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samedi, avril 20, 2024

L’incroyable histoire de Rabah Meniker, un Algérien accusé à tort de terrorisme

C’est une histoire qui est digne d’un film. Et pourtant, c’est bel et bien le tragique destin d’un ressortissant algérien qui a vécu un véritable enfer judiciaire parce qu’il était accusé à tort de terrorisme. Il s’appelle Rabah Meniker et son histoire révélée hier lundi 6 décembre par le quotidien français Le Monde fait vraiment froid dans le dos. 

Et pour cause, cet Algérien âgé de 39 ans qui était résident en Belgique a été acquitté après plus de quatre années et demie de prison. Oui, il a passé 1 722 jours de détention en Belgique puis en France, dont 591 à l’isolement à cause d’une simple erreur de traduction qui lui a valu une inculpation de terrorisme en Belgique comme en France.

« Rabah Meniker a été acquitté à l’issue d’un procès pour terrorisme et de quatre ans et demi passés en détention provisoire. Mais que signifie la liberté quand personne ne vous attend ? Que signifie un acquittement quand votre vie a été piétinée ? Il n’est ni le premier ni le seul à avoir connu la prison pour rien. Mais son histoire est l’exemple extrême d’une justice antiterroriste affolée par une menace insaisissable et sous la pression de l’opinion et des politiques », raconte à ce propos le quotidien Le Monde en dressant le portrait émouvant de ce ressortissant algérien brisé par une monumentale erreur judiciaire.

« Rabah Meniker est né en 1982 à Skikda, dans l’est de l’Algérie, sous le sceau de la mouise. Il n’a que 10 ans lorsque éclate la guerre civile. Son père est assez aisé pour l’envoyer en France à 17 ans afin de le soustraire au service militaire. Son beau-frère, un militaire, a été tué et découpé en morceaux par les islamistes armés. Rabah vivote de petits métiers à Marseille, sa « deuxième patrie ». A partir de 2007, il fait des allers-retours de plus en plus fréquents en Belgique pour se rapprocher de celle qui deviendra sa femme. Une fille, Malak, naît en 2011. Meniker travaille sur des marchés, dans le bâtiment, le ramassage d’ordures. Tout ce qu’on veut bien lui donner », décrit ainsi Le Monde pour mettre en exergue son parcours totalement ordinaire, celui d’un migrant algérien venu en Europe chercher un avenir meilleur et fuyant les violences ou la misère de son pays natal.

Le cauchemar de Rabah Meniker commence le 25 mars 2016, trois jours après les attentats de Bruxelles, une série de trois attentats-suicide à la bombe : deux à l’aéroport de Bruxelles à Zaventem et le troisième à Bruxelles, dans une rame du métro à la station Maelbeek, dans le quartier européen, le bilan définitif avait fait état de 32 morts et 340 blessés.

Il avait fait été arrêté par les services de sécurité belges parce qu’il a été en contact avec un certain Reda Kriket à qui il vendait des parfums à Bruxelles.

L’infortuné ressortissant algérien s’est retrouvé par la suite devant une juge belge qui lui « signifie sa mise en examen dans le cadre d’une enquête française sur la cache d’armes d’Argenteuil (Val-d’Oise) – la plus importante jamais découverte en matière de terrorisme islamiste en France – et l’envoie à la prison de Saint-Gilles, à Bruxelles », explique Le Monde dans son portrait poignant où il est décrit comment Rabah était placé « à l’isolement » où il dormait dans une cellule « plus qu’insalubre », sans chauffage et aux fenêtres cassées. Toutes les heures, les surveillants viennent toquer pour vérifier qu’il est là, et qu’il est vivant. « Tu ne dors pas, tu ne manges pas : la nourriture est infecte. Pas de rasoir, pas de coiffeur. A la fin, tu as la tête d’un vrai terroriste », témoigne le migrant algérien dans les colonnes du quotidien Le Monde.

« Au bout de trois mois de détention et au gré des interrogatoires, il finit par comprendre que les enquêteurs lui reprochent une conversation en arabe avec Kriket dans laquelle il dit à son correspondant : « J’ai la marchandise [les parfums] », traduite par méprise « J’ai les armes ». En arabe, les deux mots sont proches mais « marchandise » (sila’) se prononce avec un « aïn » (son étranglé) en finale alors que le mot « armes » (silah) se termine par un « h » expiré. Un policier d’origine maghrébine lui confirme le malentendu lors d’un interrogatoire », explique plus loin ce portrait bouleversant qui raconte minutieusement comment une bête et incroyable erreur de traduction a abouti à un véritable cauchemar judiciaire pour un migrant algérien totalement pacifique et innocent.

Oui, c’est cette erreur de traduction qui va valoir à Rabah Meniker un long séjour en prison, plusieurs arrestations et interpellations musclées ainsi que des troubles psychiques qui vont peser sur sa santé pour toute sa vie restante.

« Mais la justice est lente. D’autant que les informations viennent de la police française : c’est elle qui a « sonorisé » (mis sur écoute) le véhicule de Reda Kriket et qui a fait traduire la conversation. En attendant, Rabah Meniker est transféré à la prison belge de Marche-En-Famenne, dans le sud-est du pays. L’exact contraire de Saint-Gilles, un autre type d’enfer qui sent le neuf et la peinture fraîche. Pour avoir droit à une promenade, seul pendant quarante-cinq minutes dans une cour de 4 mètres sur 5, il faut déposer sa demande à 7 heures du matin. Ni avant, ni après », révèle toujours et encore le récit du Monde qui a consacré à l’histoire incroyable de l’algérien Rabah Meniker un long article.

