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jeudi, mars 28, 2024

Pourquoi durant ces 20 dernières années, l’agriculture algérienne est restée traditionnelle et n’a connu aucune modernisation notable

C’est constat amer. En dépit de tous les milliards de Da injectés par l’Etat algérien pour développer la production agricole nationale, l’agriculture algérienne est demeurée traditionnelle, familiale et dominée par les petites exploitations agricoles minuscules. Ce qui a empêché malheureusement sa modernisation et l’intensification de sa production. Explications. 

En 2003, l’agriculture algérienne était dominée par les petites exploitations agricoles représentant la majorité du million d’exploitations agricoles que comptait à l’époque le pays. Elles étaient 52,3% à avoir une superficie inférieure à 5ha et 31,7% dont la superficie variait entre 5 et 20ha. En 2002/2003,  la superficie moyenne des exploitations
agricoles était de 8,3 ha en Algérie.

La majorité de ces exploitants pratiquaient encore une agriculture pluviale extensive ou semi-intensive. Ils peinaient à s’intégrer au marché et à améliorer leurs performances productives qui restaient soumises à des limites structurelles et à des difficultés d’accéder à des moyens de production performants. Les petits exploitants et les membres de leur ménage étaient ainsi souvent contraints à une pluriactivité saisonnière pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

Prés de 20 ans plus tard, rien n’a changé malheureusement dans le fonctionnement traditionnel de l’agriculture algérienne. Preuve en est, depuis 2018, le recensement général agricole a confirmé une nouvelle fois la prédominance des petites exploitations de moins de 5 ha, avec 62% des exploitations qui se répartissent sur 13% de la Surface agricole utile (Sau). A l’inverse, les 2% de grandes exploitations algériennes occupent 24% de la SAU. Par ailleurs, 8Mha, soit un tiers de la SAU, sont propriétés de l’État.

Cette gestion peu rationnelle du foncier agricole explique en grande partie pourquoi l’agriculture algérienne peine à se moderniser et améliorer sa production globale. L’Etat algérien était conscient de cette réalité et il avait entrepris des démarches pour tenter de résoudre ce problème. Preuve en est, après un long débat, une loi fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat avait été promulguée le 15 août 2010.

Sa principale disposition concerne la préservation des terres agricoles concernées en tant que propriété pérenne de l’État, leur exploitation devant se faire sous le régime exclusif de la concession d’une durée de 40 ans renouvelable. Moyennant redevance, les terres en concession deviennent hypothécables, cessibles et transmissibles. Un délai de 18 mois était accordé pour la constitution des données, et les premiers contrats ont pu être signés en mars 2012.

Mais ce dispositif n’a pas atteint ses objectifs escomptés. Et depuis 2016/2017, plus de 54% des exploitants agricoles ne possèdent pas de droit de propriété, ce qui représente 41% de la SAU du pays. Outre ce caractère informel de la tenure du foncier, la production agricole algérienne souffre d’un manque de moyens techniques : l’irrigation est insuffisante et la productivité est faible en raison notamment de semences souvent de mauvaises qualités et d’équipements insuffisants.

Avec des agriculteurs privés de grandes surfaces agricoles, et dépourvus de titres de propriété, l’investissement dans l’agriculture algérienne est, malheureusement, peu rentable et inefficace. Ce qui a compromis tous les efforts de l’Etat algérien dans sa bataille de recouvrement de la sécurité alimentaire nationale.

 

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