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vendredi, avril 19, 2024

Le Plan d’Austérité d’Abdelmadjid Tebboune pour sauver l’Algérie est-il suffisant ?

L’Algérie a annoncé une série de mesures pour faire face aux difficultés financières qui frappent le pays et à la pression induite sur les dépenses et les investissements prévus pour cette année dans plusieurs secteurs, dont les hydrocarbures, d’où le renvoi de la présentation de la loi de finances complémentaire (LFC) par le gouvernement, pour une meilleure adaptation.

Alors qu’il avait été déclaré précédemment que les dépenses publiques de fonctionnement allaient être réduite de 30%, le 03 Mai 2020, le gouvernement algérien, a décidé de réduire le budget destiné à couvrir les dépenses de l’État et de ses institutions de 50%, en raison de l’aggravation de la crise financière que l’Algérie subit de plein fouet, provoquée par l’effondrement des prix du pétrole et par le ralentissement économique mondial suite à la pandémie du Covid-19.

Les recettes pétrolières atteindront cette années 20,6 milliards de dollars, contre 37,4 milliards de dollars anticipés, ce qui va considérablement creuser le déficit budgétaire et commercial du Pays.

C’est ce qui a poussé le 30 Avril 2020, le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, à insister auprès des membres de la coalition OPEP +, à respecter l’accord de réduction de la production de pétrole à partir du 1er Mai.

Optimiste, Arkab prévoit une hausse des prix du pétrole à 40 dollars le baril au second semestre de cette année, due selon lui à l’effet attendu de l’accord de réduction de la production et de la levée progressive des procédures de quarantaine dans plusieurs pays.

Pour rappel la coalition OPEP + a déjà commencé à réduire sa production de 9,7 millions de barils par jour pendant deux mois, qui sera suivi d’abord d’un autre accord pour réduire à nouveau la production à 8 millions de barils par jour, jusqu’à la fin de 2020, puis enfin une dernière baisse de 6 millions de barils par jour, qui entrera en vigueur du début de 2021 jusqu’en avril 2022, soit encore 2 millions de barils de moins que l’accord précédent…

La baisse des revenus pétroliers impactera les réserves de change de l’Algérie, qui s’élevaient à 62 milliards de dollars fin 2019 alors qu’elles atteignaient 72,6 milliards de dollars en avril de l’année dernière.

Avec cette crise mondiale sans précédent, l’Algérie s’attend à ce que ses réserves de change chutent à 44,2 milliards de dollars d’ici la fin de 2020, en deçà des prévisions précédentes de 51,6 milliards de dollars… Soit de quoi payer à peine 14 mois d’importations, estimées chaque année à 45 milliards de dollars !

Avec une dette extérieure faible équivalant à 2 % du PIB et à une dette intérieure estimée à 45% du PIB, l’Algérie est un des rares pays africain à ne pas vouloir signer les propositions de Crédit du FMI et à souscrire aux largesses tarifées de la Banque Mondiale.

Le 1er Mai 2020, le Président algérien déclarait préférer à recourir aux emprunts intérieurs plutôt qu’au FMI, car « l’accumulation de dette nuit à la souveraineté nationale » lorsqu’elle est due à des institutions étrangères.

Dans ce sens, le Président Abdelmadjid Tebboune, a ordonné la création «immédiate» d’un bureau national de l’agriculture saharienne dans le but de développer des millions d’hectares de terres désertiques et a également été décidé d’augmenter le revenu minimum garanti et de supprimer les impôts sur les revenus mensuels à compter de juin 2020.

Le salaire minimum de 18 000 dinars par mois sera porté à 20 000 dinars, soit une augmentation de plus de 11%, tandis que l’impôt sur le revenu aboli pour les salariés qui gagnent 30 000 dinars ou moins.

Pas sûr que ces mesures permettent à l’Algérie d’éviter une ne récession estimée à -5,2 % en 2020 et un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région, alors qu’on se dirige vers encore plus d’austérité et de rigidité de la part des autorités algériennes.

D’ailleurs de nombreux commerces, rouverts la semaine dernière, ont dû fermer à nouveau ce week-end à Alger et dans plusieurs autres régions d’Algérie, en raison du non-respect des règles d’hygiène et de distanciation sociale, portant les chiffres arrêtés au 03 Mai 2020 à 4474 cas confirmés contaminés au coronavirus et à 463 décès.

Fabienne Outar

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