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vendredi, mars 29, 2024

Le procès surréaliste du journaliste Rabah Karèche : la justice algérienne lui reproche d’avoir partagé… son article sur Facebook !

Surréaliste ! C’est le seul adjectif qualificatif qui convient pour décrire le déroulement ce lundi 4 octobre du procès en appel du journaliste algérien Rabah Karèche à la Cour de Justice de Tamanrasset. Et pour cause, lors des audiences de ce procès, le Président de la Cour a reproché ouvertement au journaliste algérien correspondant local du quotidien francophone Liberté d’avoir partagé sur sa page Facebook… son propre article publié dans les colonnes du journal pour lequel il travaille. 

Une situation totalement inédite sur le plan du droit car officiellement le journaliste Rabah Karèche n’est pas poursuivi pour délit de presse, mais plutôt pour avoir diffusé sur Facebook des publications visant à répondre un discours de haine dans la région de Tamanrasset ! L’incohérence de l’argumentaire de la justice algérienne est plus que jamais irrationnelle car les réseaux sociaux sont un outil de diffusion d’un article de presse écrit par un correspondant attiré d’un quotidien national basé à Alger et officiellement agréé par les autorités algériennes.

Mais l’absurdité du raisonnement judiciaire des magistrats algériens dans cette affaire a franchi toutes les limites du ridicule. Preuve en est, les magistrats de la Cour de Justice de Tamanrasset avouent publiquement que la Justice reproche à Rabah Karèche d’avoir partagé sur Facebook un simple article de presse. Le Procureur de la République près la Cour de Justice de Tamanrasset a même apostrophé le journaliste en lui faisant la morale sur la manière avec laquelle il est censé exercer son métier.

« En tant que correspondant, pourquoi avoir aussi publié les articles en question sur les réseaux sociaux ? L’article sur la version papier et sur le site web suffisent largement », a déclaré ainsi ce Procureur provoquant ainsi l’étonnement général de l’assistance qui est restée bouche bée face à la prise de position illogique de ce magistrat qui veut dicter au journaliste la conduite à laquelle il doit se conformer.

Abondant dans le même sens que le Procureur de la République, la conseillère du président de la Cour de Tamanrasset reproche également au journaliste Rabah Karèche d’avoir partagé le lien du journal Liberté sur Facebook ! « Vous auriez du laisser le public lire l’information sur le site de Liberté et ne pas le partager sur vos réseaux sociaux », argue ainsi cette conseillère.

Pendant les audiences, Rabah Karèche a été interrogé minutieusement à propos… des titres de ses articles. Les magistrats de la Cour de Tamanrasset ont disséqué plusieurs de ses articles et leurs contenus. Mais en même temps, ils refusent de reconnaître que le correspondant du quotidien Liberté a été incarcéré et poursuivi pour un « délit de presse ».

Les avocats du journaliste algérien ont tenté de démontrer le caractère dangereux de ce « délire » judiciaire. « Bouteflika avait mis un seul journaliste en prison, ces deux dernières années plus de 15 journalistes ont été emprisonnés. Si Rabah Kareche était dans un pays qui respecte les libertés et la loi, il ne serait jamais en prison », a déploré à ce propos Maître Abdelghani Badi, l’un des avocats algériens les plus engagés en faveur de la défense des libertés publiques et civiles en Algérie.

Dans sa plaidoirie, maître Mustapha Bouchachi s’est adressé directement, quant à lui, au président de la Cour de Tamanrasset  pour lui faire savoir que « quand vous venez le matin au tribunal pour faire triompher la justice, vous avez une lourde responsabilité ».

Les juges seront-ils sensibles à cet appel ? On saura la réponse le 11 octobre prochain, date à laquelle le verdict du procès en appel de Rabah Karèche sera rendu public.  Pour rappel, le 12 août 2021, le journaliste du quotidien Liberté Rabah Karèche a été condamné à un an de prison dont huit mois ferme et vingt mille dinars (126 €) d’amende, pour publication de fausses informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale et à la sécurité de l’État.

Les trois articles de Rabah Karèche publiés en avril 2021, relatent des manifestations dans la région touareg de l’Ahaggar, contre les décrets fixant les limites territoriales des wilayas (divisions administratives) nouvellement créées et dénonçant un processus d’expropriation des terres au profit des wilayas voisines de Djanet ou d’Illizi ainsi qu’une spoliation des richesses minières et gazières.

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3 تعليقات

  1. Y’a pas de doute, ça ? C’est encore la commission « Zéro » Kabyle qui frappe !
    Faut s’attendre aussi à ce que tous ceux qui font suivre des articles, soient poursuivis !
    Chez-nous, en pays khorotos, c’est la Radjla qui dit la justice depuis son téléphone.
    Chez-nous, Dieu merci, on n’a pas de droits de l’homme. Alors, pourquoi faire des
    avocats ?

  2. La prison en Algérie est utilisée pour faire taire les militants

    C est la nouvelle Algérie…(701 kgs de cocaine . libre et continue a faire des affaires)

    L’insécurité s’aggrave, la corruption tout autant, l’état de droit est bafoué, la pauvreté, les inégalités, la corruption et l’insécurité qui poussent les citoyens algériens a l exil.