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vendredi, mars 29, 2024

Passations douteuses de marchés publics, trafic d’influence et intérêts occultes : l’ENNA, l’autre scandale occulté par l’Etat algérien

De nouvelles turbulences à l’Établissement national de la navigation aérienne (ENNA). Durant le mois de mai dernier, des préparatifs ont été lancés pour organiser la réception sur « Site Acceptance Test  » des équipements du projet du PDGEA prévue pour le mois de juillet 2022. Il s’avère que ces préparatifs visent à tromper les pouvoirs publics au sujet du bon déroulement de la mise en œuvre du projet de Développement de la Gestion de l’espace aérien algérien (PDGEA). 

En même temps, Algérie Part a pu confirmer au cours de ses investigations que le groupe espagnol INDRA, un important groupe espagnol spécialisé en équipements et systèmes aéronautiques, a engagé un ex-président directeur général d’Algérie Télécom, à savoir HALOUANE Hocine, comme son Project Manager en Algérie. Or le nouveau patron des activités d’INDRA en Algérie a un enfant qui travaille à l’entreprise ENNA au sein de laquelle il a occupé plusieurs postes de responsabilité à commencer par le poste de chef de service Radar central ensuite le poste de chef département technique central à la direction d’exploitation de la navigation aérienne.

Les recruteurs espagnols ont donc fait un choix bien étudié qui soulève des interrogations sur des situations flagrantes de conflit d’intérêts pouvant fausser l’attribution de certains marchés publics supervisés par l’ENNA. En parallèle, durant le même mois de mai dernier, les principaux responsables de l’ENNA ont organisé plusieurs réunions marathon avec le principal représentant d’INDRA à Alger. Ces réunions ont duré jusqu’à des heures très tardives, a-t-on pu confirmer au cours de nos investigations. L’objectif de ces réunions était de trouver des solutions rapides au problème des équipements achetés par l’ENNA auprès du groupe INDRA. Il s’agit des pupitres d’approche pour les aéroports d’Alger, Oran et Constantine.  Les hauts responsables de l’ENNA ont demandé l’aide de leur fournisseur espagnol pour éviter que les hautes instances de l’Etat algérien prenne connaissance des irrégularités commises autour de l’attribution de ces marchés très sensibles qui impliquent la sécurité aérienne du pays.

En vérité, comme il a été expliqué à plusieurs reprises dans les précédentes investigations d’Algérie Part, l’ENNA a procédé à une double acquisition de ces équipements aéronautiques auprès de deux fournisseurs espagnols distincts, à savoir DF NECLEO et INDRA. Ce qui a provoqué un lourd préjudice financier aux caisses de l’ENNA d’autant plus que cette double acquisition n’était guère justifiée par les plans de développement élaborés par l’ENNA.

Dans ce contexte, les hauts responsables de l’ENNA ont manigancé durant des mois pour trouver une échappatoire à cette situation alambiquée. Ils ont instruit les techniciens et les ingénieurs de l’ENNA de retirer et déplacer tous les modules de télécommunications (VCS, support strip, etc…) ainsi que les modules de navigation et de surveillance Radar des pupitres d’approche de DF NECLEO, un matériel très coûteux acquis dans le cadre du marché ENNA/DF NECLEO mis en service au mois de novembre 2021 et qui avait coûté aux caisses de l’état la somme de 590 961 689,02 DA, pour les remplacer par les modules vendus à l’ENNA par le fournisseur INDRA. Cette manoeuvre vise uniquement à berner les autorités publiques et à leur tête le ministère des Transports en lui faisant croire que tous ces équipements aéronautiques sont fonctionnels et les investissements lourds consentis pour leur acquisition étaient nécessaires.

Cette duperie a été mise en oeuvre par le nouveau project manager d’INDRA et le directeur général de l’ENNA ainsi que son staff dirigeant avec la complicité malheureuse des services chargés du suivi de ce dossier sensible au niveau de la Présidence de la République.

Malgré toutes ces exactions commises par le directeur général de l’ENNA, ce dernier envisage et prépare pour ce mois de juin une autre fraude grave et illégale. Il s’agit de la décision de reclassement et promotion exceptionnelle accordée pour 600 cadres de l’ENNA, issus principalement de l’entourage proche des principaux dirigeants de cette entreprise publique.

Il s’avère que ces décisions sont illicites car décidées hors de la convention collective de l’ENNA. C’est une véritable maladresse sur le plan juridique qui risque d’envoyer son auteur tout droit devant les tribunaux vu que tous les actes de gestion sont conventionnés entre l’employeur et les partenaires sociaux et toute action hors ce cadre est considérée comme une infraction à la loi du travail.

Ces dépassements démontrent que l’ENNA ressemble étrangement à la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA) de l’aéroport d’Alger. Comme pour un certain Tahar Allache,  le directeur général de l’ENNA, Safir Youcef, est imposé dans ses fonctions par des lobbys obscurs dans le seul de but de satisfaire des intérêts mercantiles menaçant l’intérêt général dans un secteur très sensible, celui de la sécurité aérienne. Jusqu’à quand l’Etat va-t-il rester indifférent face à cette situation chaotique ?

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