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jeudi, avril 18, 2024

Le dangereux double-discours du pouvoir algérien à l’égard du Hirak : hypocrisie, mensonge et provocation

De la pure hypocrisie. Officiellement, le pouvoir algérien et ses représentants adoptent un « discours mielleux », élogieux et flatteur à l’égard du Hirak, le mouvement populaire algérien. Mais dans les faits, c’est toujours la politique du bâton, de la répression et des brutalités policières qui est toujours mise en oeuvre pour étouffer le Hirak. Un double-discours dangereux qui ne va pas favoriser le retour du calme et à l’ordre alors que l’Algérie fait face aux premiers dégâts d’une pandémie planétaire inédite et effrayante. 

Ce dimanche, le premier–ministre, Abdelaziz Djerad, n’a pas manqué de qualifier les manifestants du Hirak de « frères et soeurs » lors de son intervention matinale sur les ondes de la radio Chaîne III. Mais en même temps, le même haut responsable du pays diabolise le Hirak d’aujourd’hui et affirme que  « le Hirak du 22 février n’est plus le Hirak d’aujourd’hui », expliquant qu’ »il y a une évolution et c’est à eux d’apprécier, individuellement et collectivement. « La responsabilité est individuelle et collective, nos jeunes souhaitent, par leur fougue aller vers des ruptures, mais il faut y aller de manière sereine et intelligente », a fait savoir Abdelaziz Djerad qu’il faut faire très attention aux manipulations et aux voix qui souhaitent amener le pays vers le chaos ».

Abdelaziz Djerad a certainement le droit d’exprimer son point de vue sur le « Hirak d’aujourd’hui ». Mais n’a-t-il pas le devoir de garantir à ses « frères et soeurs » du Hirak le droit d’exprimer, eux-aussi, leur point de vue et leurs divergences en toute sécurité sans qu’ils soient bastonnés, tabassés par les services de sécurité ou incarcérés par les tribunaux.

Rien qu’en cette journée de dimanche, 27 personnes interpellées lors des marches du vendredi et samedi ont été présentées devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), Onze d’entre elles ont été interpellées lors de la marche du 56 vendredi à Alger, les autres ont été arrêtés samedi, dont 4 femmes. Parmi ces femmes, nous retrouvons deux journalistes qui étaient en train d’exercer leur métier à l’image de Samira Mouaki, reporter à Echourouk TV.

Ces journalistes et les autres compatriotes risquent d’être placés sous mandat de dépôt par le Procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed. Une répression inconsciente et irresponsable qui contribue à aggraver les tensions politiques dans notre pays incitant ainsi la population à investir les rues pour organiser des manifestations populaires pour exprimer sa colère. Des provocations irrationnelles où l’Algérie a besoin de se réconcilier avec elle-même en guise d’union contre la pandémie du coronavirus qui se développe petit  à petit en Algérie.

La répression et les arrestations à Alger, emprisonnement et incarcération dans les autres régions du pays comme à Médéa où le jeune activiste Rafik Diaf a été placé en détention provisoire à cause de ses publications sur Facebook ! Le journaliste Sofiane Merakchi croupit toujours en prison pour avoir diffusé des images du Hirak auprès de certaines chaînes de télévision satellitaires. Ce dimanche, le tribunal de Bir Mourad Rais a refusé de le juger et a décidé de le maintenir en détention jusqu’au 29 mars.

D’autres citoyens ont été tout bonnement kidnappés et enlevés au niveau de leur domicile à l’image de Zahir Keddam placé en garde-à-vue depuis vendredi soir à la brigade de gendarmerie d’Ain Allah à Alger. Il ne sera présenté à la justice que demain lundi au niveau du tribunal de Bir Mourad Rais. Quel est le tort de ce citoyen pour subir un tel traitement sécuritaire ? Participer activement au « Hirak d’aujourd’hui » !

Ces réalités amères de la situation de notre pays, Abdelaziz Djerad ne les aborde pas. Pis encore, il les occulte et fait semblant de faire aux Algériens qu’elle est sur la voie de se démocratiser grâce aux projets prometteurs du Président Tebboune. Mais dans la réalité, ce discours est un pur mensonge car la dictature n’a jamais été aussi forte et déterminée en Algérie. Face aux catastrophes qui menacent l’avenir du pays, cette politique arbitraire est digne d’un suicide collectif.

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