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vendredi, mars 29, 2024

L’Algérie cherche désespérément du « cash » et l’ONU plaide en faveur de la finance numérique

Encore un mensonge qui a été dévoilé par l’amère réalité quotidienne que subissent les Algériens. La crise des liquidités n’est pas du tout « conjoncturelle » comme elle voulait le faire croire Algérie Poste le 23 juillet dernier. Depuis le début de cette semaine, les bousculades et les immenses files indiennes devant les portes des bureaux de poste font leur retour en force. A Oran, Tlemcen, Ain Oussara et dans de nombreuses autres localités à travers le pays, les Algériens et Algériennes recherchent désespérément du cash en faisant le tour de plusieurs bureaux de poste allant jusqu’à faire la queue pendant au moins de 3 heures ! 

C’est une véritable situation totalement rocambolesque. Les régions les plus touchées sont celles qui abritent des bureaux de poste de petite taille gérés par à peine 10, voire 15 agents d’Algérie Poste. Ces bureaux sont encore plus faiblement alimentés en liquidités et la pénurie du cash est encore plus grave et alarmante en raison de leur isolement ou éloignement par rapport aux recettes centrales de leurs wilayas respectives. Ces bureaux de Poste sont les véritables points noirs d’Algérie Poste et ils se trouvent majoritairement dans les wilayas de Biskra, Batna, M’sila, Tiaret, Mascara ou Naama.

Au moment où l’Algérie patine dans sa crise de liquidités, ailleurs dans le monde, la crise sociale et économique sans précédent provoquée par la pandémie de COVID-19 a mis en exergue le rôle de la finance numérique dans l’aide apportée à des millions de personnes à travers la planète, dans le soutien aux entreprises et dans la protection des emplois et des moyens de subsistance.

Si la pandémie laisse voir les avantages immédiats de la finance numérique, le potentiel d’innovation de la numérisation dans la transformation de la finance quant à lui est immense. Les technologies de paiement mobile ont transformé les téléphones mobiles en outils financiers pour plus d’un milliard de personnes. Le numérique aide le big data et l’intelligence artificielle à faire avancer les cryptomonnaies et les cryptoactifs, les prêts entre pairs, les plateformes de financement participatif et les marchés en ligne. Les banques ont investi plus de 1 000 millions de dollars dans le développement, l’intégration et l’acquisition de technologies émergentes. En 2018, les investissements dans la « fintech » ont atteint 120 milliards de dollars, soit un tiers du financement mondial en capital-risque.

Aujourd’hui, un nouveau rapport intitulé L’argent des citoyens : Exploiter la numérisation pour financer un avenir durable, établi par l’Équipe spéciale chargée de la question du financement numérique mise sur pied par le Secrétaire général des Nations Unies, expose un programme d’action pragmatique et ambitieux. Sur le fond, ce rapport explique comment la finance numérique peut être mise à contribution de manière à permettre aux citoyens, en leur qualité de contribuables et d’investisseurs, d’envisager une transformation numérique à grande échelle qui assure une meilleure mise en phase de l’argent des citoyens et de leurs besoins, exprimés collectivement à travers les objectifs de développement durable (ODD).

Le rapport souligne comment des milliards de personnes dans le monde font face à la pandémie de COVID-19 en ayant recours à des outils numériques pour travailler, dépenser et socialiser. Il fait valoir qu’il existe une opportunité historique d’exploiter la numérisation en mettant les citoyens, ultimes propriétaires des ressources financières mondiales, aux commandes de la finance pour s’assurer que celui-ci répond à leurs besoins, aujourd’hui et demain.

L’Équipe spéciale a recensé cinq mesures catalytiques possibles pour exploiter la numérisation dans le cadre de la mise en correspondance des financements avec les ODD. Ensemble, elles couvrent une grande partie de la finance mondiale. Il s’agit des mesures suivantes :

Mettre à contribution les importantes réserves de ressources qui circulent sur les marchés financiers mondiaux pour les ODD. Accroître l’efficacité des finances publiques, qui constituent une part importante de l’économie mondiale, et renforcer la responsabilité en la matière. Orienter l’épargne intérieure accumulée numériquement vers le financement du développement à long terme.

Informer les citoyens sur comment lier leurs dépenses de consommation aux ODD.
Accélérer les financements vitaux pour l’emploi et les activités génératrices de revenus des petites et moyennes entreprises.

Le programme d’action élaboré par l’Équipe spéciale est un appel à l’action lancé aux entreprises, aux décideurs et aux responsables de la finance à faire le nécessaire pour mettre en œuvre ces mesures. Il décrit non seulement ce qu’il faut faire, mais aussi comment procéder : les investissements, les nouvelles capabilités et les innovations dans le domaine de la gouvernance peuvent s’avérer efficaces.

L’Équipe spéciale conclut que mettre la numérisation au service du bien est un choix délibéré et non une issue inéluctable imposée par la technologie. Le programme d’action qu’elle a établi indique les actions à mener pour surmonter les risques numériques qui, s’ils ne sont pas atténués, pourraient aggraver l’exclusion, la discrimination et les inégalités, et creuser davantage le fossé entre la finance et les besoins associés à un développement inclusif et durable.

 

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré : « Les technologies numériques, qui transforment les marchés des capitaux de façon révolutionnaire, peuvent changer la donne dans la poursuite de nos objectifs communs. L’Équipe spéciale chargée de la question du financement numérique des objectifs de développement durable montre la voie pour tirer parti de la révolution numérique. »

Maria Ramos, coprésidente de l’Équipe spéciale chargée de la question du financement numérique mise sur pied par le Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré : « Nous avons là une occasion historique d’accélérer et d’accroître l’impact transformateur de la numérisation. Plus particulièrement, la finance numérique, qui dans cette crise est devenue la bouée de sauvetage pour de millions de personnes à travers le monde, repousse les limites de l’inclusion financière en donnant aux citoyens des moyens d’action en tant qu’épargnants, investisseurs, emprunteurs, prêteurs et contribuables d’une manière qui leur donne le choix et le pouvoir concernant leur argent. »

Achim Steiner, Administrateur du PNUD et coprésident de l’Équipe spéciale chargée de la question du financement numérique mise sur pied par le Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré : « La pandémie de COVID-19 révèle l’immense potentiel que recèle la finance numérique d’avoir un impact transformateur. Les transferts numériques permettent aux pouvoirs publics d’apporter une aide aux personnes dans le besoin, les plateformes de financement participatif mobilisent des fonds pour des fournitures médicales et des secours d’urgence, et les prêts algorithmiques permettent aux petites entreprises d’accéder plus rapidement aux fonds. La rapidité de la diffusion récente de ces technologies est certes impressionnante, mais les progrès ne sont pas automatiques. Pour que la numérisation soit une véritable force permettant d’atteindre les objectifs de développement durable, les progrès technologiques doivent s’accompagner de mesures publiques qui responsabilisent les citoyens et permettent à notre système financier de relever les défis d’investissement urgents qui doivent être surmontés pour mieux avancer. »

 

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