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jeudi, avril 25, 2024

Le lobbying américain, un tournant majeur pour le lancement de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie

L’Algérie n’a jamais été aussi proche de l’officialisation du lancement de l’exploitation du gaz de schiste. A la suite de la visite du Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, hier mercredi 30 mars à Alger, le dossier du gaz de schiste risque de connaître prochainement des rebondissements majeurs en sa faveur. Comme il a été révélé dans une précédente publication d’Algérie Part, les Etats-Unis s’adonnent à un important lobbying pour persuader les autorités algériennes de donner officiellement le coup d’envoi au lancement de l’exploitation du gaz de schiste. 

Ce lobbying américain s’est accéléré depuis le début de la crise ukrainienne et ce bras-de-fer opposant l’Occident à la Russie de Poutine. Un conflit dans lequel le gaz naturel joue un rôle majeur. Les occidentaux très dépendants du gaz russe ont besoin d’une rapide alternative. Avec le GNL provenant du Qatar, le gaz de schiste algérien et ses immenses réserves incarnent bel et bien un espoir inouï pour l’émancipation de l’Europe occidentale de la dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Mais pour qu’un tel scénario inédit puisse se concrétiser, l’Algérie devra prendre des décisions lourdes de conséquences. D’abord, prendre des distances avec le grand allié traditionnel russe et ensuite, se conformer aux exigences des investisseurs américains qui devront injecter des dizaines de milliards de dollars USD pour rentabiliser les réserves nationales de gaz de schiste.

Il faut savoir que ce dossier engage des intérêts majeurs pour l’Algérie. Le 27 décembre 2014, la Sonatrach avait mis en service le premier puits-pilote algérien d’exploration de gaz de schiste dans le bassin d’Ahnet, dans la région d’In Salah. Il s’agissait effectivement du premier forage pilote qui « confirme l’existence de réserves importantes de gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnet ».  Cette première expérience devait marquer l’entrée du pays dans l’ère de l’exploitation de ces ressources gazières non conventionnelles.

2014 fut une année décisive pour le gaz de schiste en Algérie. Avec le choc pétrolier qui produit un énorme préjudice pour l’économie nationale, rappelons qu’entre juillet 2014 et février 2016 le cours du pétrole brut a baissé de plus de 65 % passant de 110 à 35 dollars par baril, les autorités algériennes avaient décidé de miser grandement sur ses réserves immenses de gaz de schiste.

Au cours du deuxième semestre 2014, les travaux d’exploration du premier site de gaz de schiste  avaient été lancés par Sonatrach en association avec le pétrolier français Total. Les estimations réalisées par les ingénieurs annonçaient à l’époque 200.000 milliards de m³ de réserves de gaz dont 10% seraient récupérables, soit 20.000 milliards de m3. Une phase de développement de trois ans était prévue avant l’entrée en production du site d’In Salah. L’Algérie avait ainsi entamé officiellement les études pour confirmer la rentabilité de ce gaz de schiste.

Cependant, le mouvement de la contestations de la population locale à In Salah mais aussi dans plusieurs villes de la région (Tamanrasset, Ghar, Tit et El Mena), a fini par provoquer le gel de ces projets d’exploration dans un contexte sécuritaire très dangereux avec une expansion de la menace terroriste dans le Sahel. L’Algérie craignait une extension de cette menace au sud du pays en profitant de la colère populaire contre le gaz de schiste.

La chute des prix du pétrole brut avait entrainé ensuite la baisse des cours du gaz naturel sur les marchés mondiaux et les autorités algériennes s’étaient résignées à suspendre et geler à partir de janvier 2016 les projets d’exploration alors que le pays voulait se préparer de passer à l’exploitation commerciale du gaz de schiste d’ici 2025.  Aujourd’hui, après les dégâts économiques et financiers provoqués par la crise politique de 2019, la pandémie de la COVID-19 en 2020 et 2021, et les horizons assombris par les tensions géopolitiques internationales, l’Algérie risque de ne plus pouvoir se permettre le luxe de négliger ses immenses réserves de gaz de schiste étant donné que sa survie économique est proprement compromise dans les années à venir.

 

 

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