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vendredi, mars 29, 2024

Le confinement ciblé, le dépistage et le port du masque : ce que l’Algérie doit appliquer en urgence pour stopper la pandémie du COVID-19

298 nouveaux cas confirmés de Coronavirus (Covid-19) et 8 décès ont été enregistrés ces dernières 24 heures en Algérie, a indiqué lundi à Alger, le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus, Dr Djamel Fourar. Le total des cas confirmés s’élève ainsi à 13571, soit 31 cas pour 100.000 habitants, celui des décès à 905 alors que le nombre des patients guéris est passé à 9674, a précisé Dr Fourar, lors du point de presse quotidien consacré à l’évolution de la pandémie de la Covid-19.

Ces chiffres « officiels » démontrent une nouvelle fois que la pandémie du COVID-19 ne recule pas en Algérie. Et malgré une légère baisse par rapport à la journée d’hier dimanche où plus de 300 contaminations ont été déplorées, la moyenne des contaminations dépasse toujours celle qui était observée en Algérie au cours du mois de mai et d’avril derniers. L’épidémie du COVID-19 est donc en développement permanent sur l’ensemble du territoire national. Il y a, urgence, d’agir et les jours à venir risquent de réserver à l’Algérie un triste sort. Le professeur Nibouche, chef du service cardiologie au CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) a confirmé de son côté que l’expansion du Covid-19 en Algérie est « exponentielle » et que « la situation risque d’exploser et de devenir peut-être incontrôlable ».

Quelle est donc la solution ? Au lieu de regarder éternellement vers le nord, l’Algérie doit méditer l’exemple des pays africains du sud qui ont réussi à endiguer la pandémie en limitant sa propagation sur leurs territoires. Le cabinet de conseils FINACTU, l’un des cabinets les plus connaisseurs du continent africain en matière de stratégie pour l’accompagnement des entreprises dans la réalisation de leurs projets, il s’agit d’un cabinet international basé à Genève, Paris, Dubai et Casablanca, qui a réalisé récemment une brillante étude qui résume les mesures pragmatiques et intéressantes appliquées en Afrique contre le COVID-19.

L’étude de ce cabinet international est parti d’un constat simple : il est impossible de dupliquer la stratégie des pays développés sur le continent africain. La stratégie des pays développés face à la pandémie repose sur l’idée que 20% environ des malades auront besoin d’une hospitalisation pour survivre à la maladie : si l’hospitalisation n’est pas possible (que ce soit parce que le pays n’a pas de lits de réanimation ou parce qu’ils sont saturés par les premiers malades), ces 20% concernés par la forme grave de la maladie mourront.

Ce chiffre de 20% n’est pas transposable à l’Afrique, a noté l’étude réalisée par FINACTU. Car il dépend intimement de la répartition par âge de la population, et les données scientifiques ont démontré bien que le Covid-19 est extrêmement inégalitaire par âge : il tue beaucoup plus les personnes âgées que les plus jeunes. En France, l’âge moyen des patients admis en réanimation est de 64 ans. Des études réalisées en Chine ont montré que plus de 80% des personnes décédées avaient plus de 60 ans. En Algérie, les personnes âgées de 60 ans et plus représentent 75% du total des décès.

Au regard de la composition démographique de l’Algérie et la jeunesse de sa population, l’Algérie doit adapter la stratégie des pays développés à ses propres réalités. Mais comment ? La solution s’appelle le confinement ciblé et la limitation des mouvements. S’il est particulièrement difficile de mettre en place un confinement total et généralisé sur toute une population, il est possible de confiner localement selon des modalités diverses permettant de freiner, au moins modérément, la progression de la contagion.

Beaucoup de pays africains ont recouru à cette possibilité, selon leurs spécificités sociétales propres, tout en considérant celle de limiter drastiquement les mouvements entre les régions, les villes, voire les villages. Cette deuxième option aurait au moins deux avantages : elle permettrait, dans un premier temps, de ralentir la propagation de la contagion vers la périphérie puis, dans un second, des nouveaux foyers en périphérie vers des lieux encore épargnés. A titre d’exemple, au Bénin a isolé 12 villes du reste du pays. Au Burkina Faso, 11 villes ont été placées en quarantaine. En Côte d’Ivoire, les déplacements du Grand Abidjan vers le reste du pays ont été interdits. Au Togo, ce sont 4 villes qui ont été isolées. Cette mesure tient parfaitement compte d’une caractéristique africaine qui veut que les retraités retournent le plus souvent « au village », c’est-à-dire en province, pour y vivre une retraite paisible, laissant dans les grandes villes les populations plus jeunes et laborieuses.

L’Algérie doit ainsi réexaminer sa sociologie et baser son confinement ciblé sur la répartition des populations à risque ou les plus fragiles face au COVID-19. Concrètement, les régions abritant un taux élevé de personnes âgés, il faut les confiner rapidement et totalement. Les régions peuplées par une population plus jeune ne devront pas être liées à des régions peuplées par des populations beaucoup plus âgées. L’accès aux données sociologiques fiables est déterminant pour la réussite de cette stratégie.

La deuxième étape est le dépistage. La généralisation du dépistage est un élément clé de la stratégie de succès. L’Algérie, comme tous les autres pays africains, ne dispose pas, à ce jour, des capacités suffisantes pour tester sa population. Ceci dit, elle dispose des moyens financiers nécessaires à l’amélioration de ces capacités de dépistage en les augmentant constamment. La « solution sud-coréenne », à savoir dépister massivement chaque jour des personnes et des habitants pour détecter les cas contaminés, est la seule qui a prouvé son efficacité face à la pandémie du COVID-19. Il faut rappeler que le test PCR (Polymerase Chain Reaction), massivement utilisé en Corée du Sud et en Allemagne, repose sur l’analyse génétique et permet un résultat en quelques heures. Il s’agit de prélever à l’aide d’un écouvillon (grand coton-tige) l’ADN du patient. L’écouvillon est ensuite plongé dans un principe « réactif », qui réagit à la présence du virus. Les tests PCR ne réagissent à la présence du virus que si le patient est malade à l’instant T. Mais ils n’en demeurent pas moins indispensables au début de l’épidémie et jusqu’à son pic en ce qu’ils permettent de détecter les patients infectés au moment du test et de s’assurer qu’ils ne contaminent pas d’autres personnes en les plaçant en quarantaine.

Si les tests de dépistage manquaient cruellement au mois de mars et avril derniers, l’industrialisation des tests dans les pays du Nord a permis depuis la fin du mois de mai une exportation d’une partie des stocks vers le continent. L’Algérie doit prendre dès à présent les mesures financières qui permettront un acheminement massif de tests lorsque celui-ci sera rendu possible.

Lors du dernier Conseil des ministres, le gouvernement algérien s’est enfin réveillé de sa torpeur en faisant savoir qu’il va importer dans les plus brefs délais 252.000 tests PCR et deux (2) appareils de dépistage par PCR d’une capacité de 2.000 tests par jour chacun. C’est encore, mais ça reste un geste salutaire. Nous y reviendrons.

Enfin, l’Algérie doit se montrer très ferme avec la généralisation du port du masque et des gestes barrières. Ces mesures ne nécessitent pas de moyens inaccessibles, et l’on sait que le masque, par exemple, peut être fabriqué de façon relativement simple et artisanale.

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