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vendredi, avril 19, 2024

L’historien Mohamed Harbi : « L’essentiel pour Gaïd Salah c’est de maintenir l’autorité de l’armée comme jamais auparavant »

Mohamed Harbi, l’historien et universitaire algérien, spécialiste de la vie politique et de l’histoire de l’Algérie, ancien membre du FLN, et auteur de nombreux ouvrages de référence sur l’histoire de la révolution algérienne, s’est exprimé sur la crise actuelle politique que traverse en ce moment l’Algérie. Dans un long entretien publié ce vendredi par le prestigieux quotidien français Le Monde, Mohamed Harbi a indiqué que « l’essentiel, aujourd’hui, pour Gaïd Salah, c’est de maintenir l’autorité de l’armée, comme jamais auparavant. Pendant longtemps, l’armée avait composé avec la technocratie. Lui, il veut la mettre sous sa coupe, il veut la militariser à sa façon ».

A 86 ans, Mohamed Harbi reste l’un des intellectuels les mieux informés sur la nature du régime algérien et l’un des observateurs les plus avertis de la scène politique algérienne. L’historien s’est montré également très dur et critique à l’égard du bilan d’Abdelaziz Bouteflika. « Bouteflika a une responsabilité terrible dans ce qui va advenir. Il a partagé le pouvoir avec les militaires, car il croyait que plus l’armée engraissait, moins elle le dérangerait », a expliqué Mohamed Harbi dans les colonnes du quotidien français Le Monde.

L’auteur de l’ouvrage « Les Archives de la révolution algérienne » s’n est pris aussi aux généraux de l’armée algérienne des années 90 qui ont interrompu le processus électoral remporté par le FIS, le parti islamiste dissout, en 1991. Et même si Mohamed Harbi reconnaît que l’arrivée au pouvoir en Algérie du FIS « aurait été une défaite de la démocratie et de la pensée », il estime, néanmoins, que « la voie suivie était la meilleure parce que, quand on sort de la politique, on transforme les gens en activistes : il n’y a plus que le fusil qui parle. En tout cas, ceux qui ont géré la crise sont responsables de la suite. Les militaires voulaient y aller de toute façon, ils avaient choisi la confrontation ».

« Ils s’étaient déjà débarrassés de ce qui restait d’un peu socialiste en forçant Chadli à démissionner. Une fois la guerre contre le FIS gagnée, ils ont pu acheter les islamistes. Mais, pour cela, ils ont saccagé le pays, démantelé l’Etat et ouvert la porte à tous les appétits », a analysé enfin Mohamed Harbi, l’auteur de l’ouvrage « L’Algérie et son destin. Croyants ou citoyens ».

 

 

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