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jeudi, avril 25, 2024

Pénurie de tests PCR, de bouteilles d’oxygène : la situation des hôpitaux algériens frôle la catastrophe face au COVID-19

Loin des assurances télévisuelles présentées par les autorités algériennes pour faire croire au monde entier que la pandémie du COVID-19 ne fait pas de ravages dans le pays, les algériens et algériennes découvrent dans leurs hôpitaux une toute autre réalité.

En effet, loin des promesses des dirigeants algériens et du discours creux du ministère algérien de la Santé, les patients algériens atteints de COVID-19 découvrent que plusieurs hôpitaux de leur pays en 2020 souffrent encore de la pénurie des bouteilles d’oxygène médical. Ce scandale a suscité l’indignation générale à Biskra, au sud-est du pays. Plusieurs familles de cette wilaya ont confirmé qu’ils ont perdu des proches et des parents à cause de l’absence de ces bouteilles d’oxygène médical, un équipement médical si précieux pour maintenir les patients souffrant à un stade grave du COVID-19 en réanimation artificielle.

Face aux témoignages glaçants de ces familles, la population locale à Biskra a décidé de se mobiliser depuis plus d’une semaine pour collecter des fonds et acquérir ces bouteilles d’oxygène médical ainsi que d’autres équipements médicaux nécessaires au sauvetage des vies des patients victimes du COVID-19 et souffrant d’une dangereuse détresse respiratoire.

En un temps record, les citoyens de Biskra ont collecté six millions de dinars pour l’achat de concentrateurs d’oxygène et des manodétendeurs pour bouteilles avec barboteurs afin de les fournir aux hôpitaux de cette région des oasis réputée pour ses dattes succulentes.

Il faut savoir que la région de Biskra a été secouée la semaine passée par les décès de quatre membres de la famille Hamel (deux jeunes frères et leurs parents), cheikh Yazid Aloui, imam de la mosquée du quartier El-Boukhari de la ville de Biskra et ancien secrétaire du bureau de wilaya du parti Ennahda, Abdelhak Hassani et Lazhar Djezar, respectivement inspecteurs de l’éducation nationale. Ces victimes sont toutes mortes du COVID-19 à cause du manque cruel des bouteilles d’oxygène médical.

Une véritable tragédie qui a poussé le sociologue et universitaire Charaf Eddine Choukri à investir chaque jour les réseaux sociaux pour filmer les conditions déplorables dans lesquelles les patients atteints de COVID-19 sont en train d’être traités dans la wilaya de Biskra. Postant presque chaque soir des vidéos en arabe dialectal, cet universitaire ne cesse pas de dénoncer les conditions dans le service d’hospitalisation des malades du Covid-19 tout en déclinant l’identité des personnes décédées alors que lorsqu’ils se sont rendus dans les hôpitaux de la wilaya de Biskra, ils ne développaient pas des syndromes très sévères et dangereux.

« Sans eau, sans climatisation ni ventilation, les malades trainent en boxer et dorment à même le sol avant qu’ils succombent sur leurs matelas brulants, seuls sans assistance. L’hôpital est devenu un ‘’ghetto’’ ou on tue ‘involontairement’ les malades couronnés (…) la soif et la négligence, selon lui, sont les causes des décès et non pas le Covid19, pas a 100% », raconte ainsi cet universitaire dans l’une de ses vidéos poignantes.

« Les malades admis au service de Covid19 à l’EPH de Biskra, meurent de soif et de chaleur. Dans une région ou les températures dépassent souvent les 50 degré en été,  il est insensé d’interdire la climatisation et laisser mourir les malades de chaleur et de déshydratation. Les malades ne sont pas assistés surtout la nuit. Ils sont livrés à eux-mêmes. Certains,  meurent la nuit et restent dans leur lit jusqu’au lendemain », décrit encore le sociologue et universitaire Charaf Eddine Choukri.

Nous retrouvons le même panorama de l’horreur à Mecheria dans la wilaya de Naama où des parents de patients atteints de COVID-19 ont filmé un hôpital public totalement déserté par les médecins abandonnant des patients en réanimation privés de bouteilles d’oxygène médical à cause d’une pénurie inédite à laquelle personne ne trouve encore une solutions. Les images sont horribles. Des vieilles femmes en train de suffoquer, des personnes fragiles livrées à leur sort et des parents qui cherchent désespérément de l’oxygène médical pour tenter de sauver leur proche d’une mort qui semble certaine. Sur la toile algérienne, cette vidéo a suscité une indignation nationale, mais du côté des autorités on cultive toujours le déni.

 

Dangereux et inquiétant : des pénuries de l'oxygène médical sont constatées dans de nombreux hôpitaux algériens exposant…

Publiée par Algérie Part sur Samedi 4 juillet 2020

De leur côté, les médecins, proie facile pour des Algériens désorientés, désemparés face à l’ampleur de la catastrophe sanitaire, ne cessent de sonner l’alerte. Ils dénoncent régulièrement la pénurie des tests PCR dans toutes les régions du pays et les retards de livraison des résultats des tests de dépistage. A El-Bayadh, au sud-ouest du pays, des patients ont patienté pendant 15 jours pour obtenir les résultats de leurs tests de dépistage. A Khenchela, Sidi Bel-Abbès, il aura fallu attendre 10 jours pour obtenir les résultats des tests de dépistage. A Bord Bou Arreridj, un patient  attendu 20 jours avant d’obtenir le résultat de son test de dépistage. Un véritable record mondial ! A Blida et Bouira, des retards de 9 jours ont été constatés et dénoncés par des médecins mobilisés au niveau des unités COVID-19 des hôpitaux publics. Même à Alger, la capitale, des patients n’ont pas pu obtenir leurs résultats après avoir subi un test de dépistage pendant… 10 jours.

Des anomalies indignes d’un pays qui fut naguère riche de sa manne pétrolière. Des anomalies qui témoignent de la situation catastrophique qui prévaut au sein des hôpitaux algériens depuis le début de l’épidémie du COVID-19 dans le pays.

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