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vendredi, avril 26, 2024

Les dessous du deal proposé par la France à l’Algérie pour obtenir de nouveaux volumes de gaz naturel

La France souhaite officiellement augmenter ses achats de gaz naturel depuis l’Algérie. L’objectif escompté par les autorités françaises est de parvenir à une augmentation d’environ 50 % des volumes de gaz naturel livrés depuis l’Algérie vers le marché français. Mais pour arriver à concrétiser cet objectif, les autorités françaises ont fait une proposition inédite basée sur la récupération et l’exploitation du gaz torché. Explications. 

Avec son actuel niveau de production national, l’Algérie ne pourra pas fournir davantage de gaz naturel à la France. En ce moment, l’Algérie représente entre 8 et 9 % du gaz naturel consommé et importé par la France. Les premiers fournisseurs du marché français de gaz naturel demeurent la Norvège à hauteur de 36% des entrées brutes de gaz en France en 2020 et la Russie avec 17%. Mais depuis la guerre en Ukraine et le tarissement progressif du gaz russe en Europe, la France a procédé à la diversification de l’origine de ses importations afin de limiter les conséquences d’aléas techniques ou politiques éventuels (ex : conflits gaziers russo-ukrainiens). Les importations sous forme de gaz naturel liquéfié (environ 43% des importations françaises de gaz naturel en 2020 contre 38% en 2019 et 27% en 2018 selon BP(3)) offrent dans ce contexte à la France la possibilité de s’approvisionner auprès de nouveaux fournisseurs en acheminant du gaz jusqu’aux terminaux méthaniers, indépendamment du réseau existant de gazoducs.

L’Algérie fait partie de ces alternatives explorés par la France. Mais en l’absence d’une production nationale suffisante forte en Algérie et pouvant satisfaire la demande française ou européenne, la France a proposé un deal à l’Algérie : l’aider et l’accompagner technologiquement et scientifiquement pour récupérer et exploiter le gaz torché qui est rejeté dans la nature et inexploité.

Il faut savoir que le torchage du gaz est une pratique qui consiste à brûler les rejets de gaz naturel associés à l’extraction de pétrole. Cette pratique est le résultat de contraintes économiques et de marché, mais aussi d’un manque d’infrastructures ou de procédés scientifiques permettant la récupération de ce gaz brûlés notamment au niveau des puits de pétrole.

Selon l’édition 2022 du rapport du Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés (GGFR), l’Algérie fait partie des dix pays responsables de 75 % du volume mondial de gaz brûlé à la torche. En Algérie, un volume de 8,16 milliards de m3 ont été torchés provoquant ainsi des pertes économiques importantes, sans parler de l’impact très négatif sur l’environnement, car avec les cours mondiaux actuellement élevés du gaz naturel, ces quantités brulées peuvent rapporter des milliards de dollars USD à l’Algérie.

Dans ce contexte, la France propose un appui scientifique et technologique pour réduire les volumes de gaz torché afin de permettre à l’Algérie de le commercialiser. Et en contrepartie de cet appui, l’Algérie consentirait à augmenter ses livraisons de gaz naturel vers la France.

« Les deux parties sont convenues de coopérer ensemble sur la transition énergétique – notamment à travers une coopération dans les domaines du gaz et de l’hydrogène. Elles sont également convenues de lancer un programme de recherche d’innovation technologique sur la récupération et le traitement du gaz de torchage », explique clairement à ce propos la Déclaration d’Alger pour un « Partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France » signé le 26 août dernier par le président français Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Il y a donc bel et bien un deal négocié actuellement entre l’Algérie et la France pour obtenir davantage de gaz algérien à destination du marché français.

 

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