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vendredi, avril 19, 2024

Les protestations sociales : une opportunité pour le Hirak ou un piège ?

Bravant l’interdit et le danger de la pandémie du COVID-19, plusieurs centaines de manifestants ont battu le pavé aujourd’hui dimanche à Ouargla et M’sila pour dénoncer leurs très mauvaises conditions et la paupérisation de la population depuis le début du confinement sanitaire le 23 mars dernier en Algérie. 

A Ouargla comme à M’sila, plus exactement au niveau de la localité d’Aïn Errich des centaines de personnes ont dénoncé la pauvreté, la misère sociale et le chômage massif qui gangrènent la population de ces régions du sud et de l’intérieur du pays. Les banderoles déplorant les injustices sociales et les inégalités dont souffrent ces régions paupérisées de l’Algérie ont été brandies par de nombreux manifestants. Les pancartes interpellaient ouvertement Tebboune et lui rappelaient ses promesses de campagne. Force est de constater que les services de sécurité n’ont pas intervenu pour disperser violemment les manifestants qui ont violé les règles du confinement sanitaire. Aucune arrestation n’a été également, par ailleurs, signalée à Ouargla comme à M’sila contrairement à Béjaia où hier samedi, un premier rassemblement « politique » reprenant les revendications du Hirak a été violemment dispersé et réprimé. Trois activistes ont été également incarcérés par la justice.

Le comportement distinct des services de sécurité face à ces manifestations publiques a soulevé de nombreuses interrogations. Pourquoi un rassemblement politique a été violemment maté à Béjaia et des manifestations à connotation sociale ont été tolérées à M’sila et Ouargla ? Plusieurs théories circulent sur les réseaux sociaux et certains internautes algériens crient volontiers au complot pensant que le régime algérien veut emprisonner le Hirak dans un carcan de revendications sociales sans aucune relation avec la nécessité de changer le système politique qui monopolise le pouvoir en Algérie.

Le débat fait rage depuis plusieurs heures. Et les avis sont divergents. Néanmoins, il semble difficile de séparer le Hirak des futurs mouvements sociaux qui vont éclaté à la suite des effets désastreux de la pandémie du COVID-19 sur l’Algérie. La mauvaise gouvernance, les défaillances du gouvernement algérien et l’incompétence notoire de l’establishment actuel face aux problèmes sociaux et économiques suscités par le confinement sanitaire et la lutte contre la pandémie du COVID-19 ont nourri un véritable sentiment de colère populaire. Ces Algériens en colère ne sont pas forcément politisés. Ils ne sont pas également tous des anciens hirakists. Mais ils n’en demeurent pas qu’ils constituent une force sociale qui sera très active sur le plan politique dans les semaines et mois à venir en Algérie. Et pour cause, le COVID-19 a dévoilé plus que jamais les tares d’un régime politique incapable d’identifier les solutions adaptées aux besoins de la population algérienne. Il faudra bel et bien composer avec cette nouvelle donnée socio-politique en Algérie.

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