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mardi, avril 16, 2024

Les impressionnants dégâts de la planche à billets sur le taux de change du dinar algérien

Le dinar algérien dégringole depuis trois ans de façon continue face aux devises étrangères notamment l’euro et le dollar. Et la chute de la monnaie algérienne risque de  s’aggraver encore dans les mois à venir. Pourquoi ? C’est la conséquence directe de la planche à billets initiée par l’Algérie en 2017, souligne le dernier rapport de perspective de la Banque Africaine de Développement (BAD). 

En effet, les données publiées par la Banque africaine de développement (BAD) dans son supplément spécial de “Perspectives économiques en Afrique 2020” démontrent l’impact très négatif de la planche à billets, à savoir ce que le régime algérien a appelé le financement non-conventionnel, sur la valeur réel du dinar algérien.

Pour rappel, face à la volatilité des cours du pétrole, à la baisse des liquidités dans le système bancaire et à des conditions de financement de l’économie difficiles, le régime algérien a décidé en octobre 2017 de recourir à un mode de financement non classique. Une modification de la loi a autorisé la Banque centrale à acheter directement des obligations du Trésor au nom du gouvernement. Il a donc été possible de monétiser le déficit et de créer un surcroît de monnaie.

Au départ, le mode de financement non classique a été assujetti à des règles prudentielles. Par exemple, il est assorti d’une échéance de cinq ans, de 2017 à 2022, et le montant autorisé a été limité à un seul déterminé. Entre 2017 et 2019, une autorisation a été donnée pour créer jusqu’à3 050 milliards de dinars, soit près de 27,5 milliards d’USD. Ce qui représentait à l’époque pas moins de  15 % du PIB de l’Algérie en 2018. Toutefois, la monnaie créée a dépassé le montant autorisé.

Et pour cause, de la mi-novembre 2017 à mars 2019, le Trésor Public a mobilisé à la Banque centrale d’Algérie 6 556 milliards de DZD, soit 55 milliards d’USD ou 32 % du PIB  de tout notre pays en 2018. Un excès totalement dangereux et contre-productif.

Depuis mai 2019, le gouvernement algérien a suspendu ce mode de financement. Toutefois, comme celui-ci reste légal jusqu’en 2022, il pourrait encore être utilisé par le gouvernement pour financer le Trésor national. Et face à l’actuelle crise de liquidités, il est fort possible que le gouvernement mis en place par le président Abdelmadjid Tebboune relance une nouvelle fois la planche à billets puisqu’il s’entête à refuser l’endettement extérieur pour pallier au manque de ressources budgétaires qui paralyse le pays.

Cependant, aujourd’hui, le régime Tebboune doit faire face aux conséquences malheureuses d’une utilisation excessive de cette planche à billets : explosion de l’inflation, baisse drastique du  pouvoir d’achat des ménages et surtout un dérèglement du taux de change à moyen terme.

En effet, depuis 2017, le dinar algérien ne cesse de perdre sa valeur et de dégringoler. Preuve en est, en trois ans, il a perdu plus de 13 % face à l’euro. Depuis 5 ans, il a perdu plus de 26 % face à la monnaie européenne. Et naturellement, il s’agit-là du taux officiel du dinar algérien qui n’est pas soumis à la loi de l’offre et de la demande puisqu’il est pré-fixé par la Banque d’Algérie d’après des paramètres monétaires déconnectés de la réalité économique algérienne. En vérité, le dinar algérien est subventionné par la Banque d’Algérie qui veut le maintenir à un certain seuil pour garantir les équilibres financiers du pays. Cependant, ce mécanisme de la Banque d’Algérie n’a pas empêché une perte de valeur de plus de 14 % du dinar algérien depuis le début de cette année 2020. Durant les derniers 6 mois, le dinar algérien a perdu plus de 10 % de sa valeur face à l’euro.

La même tendance baissière du dinar algérien est observée face au dollar américain. Depuis le mois de janvier dernier, la monnaie nationale a perdu plus de 8 % face au dollar américain. Et depuis 3 ans, date du lancement de la planche à billets, le dinar algérien a régressé de plus de 14 % face au dollar américain. Et malheureusement, l’avenir s’annonce encore plus sombre pour le dinar algérien et par ricochet pour la stabilité économique de l’Algérie.

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