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vendredi, avril 19, 2024

L’Algérie ignore les sanctions occidentales et importe massivement du charbon russe

L’Algérie renforce encore davantage son rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine en ignorant ouvertement les sanctions économiques occidentales qui pèsent à l’encontre de plusieurs produits stratégiques commercialisés par des entreprises russes. Preuve en est, l’Algérie vient d’importer massivement du charbon russe alors que ce dernier fait l’objet de sévères sanctions occidentales notamment au niveau de l’Union Européenne. 

Le dimanche 25 septembre dernier, l’Algérie a importé 34.000 tonnes de coke (résidu de charbon) depuis la Russie pour approvisionner le complexe sidérurgique Sider El Hadjar à Annaba. Un navire transportant ce combustible utilisé dans les Hauts-Fourneaux de l’usine sidérurgique avait accosté au port d’Annaba. Cette opération a été inscrite dans le cadre d’un accord d’approvisionnement conclu entre le complexe Sider El Hadjar d’Annaba et le Fournisseur russe Black Rabbit BMCC sous l’égide du groupe étatique algérien Imital.

L’objectif des autorités algériennes est de fournir cette matière première nécessaire au fonctionnement du Haut-Fourneau qui représente le nerf du cycle productif de l’usine d’El Hadjar. En cas d’arrêt de cet équipement en raison d’un manque d’approvisionnement de coke (résidu de charbon), c’est tout le complexe qui se retrouve en stand-by.

L’arrivée de cette cargaison de coke russe devrait permet à l’usine sidérurgique de surmonter les difficultés d’approvisionnement en la matière enregistrées sur le marché mondial. Il faut savoir que le coke, un combustible obtenu par thermolyse de la houille, est principalement utilisé en sidérurgie pour réduire le minerai de fer dans le Haut-Fourneau afin d’obtenir la fonte, qui est ensuite transformée en acier.

Selon diverses sources concordantes, la cargaison de coke a été acquise au prix compétitif de 600 dollars la tonne dont le prix a atteint sur le marché mondial 800 dollars. Ces rabais ont été obtenus par l’Algérie auprès de la Russie en raison du poids des sanctions économiques occidentales qui bloquent la commercialisation du charbon sur les marchés internationaux.

En effet, l’opérateur Black Rabbit BMCC est l’une des nombreuses entreprises russes frappées de plein fouet par les sanctions occidentales interdisant et limitant les flux économiques ainsi que financiers avec la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, on ignore encore comment l’Algérie a pu négocier correctement ces transactions économiques avec des opérateurs russes alors que les banques russes sont empêchées  d’effectuer ou de recevoir des paiements internationaux en utilisant le système SWIFT.

Il est interdit effectivement aux plus importantes banques russes d’utiliser le système SWIFT. SWIFT est un service de messagerie qui facilite considérablement l’échange d’informations entre les banques et autres établissements financiers. SWIFT relie plus de 11 000 entités dans le monde. En conséquence, ces banques ne peuvent ni obtenir des devises étrangères (étant donné qu’un transfert de devises entre deux banques est généralement traité comme un transfert à l’étranger impliquant une banque étrangère intermédiaire) ni transférer des avoirs à l’étranger. Cela complique énormément les transactions économiques et financières entre l’Algérie et la Russie.

Techniquement, les banques pourraient effectuer des transactions sans passer par le système SWIFT, mais c’est une opération coûteuse et complexe qui nécessite une confiance mutuelle entre les établissements financiers. Cela ramène les paiements à l’époque où le téléphone et le télécopieur étaient utilisés pour confirmer chaque transaction. L’Algérie a-t-elle privilégié ces méthodes artisanales pour acquérir ce charbon russe ? Pour l’heure, aucune explication n’a été fournie par les autorités algériennes concernant les circonstances de négociation de ce deal.

Les responsables du groupe étatique IMETAL se contentent, pour le moment, de se réjouir du bénéfice obtenu grâce à cette transaction conclue avec la Russie où l’Algérie aurait économisé, selon les dires de ces interlocuteurs, plus de 385 mille dollars USD pour chaque cargaison importée depuis la Russie. L’Algérie aurait négocié ainsi l’acquisition d’une  quantité totale de 60 mille tonnes de charbon russe au profit du complexe Sider El Hadjar.

L’Union européenne avait adopté sa cinquième série de sanctions au mois d’avril dernier, stipulant l’interdiction d’achat, d’importation ou de livraison de charbon en provenance de Russie. Ces sanctions sont entrées en vigueur en août, au terme de la période de transition.

Le 21 septembre dernier, la Commission européenne avait revu sa directive  stipulant l’imposition de sanctions économiques contre la Russie. L’Union européenne (UE) a déclaré que les sanctions contre le charbon russe n’empêcheraient pas les expéditions de charbon depuis la Russie vers des pays tiers alors que la précédente directive CE n’autorisait pas les entreprises européennes à participer au transport de produits, tels que le charbon russe, vers des pays extérieurs à l’UE.

 

 

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