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vendredi, mars 29, 2024

L’Algérie va-t-elle commémorer le 60e anniversaire de l’indépendance avec 303 détenus politiques en prison ?

L’Algérie s’apprête à célébrer le 5 juillet prochain le 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Cette date fortement symbolique devra être fortement exploitée par le régime algérien notamment le Président Abdelmadjid Tebboune dont l’entourage a promis de nombreux gestes d’apaisement à l’égard de l’opposition afin de « renforcer l’unité nationale » et de rassembler tous les Algériens autour du sacro-saint principe de « la stabilité de l’Algérie, au-dessus de toute considération ». Mais « les jours passent et ils emportent avec eux, les espérances trompées » comme disait le théologien, écrivain, philosophe et homme politique français, Félicité Robert de Lamennais.

Et pour cause, jusqu’à ce lundi 13 juin 2022, au moins 303 détenus politiques croupissent dans les prisons algériennes. Parmi ces prisonniers politiques, nous déplorons la présence de 5 femmes et d’au moins 3 avocats, des artistes, journalistes, étudiants, universitaires et des algériens issus de tous les horizons. Le seul crime de ces détenus est d’avoir exprimé avec conviction une opinion politique dans le cadre d’un engagement civique en faveur d’une vision portant sur la démocratisation nécessaire du pays ou un changement politique jugé indispensable au plus haut sommet du pouvoir algérien.

Cette opinion a été criminalisée, pénalisée et a valu à ses auteurs un séjour en prison pour une durée indéterminée. Certains détenus politique sont emprisonnés depuis plus de deux ans comme le général Ali Ghediri, ex-candidat aux élections présidentielles d’avril 2019, qui est en détention provisoire à la prison d’El Harrach depuis le 13 juin 2019, d’autres ont été placés à plusieurs reprises en détention comme l’opposant Rachid Nekkaz lequel est revenu une nouvelle fois en prison depuis le 14 mai dernier.

Ces détenus politiques risquent de célébrer le 60e anniversaire de l’indépendance depuis leur cellule de prison. Est-ce digne d’un pays qui a consenti à tous les sacrifices pour goûter à la liberté à la suite d’un long et terrifiant combat contre le colonialisme français ? Evidemment non ! Les familles de ces détenus politiques vont assister aux festivités de commémoration du 60e anniversaire de l’indépendance en subissant le chagrin que leur procure cette cruelle Injustice infligée à leurs proches emprisonnés. Ce malheur n’est pas digne d’un pays qui a érigé les valeurs révolutionnaires de l’émancipation vis-à-vis du joug colonial au rang de principe fondateur de la Nation.

Officiellement, le régime algérien a promis de faire du 60e anniversaire de l’indépendance  une »grande occasion » qui sera « à la hauteur de l’histoire de notre vaillant peuple et ses épopées durant la résistance populaire, du mouvement national et de la Glorieuse Révolution du 1er novembre 1954 ». Le Président Tebboune devra adopter une grâce présidentielle pour libérer de nombreux détenus et plusieurs de ses conseillers travaillent sur un projet de « réconciliation nationale » pour déverrouiller les espaces de libertés publiques après plus 3 ans de dure répression politique menée dans le seul but d’étouffer le Hirak, ce mouvement de contestation populaire né le 22 février 2019. Pour l’heure, ce projet demeure un voeu pieux et dans les prisons algériennes, il incarne l’espoir d’une liberté qui demeure « hypothétique » et toujours « incertaine ».

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