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samedi, avril 20, 2024

Malversations et pratiques opaques : énorme malaise à la Commission de régulation de l’électricité et du gaz

La Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG) est une institution entièrement méconnue en Algérie. Et pourtant, elle occupe un rôle stratégique dans le secteur de l’énergie, le seul secteur pourvoyeuse de devises pour l’économie nationale. Créée par la loi n°02-01 du 05 février 2002 relative à l’électricité et à la distribution du gaz par canalisations, la GREG a pour mission de mener la réalisation et le contrôle du service public de l’électricité et de la distribution du gaz par canalisations. Elle fait également du conseil auprès des autorités publiques en ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement du marché de l’électricité et du marché national du gaz et doit assurer la surveillance et contrôle du respect des lois et règlements y afférents.
La GREG doit aussi lancer et traiter les appels d’offres pour l’attribution des concessions de distribution de l’électricité et du gaz comme elle a pour mission de veiller sur  la réglementation, la rémunération des opérateurs du secteur ainsi que les tarifs à appliquer aux clients. Elle assure également la gestion de la caisse de l’électricité et du gaz qui prend en charge la péréquation des tarifs. C’est vous dire toute l’importance stratégique de cette institution. Malheureusement, les gestionnaires et patrons de la CREG profitent de la méconnaissance de l’opinion publique pour s’adonner à des malversations financières qui n’ont rien à envier aux scandales de corruption qui ébranlent Sonatrach ou Sonelgaz ainsi que les autres grosses entreprises étatiques algériennes.
Et pour cause, la CREG est dirigée depuis juin 2016 par un certain Abdelkader Choual, l’un des dirigeants les plus  controversés du secteur de l’énergie en Algérie. Il avait débuté sa carrière en 1980 à Sonelgaz où il avait occupé différents postes de responsabilité liés aux études stratégiques et de développement, à l’engineering financier et à la planification financière.  Entre 2000 et 2003, M. Choual était P-dg de la joint-venture Algesco formée de Sonelgaz, Sonatrach et de Général Electric.
Ce protégé de l’ex-ministre de l’énergie et ancien PDG de Sonelgaz  Nourredine Bouterfa, qui fait l’objet depuis des investigations menées par le parquet général de la cour d’Alger qui a relancé à partir de février dernier  les instructions judiciaires diligentées dans l’affaire de SNC-LAVALIN, mène à la tête de la CREG une politique qui lui permet de profiter de nombreux privilèges illicites. A titre d’exemple, Abdelkader Choual a occasionné des frais supplémentaires à la CREG en s’octroyant des privilèges très onéreux. Ce manager a multiplié par deux les frais de la location de son logement payé par l’argent public du CREG.  Abdelkader Choual s’est même permet de disposer d’un chauffeur qui le paie 100 mille Da par mois après l’avoir recruté auprès d’une filiale de Sonelgaz alors que la CREG a sa disposition plusieurs chauffeurs et véhicules. Autre privilège qu’il s’offre à sa personne, à 68 ans, Abdelkader Choual multiplie les voyages de formation à l’étranger alors que ses voyages sont destinés préalablement aux jeunes  cadres de la CREG. 
Le patron de la CREG a loué également une autre voiture avec voiture avec chauffeur auprès de MPV, une filiale de Sonelgaz, pour un coût dépassant par mois les 1 million de Da. Et pourtant, la CREG possède un parc roulant d’un nombre appréciable et suffisant pour couvrir ses besoins. A sa prime de location d’un logement de fonction estimée à 150 mille Da, le patron de la CREG s’est permet de déménager dans une nouvelle demeure qui coûte chaque mois plus de 200 mille Da. De l’argent public naturellement alors que l’Algérie travers une sévère période de crise financière.
Pis encore, Abdelkader Choual est si peu soucieux de la préservation de l’argent public qu’il attribue avec une légèreté déconcertante des marchés publics. A titre d’exemple, le marché du transport du personnel a coûté plus de 400 millions par mois à la CREG alors que cette institution publique avait une convention avec Sonatrach qui lui garantissait le transport du personnel grâce à des lignes desservant plusieurs points névralgiques de la capitale Alger à un prix nettement inférieur au montant du marché accordé par Abdelkader Choual à un opérateur privé.
Le patron de la CREG s’est également remarquer par ses recrutements de complaisance où il privilégie à chaque fois ses connaissances à l’image de l’un de ses amis un certain M. Zitouni qui est payé à chaque prestation plus de 30 mille Da pour des services et des travaux que la Direction des Ressources Humaines de la CREG peut facilement gérer ou assurer.
Par ailleurs, en 4 ans, aucun travailleur de la CREG n’a bénéficié de formation digne de ce nom  à l’étranger. Comme il avait signalé par nos soins au début de notre article, Abdelkader Choual prend un soin particulier à s’offrir à sa personne tous les voyages à l’étranger en dépit de son âge qui flirte avec les 70 ans. Preuve en est, récemment, un voyage de formation à Istanbul en Turquie devait concerner plusieurs jeunes cadres de la CREG. En pleine réunion de direction, il décide d’aller en Turquie avec un autre membre du comité de direction alors que cette formation à l’étranger concerne des jeunes profils inexpérimentés. Il s’avère que monsieur Choual ne rate jamais un voyage à l’étranger aux frais de la princesse. Canada, Europe ou Afrique du Sud, Abdelkader Choual est partout et s’impose comme le seul visage de la CREG. Un monopole sur les déplacements à l’étranger que personne n’a le droit de contester.
Face à ces pratiques immorales, les travailleurs de la CREG ont laissé éclater leur colère. Fin mai 2019, les travailleurs de la CREG lancent un mouvement de protestation et tiennent même un rassemblement devant le siège du ministère de l’Energie pour dénoncer les abus de pouvoir et de fonctions de leur patron. A l’époque, malheureusement, personne n’a voulu entendre le cri de détresse des travailleurs de la CREG.
Aveuglé par ses certitudes, au lieu de se remettre en cause et de corriger son attitude, Abdelkader Chouale a menacé et sanctionné les protestataires. Dans une note publique, le patron de la CREG a traité la trentaine de travailleurs qui ont rallié le mouvement de «pseudo-représentants et pseudo-défenseurs des droits des travailleurs», qui ne cherchent que leurs propres intérêts et tentent d’opérer un coup de force illégal. Un langage violent indigne d’un PDG soucieux des intérêts de son entreprise.
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