Après avoir été remis en liberté fin 2016 par les autorités belges, Rabah Meniker est de nouveau arrêté le 26 janvier 2017 pour être extradé vers la France qui le réclamait dans le cadre de la même enquête.

Il a été incarcéré à la prison de Villepinte (Seine-Saint-Denis) dans la région parisienne où il a été placé directement en quartier d’évaluation de la radicalisation (QER). En France, il sera transféré dans plusieurs prisons françaises pour les besoins d’une enquête judiciaire qui a été très lentement menée. Dans les prisons françaises, Rabat subira plusieurs évaluations qui concluront qu’il n’est pas un détenu radical. « Il n’est considéré ni comme dangereux, ni comme radicalisé. Mais les gardiens n’en croient pas un mot. Insultes et quolibets ne sont pas systématiques, mais fréquents : « rentre chez toi, sale terroriste », « sale Arabe, on s’en fout si tu meurs », etc », raconte Le Monde pour illustrer les souffrances innommables subies par ce migrant algérien ayant connu un sort tragique et inédit.

« De plus en plus révolté à mesure que le temps passe, ce qui n’arrange pas son cas, Rabah Meniker multiplie grèves de la faim, passages par l’hôpital, grève des médicaments, séjours en psychiatrie, détours par le « mitard ». Il pourrait écrire un guide des lieux de détention de la moitié nord de la France : Laon est le pire – « on en sort fou ou malade » –, Fleury-Mérogis le plus sale – « les murs collent littéralement ». Indigent, il n’a pas de quoi cantiner, ni d’acheter un réchaud électrique. Les appels téléphoniques se limitent au minimum : deux par mois. Il apprend, en 2020, que sa femme a divorcé deux ans auparavant : « Je la comprends. C’est sa famille qui l’a poussée. » », nous apprend encore ce portrait publié par le prestigieux quotidien français Le Monde d’après lequel les autorités consulaires algériennes ont été saisies par plusieurs correspondances et lettres, mais sans jamais bouger le petit doigt pour secourir l’infortuné Rabah Meniker.

L’enfer accablant Rabah va durer jusqu’à mars et avril 2021 lorsque son procès va enfin débuter. Les juges français vont s’apercevoir que son dossier est vide et qu’il est totalement innocent, voire victime d’une énorme bourde judiciaire et sécuritaire. Il sera ainsi acquitté et quittera la prison le 8 avril 2021. Mais Rabah est brisé, cassé et profondément détruit par ce qu’il vient de subir durant plus de 4 ans comme épreuves et humiliations.

« Sans papiers, sans emploi et sans toit, Rabah Meniker loge à droite à gauche chez les rares connaissances qui n’ont pas peur de le fréquenter, malgré son acquittement. Parfois dans une cave. Il a du mal à dormir dans un lit, à ne pas se réveiller toutes les heures, à décider quand il faut manger ou se coucher. Sa vie ne lui appartient plus, elle est restée dans la prison. Il souffre de troubles anxieux, dépressifs et du comportement alimentaire. Ses avocats ont déposé une requête en réparation. elle ne sera pas examinée avant un an ou deux », conclut enfin le portrait du quotidien Le Monde qui a parfaitement résumé les douleurs d’un migrant algérien victime de l’arbitraire, de l’injustice alors qu’il avait fui son pays pour espérer une vie meilleure, plus digne. Quel cruel destin.

 

 

 

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3 تعليقات

  1. Vous b parlez d’intervention consulaire, jamais le gouvernement algérien a défendu ses ressortissants ,ils savent juste vous taxé les passeports et autres et le reste ils s’en foutent intégralement des algériens, ce qu’ils savent ( les consuls) c’est de profiter au maximum sur les immigrés et le soir c’est d’aller trinquer avec certaines nanas et manger dans des restaurants de luxe. Un pays dirigé par une mafia qui a crée sa nomenclatura pour détruire le pays et le peuple. Regardez combien de consuls ont acheté des appartements et même des villas pour et leurs enfants.

  2. Ce n’est pas que la justice est lente pour le relaxer. Le dossier terrorisme doit exister et continue a exister. La machine qui est securitaire, politique et propagande mediatique doit fonctioner continuellement et trouver de nouveaux terroristes islamistes. Il y va de la structure meme de la politique, des nouvelles lois qui limittent les citoyens et des scenarios securitaire, ainsi que c’est l’alibi des colonisations en court et ceux qui sont dans le planning.

    Le terrorisme est aussi utiliser pour maintenir les peuples du « tiers monde » sous des dicatateurs et autres maitres des esclaves comme ceux du Golf (moyen orient), le maitre des esclaves du Maroc et biensur les generaux en Algerie, Egypte, Tchad, etc.

    Le petit homme qui a fait quatre annees de prison et a ete’ utiliser par la justice, les services de securite’, les politiques, les media n’est qu’une juste une petite piece qui est necessaire a faire fonctionner le systeme: Terrorisme et neo-colonialisme!
    Revoir le proces: Chalabi en France avec 130 accuses qui ont ete’ utilise’ pour plus de quatre annees dans une hysterie mediatique, politique, securitaire, diplomatique, economique et coloniale. La droite francaise utilisent cette fictions realite’ de donner en pature une population entiere pour la deshumaniser et si necessaire l’externimer!