité de monnaie en circulation dans toute économie algérienne, a stagné entre mai et
octobre 2020. La principale raison de cette stagnation est la conversion de la liquidité supplémentaire en monnaie en circulation tandis que les dépôts bancaires continuaient de décliner. Cela signifie que la crise des liquidités a perduré encore en Algérie jusqu’au dernier trimestre de l’année 2020 en dépit de toutes les mesures prises par la Banque d’Algérie pour l’atténuer.

Il faut savoir que dans le jargon bancaire, la masse monétaire au sens large désigne la monnaie en circulation, les dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à 2 ans, les dépôts remboursables avec un préavis inférieur ou égal à trois mois et les prises en pension, les parts/unités de fonds communs de placement et les titres de créance ayant une échéance inférieure ou égale à 2 ans.

En Algérie, force est de constater que la reprise partielle des prix du pétrole et le recours à l’épargne du Trésor pour financer le déficit budgétaire ont permis à la liquidité bancaire et à la masse monétaire au sens large de se redresser en novembre et en décembre. Néanmoins, à la fin de 2020, la base monétaire, à savoir les billets et pièces en circulation qui représentent environ 15 % de la masse monétaire, les avoirs monétaires détenus par les titulaires de comptes auprès de la banque centrale, c’est-à-dire principalement les banques commerciales,  et les dépôts bancaires en M2, à savoir les billets, pièces et dépôts à vue auquel s’ajoutent les dépôts à court terme des particuliers et entreprises, étaient inférieurs à leur niveau d’avril 2020.

Et pourtant, durant la même période, la masse monétaire en circulation s’est accrue de 6,2 %. Cela signifie tout simplement que les banques algériennes ne captaient pas cet argent qui circulent dans le marché et les clients des banques continuaient de se méfier de la fragilité du système bancaire algérien en refusant de continuer à déposer leur argent dans leurs comptes courants ou d’épargne. En clair, l’actuel fonctionnement du système bancaire algérien va continuer à générer des crises successives de liquidités étant donné qu’il échoue à chaque fois à capter une grande partie de la masse monétaire en circulation. Et avec le déclin continue des dépôts bancaires, en raison principalement de la faiblesse  de l’activité économique des entreprises du pays avec des revenus de plus en plus bas et une incapacité avérée à verser les salaires des employés, cette crise des liquidités est réellement appelée à durer encore longtemps en Algérie.

Seule une croissance économique et des revenus conséquents créées par une économique productive et diversifiée rompant définitivement avec la dépendance vis-à-vis de la rentre des hydrocarbures pourrait enfin prémunir l’Algérie contre le danger persistant de la crise des liquidités.

 

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