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samedi, avril 20, 2024

Le « pompier » Attar attendu avec impatience à Sonatrach

D’énormes défis attendent le nouveau ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar. Dés le début de la semaine prochaine, le nouveau ministre devra prendre des décisions dans le dossier Sonatrach. La compagnie nationale des hydrocarbures connaît en ce moment l’une de ses pires crses existentielles. Sous la houlette de Toufik Hakkar, l’homme qui avait été désigné PDG de Sonatrach depuis février 2020, Sonatrach se vide de ses cadres les plus expérimentés et les plus intègres.

Les récents limogeages et remplacements auxquels a procédé Toufik Hakkar n’obéissent, malheureusement, à aucune logique de business et d’efficacité. L’actuel PDG de Sonatrach a écarté des cadres qui lui font peur et qui risquent de faire de l’ombre en raison de ses incapacités chroniques à superviser les dossiers les plus sensibles de la compagnie. Pour les remplacer, Hakkar a recouru à ses connaissances issues toutes de sa région natale, Banta et Khenchela. Des connaissances dont le parcours n’a strictement aucune relation avec le secteur des hydrocarbures. Preuve en est, Abdelkader Boussourdi, un ancien haut responsable de Sonelgaz, se retrouve à la tête d’un département important de Sonatrach alors qu’il n’a aucune notion du secteur du pétrole ou du gaz. Et juste après sa nomination, le monsieur, un ami à Toufik Hakkar, est autorisé à partir en congé pendant une période indéterminée. Nous apprenons, par ailleurs, que monsieur Boussourdi est très malade et son état de santé ne lui permet nullement d’accomplir une mission exigeant beaucoup d’abnégation à Sonatrach notamment en cette période de crise financière où l’avenir de la compagnie est en jeu.

Cette gestion clanique et clientéliste de Sonatrach par Toufik Hakkar a aggravé la déstabilisation du seul poumon économique du pays, à savoir la seule entreprise pourvoyeuse de 98 % des ressources en devises de l’Etat algérien. Les cadres dirigeants sont démotivés, les travailleurs au niveau des sites de production du sud du pays en colère et inquiets, sans oublier une production pétrolière en baisse continue à cause des dysfonctionnements répétitifs suscités par le mode de gouvernance irrationnel d’un PDG qui n’est guère à la haute de la mission qui a été confiée.

Pendant ce temps-là, la crise financière provoquée par la pandémie du COVID-19 est en train d’étouffer financièrement Sonatrach.

Les pertes se succèdent. Au moins 50 % des ses revenus vont baisser depuis le début de la pandémie du COVID-19. Rien que pendant le premier trimestre de l’année 2020, les exportations des hydrocarbures de Sonatrach ont diminué de plus de 25 %. Les bilans du deuxième et troisième trimestres de cette année en cours vont dévoiler un recul de plus de 50 % des exportations des hydrocarbures de Sonatrach, indiquent les prévisions de plusieurs experts qui se basent sur les évolutions actuelles du marché mondial à la lumière des blocages provoqués par la pandémie du COVID-19.

A cette situation financière catastrophique, il faut ajouter les conflits qui opposent Sonatrach à plusieurs clients  notamment Naturgy Energy Group, l’un de ses plus importants clients espagnols, un marché où l’Algérie a perdu d’incroyables parts de marchés déplorant depuis 2017 des chutes phénoménales des ses exportations gazières. Les parts de l’Algérie sont passés effectivement de 48,5 % en 2017-2018 jusqu’à 22,6 % en 2020 !

Une chute des recettes qui risque de s’accélérer avec le procès que doit gérer Sonatrach contre Naturgy Energy Group.  Dès l’apparition de la pandémie du Covid-
19 en Espagne et les mesures de confinement qui ont suivi, la compagnie espagnole a demandé une renégociation du prix auquel elle achète du gaz à Sonatrach menaçant cette dernière d’une procédure d’arbitrage en cas de désaccord. Naturgy  a invoqué la clause de « bouleversement des conditions économiques » (ou clause de « hards-hip ») prévue dans les contrats commerciaux de long terme. Elle doit être assaillie d’offres de GNL à très bas prix (de l’ordre de $2/MBtu, par- fois moins), alors que l’indexation sur le prix du pétrole prescrite dans les contrats de long terme et le décalage d’environ six mois entre les varia- tions du prix du pétrole et celles du gaz qui lui est lié, font que le prix du gaz de ces contrats dépasse actuellement le prix spot du GNL.

Toufik Hakkar a fait preuve d’une grande imprudence dans ce dossier contribuant ainsi au pourrissement du climat entre Sonatrach et ce partenaire espagnol stratégique. Il a prouvé une nouvelle qu’il n’est pas l’homme de la situation et le pays perd de l’argent à cause de ses mauvaises décisions.

En parfait connaisseur du secteur des hydrocarbures, Abdelmadjid Attar est conscient de cette réalité. Né en février 1946 à Bougaâ, M. Abdelmadjid Attar est licencié en sciences de la terre (géologie) et ingénieur en géologie pétrolière. Bilingue (français et anglais), M. Attar intègre Sonatrach en avril 1971. Il y sera successivement ingénieur géologue, directeur de l’exploration et enfin président-directeur général.Il dirigera ensuite le holding public chimie, pharmacie et services, de juin 2000 à septembre 2001.M. Attar, militant du FLN depuis 1978, a, à son actif, une vingtaine de publications scientifiques sur l’énergie. En tant qu’ancien cadre dirigeant de Sonatrach, Attar connaît parfaitement les dossiers les plus complexes de la compagnie. Son défi est de redresser rapidement cette situation qui ne cesse de se complexifier. Avec un Toufik Hakkar aveuglé par ses certitudes qui prétend être soutenu par la Présidence et le Premier-ministre, Abdelmadjid Attar peinera à réformer une compagnie plongée dans le désarroi et un secteur des hydrocarbures en proie à toutes les tensions. Avant d’entamer le moindre chantier comme l’urgence d’une nouvelle politique commerciale afin de limiter les dégâts financiers de la pandémie du COVID-19, Attar devra répondre à cette question qui taraude tous les observateurs : comment procédera-t-il pour éteindre l’incendie qui ravage de l’intérieur Sonatrach ?

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